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Christopher Wray, nouveau directeur du FBI, prêt à aller au conflit avec Trump

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Christopher Wray, nouveau directeur du FBI, prêt à aller au conflit avec Trump

Christopher Wray reconnaît qu’il est discret. Utile lorsqu’on dirige un FBI dans le collimateur de Donald Trump. Mais il est aussi déterminé à ne pas plier devant les pressions politiques. Et cela, il le sait, peut lui valoir son siège.

Il y a six mois seulement, le nouveau directeur de la police fédérale américaine était choisi par le président républicain lui-même, qui venait de limoger sans ménagement son prédécesseur James Comey, accusé d’être partial dans l’enquête sur l’affaire russe.

Un gage de stabilité ? Pas du tout: si le président Trump se décide, comme on lui en prête l’intention, d’autoriser la publication d’une note confidentielle très controversée, le directeur du FBI pourrait démissionner, affirme CNN jeudi.

La pomme de la discorde entre MM. Wray et Trump se cristallise dans cette note de quatre pages, rédigée par le président républicain de la Chambre des représentants, Devin Nunes. Elle est bâtie de manière à mettre en cause le FBI et le ministère de la Justice concernant des écoutes sur l’équipe de campagne du milliardaire lors de la présidentielle 2016.

Christopher Wray s’oppose à sa publication, au nom de la préservation d’informations secrètes, tandis que Donald Trump y voit la preuve de ce qu’il avance: les institutions ont des arrières-pensées politiques.

Même l’association des agents du FBI (FBIAA) a signalé “apprécier que le directeur Chris Wray se tienne aux côtés des hommes et femmes du FBI”.

Avant cet accroc, le patron du FBI âgé de 50 ans s’était fait discret, comme à son habitude, pour naviguer dans les eaux troubles d’une agence qui s’attire régulièrement les foudres présidentielles.

En août dernier, il avait été confirmé à une écrasante majorité au Sénat, trois mois seulement après le licenciement retentissant de M. Comey, qui dirigeait à l’époque l’enquête sur une possible collusion de l’équipe Trump avec Moscou lors de l’élection de 2016.

L’actuel premier policier des Etats-Unis avait alors séduit les deux camps en affirmant qu’il préférerait démissionner plutôt que de se soumettre à des injonctions politiques.

– ‘Indépendance’ –

“Il n’y a qu’une bonne façon de faire ce travail, c’est avec une stricte indépendance”, avait-il assuré devant la Commission judiciaire du Sénat.

“Vous ne pouvez pas faire un travail comme celui-ci sans être prêt à démissionner ou à être viré au moment où l’on vous demande de faire quelque chose, ou que vous assistez à quelque chose, d’illégal, d’anticonstitutionnel ou même quelque chose de moralement répugnant.”

Formé à la très prestigieuse université de Yale, dont il est sorti diplômé de droit en 1992, le natif de New York rejoint en 1998 le ministère de la Justice, qui a sous sa tutelle le FBI.

En 2003, il devient l’assistant du ministre, chargé du département criminel, où il travaille sous les ordres d’un certain James Comey.

C’est là que, l’année suivante, il connaît sa première vraie lutte contre les pressions politiques. James Comey vient alors d’être nommé ministre de la Justice par intérim en 2004, en raison de la maladie du ministre John Ashcroft.

Quand des conseillers du président de l’époque, George W. Bush, essayent de tirer profit de ces atermoiements pour étendre un programme d’écoutes très controversé, James Comey, Christopher Wray et Robert Mueller, directeur du FBI à l’époque et actuellement à la tête de l’enquête russe en tant que procureur indépendant, menacent de démissionner en opposition.

Christopher Wray finit par quitter en 2005 le ministère pour rejoindre le cabinet privé King & Spalding. Une époque où il conseille notamment un proche allié de Donald Trump, le gouverneur du New Jersey Chris Christie, durant le scandale politique du “Bridgegate”.

De retour à la fonction publique, le directeur du FBI va voir sa détermination à résister à la pression politique être mise à rude épreuve dans les prochains jours. Il s’y est déjà dit prêt.

“J’ai entendu plusieurs personnes me décrire comme discret. Personne ne devrait prendre mon attitude discrète pour un manque de détermination”, avait prévenu Christopher Wray lors de son audition au Sénat.

“Quiconque pense que je retiendrais mes coups en tant que directeur du FBI, assurément, ne me connaît pas très bien.”

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