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Chine: le coronavirus a tué plus que le Sras, Pékin a besoin de masques

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Chine: le coronavirus a tué plus que le Sras, Pékin a besoin de masques

Avec 361 morts, le bilan du nouveau coronavirus dépasse désormais celui du Sras en Chine continentale où le gouvernement a reconnu lundi avoir besoin d’urgence de masques de protection pour faire face à l’épidémie.

Dix jours après le début de la crise, marqué par le confinement de la métropole de Wuhan (centre) et sa province, le Hubei, les places boursières chinoises ont rouvert leurs portes lundi, prenant de plein fouet l’impact de l’épidémie. Shanghai comme Shenzhen ont plongé d’environ 8%.

Alors que le pays est paralysé par la peur du virus, qui a contaminé plus de 17.000 personnes dont plus de 360 mortellement, Pékin a, contrairement à son habitude, reconnu compter sur le reste du monde pour répondre à la crise.

“Ce dont la Chine a besoin d’urgence, ce sont des masques, des combinaisons et des lunettes de protection”, a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hua Chunying.

Elle a précisé que plusieurs pays, dont la France, le Royaume-Uni, le Japon et la Corée du Sud, avaient déjà envoyé des fournitures médicales.

Les usines du pays fonctionnent au ralenti, l’épidémie étant venue se superposer aux très long congés du Nouvel an chinois, achevés officiellement dimanche mais prolongés par beaucoup d’entreprises afin de limiter les risques de contagion.

Le ministère de l’Industrie a ainsi reconnu lundi que les usines de production de masques, dont le port s’est imposé partout, ne fonctionnaient qu’à 70% de leur capacité. Le pays s’efforce d’en importer d’Europe, du Japon et des Etats-Unis, selon la même source.

– Record quotidien –

Alors que le virus s’est diffusé dans 24 autres pays, la Commission nationale de la santé a fait état pour la Chine d’un bilan de 361 morts, dont 57 décès supplémentaires lors de la seule journée de dimanche — un record quotidien.

Il y a désormais en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao) plus de morts dus à ce coronavirus qu’à l’épidémie de Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) qui y avait fait 349 victimes en 2002-2003.

Et le virus a fait un mort pour la première fois en dehors de Chine, un Chinois de 44 ans originaire de Wuhan qui a succombé aux Philippines, avait annoncé dimanche l’OMS.

Le nombre d’infections a grimpé à plus de 17.200, dépassant largement celui du Sras qui avait tué au total 774 personnes, majoritairement en Chine continentale et à Hong Kong.

La très grande majorité des décès et des cas de contamination par le nouveau coronavirus sont à déplorer à Wuhan et sa province où quelque 56 millions d’habitants sont coupés du monde depuis le 23 janvier.

Face à un système hospitalier débordé, Wuhan devait accueillir lundi de premiers malades dans un hôpital construit en 10 jours –un record.

Un autre hôpital encore plus grand (1.600 lits) est en construction dans la ville et doit ouvrir ses portes dans quelques jours.

– Soutien à l’économie –

Le gouvernement a octroyé trois jours de congés supplémentaires dans l’espoir de retarder le retour vers les villes des centaines de millions de travailleurs migrants rentrés dans leur province pendant le Nouvel An lunaire.

Ces derniers ont cependant commencé à regagner les grandes métropoles. Mais les personnes originaires du Hubei sont parfois en butte à l’ostracisme et à la suspicion.

Lucy Huang, une réalisatrice de documentaires vivant à Pékin mais originaire de Wuhan, se dit “très blessée”. “Notre ennemi a toujours été le virus et cela ne devrait pas être les gens du Hubei ou de Wuhan”, a-t-elle déclaré à l’AFP.

Face à la crise qui paralyse l’économie du pays, les Bourses chinoises ont été rattrapées lundi à leur réouverture par l’inquiétude qui a fait dévisser les autres places mondiales depuis dix jours.

Les autorités chinoises avaient pourtant pris les devants pour tâcher de rassurer les investisseurs. La banque centrale chinoise avait annoncé dimanche l’injection de 1.200 milliards de yuans (156 milliards d’euros) dans le système bancaire pour soutenir l’économie.

Mais elles n’ont pu empêcher Shanghai de lâcher 7,72% et Shenzhen 8,41%, la plus forte baisse des indices chinois depuis le krach boursier de 2015.

– Interdits de croisière –

Inquiets, de nombreux pays ont multiplié les mesures de protection. Etats-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande, Irak, Israël et Philippines notamment ont interdit l’entrée sur leur territoire aux étrangers s’étant récemment rendus en Chine.

S’adressant à la presse, la porte-parole de la diplomatie chinoise s’en est prise aux Etats-Unis, accusant ce pays de “semer la panique” par ses restrictions et donner “un très mauvais exemple”.

Les croisiéristes n’en ont pas moins décidé d’interdire la présence à leur bord de passagers ou membres d’équipage ayant voyagé en Chine au cours des 14 derniers jours, a annoncé lundi leur fédération internationale.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a proclamé la semaine dernière l’urgence internationale, a révélé lundi travailler d’arrache-pied avec des géants du net pour combattre la désinformation en ligne autour du virus.

Pendant ce temps, les opérations de rapatriement d’étrangers coincés à Wuhan se poursuivent. La France a accueilli dimanche un deuxième avion, avec des passagers de 30 nationalités. Les tests effectués pour une vingtaine d’entre eux en raison de “symptômes” se sont révélés lundi “négatifs”.

Un avion ramenant 243 personnes, dont 89 enfants, a atterri lundi en Australie qui envisage l’envoi d’un deuxième appareil.

A Hong Kong, où 15 cas de contamination ont été confirmés, des centaines d’employés des hôpitaux publics ont observé un arrêt de travail lundi pour réclamer la fermeture de la frontière avec la Chine continentale, afin de réduire le risque de propagation du nouveau coronavirus.

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