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Cinq ans après, des New-Yorkais vivent encore avec les ravages de Sandy

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Cinq ans après, des New-Yorkais vivent encore avec les ravages de Sandy

Encore quelques jours et la maison de Mohamad Rahman, à l’extrême sud de Brooklyn, sera enfin débarrassée des traces de Sandy, cinq ans après le passage de l’ouragan à New York. Mais d’autres attendent toujours leur tour.

Deux jeunes femmes posent l’encadrement d’une porte au rez-de-chaussée de cette demeure à deux niveaux, sous le regard de Ben Fransua, en charge de la construction pour une association qui rénove les maisons endommagées par l’ouragan.

Lorsqu’il a visité pour la première fois cette maison située à quelques centaines de mètres de la mer au printemps dernier, M. Fransua a découvert des murs troués et rongés par les moisissures, souvenirs encombrants de Sandy dans ce rez-de-chaussée noyé sous près de trois mètres d’eau le 29 octobre 2012.

Son association, émanation de l’organisation SBP créée pour aider à la reconstruction en Louisiane après le passage de l’ouragan Katrina, a pris en main le chantier, appuyé par les bénévoles des AmeriCorps, une structure nationale qui mobilise chaque année des centaines de milliers de personnes aux Etats-Unis.

La rénovation s’achève, mais trois autres chantiers attendent derrière, explique Fransua. La liste d’attente compte cinquante noms et toutes les semaines, deux ou trois nouveaux propriétaires se signalent à l’association, explique Alana Tornello, de SBP.

Lorsque Sandy a frappé, cette diplômée de Princeton était au Japon et travaillait sur l’après Fukushima. Originaire de Staten Island, elle a décidé de revenir à New York pour aider.

– Plus de 40 morts –

Depuis 2012, SBP a rénové 299 maisons, dont 30 environ dans le cadre du programme municipal Build it Back, qui a pris en charge, au total, 8.200 propriétaires qui n’avaient pas souscrit d’assurance inondation.

Poids de la bureaucratie, coûts de construction élevés, arnaques de constructeurs: Alana Tornello cite plusieurs facteurs pour expliquer que des dizaines de bâtiments soient encore en souffrance cinq ans après Sandy.

“Il faut être honnête: c’était la première fois que la ville avait à gérer un événement de cette ampleur”, tempère-t-elle. Sandy a fait plus de 40 morts à New York et coûté 42 milliards de dollars à l’Etat de New York.

Pour autant, “du point de vue des propriétaires”, dit-elle, “cela a été cinq années incroyablement difficiles et dévastatrices”.

Raccourcir les délais, c’est l’objectif de SBP, qui prend en charge toutes les étapes du chemin de croix des propriétaires, de l’examen des dossiers à la finalisation d’un chantier, et utilise l’expertise de grandes entreprises comme Toyota, connue pour ses méthodes d’optimisation du temps de production.

SBP combine aussi les sources de financement, publiques et privées, des donateurs individuels aux sociétés en passant par les organisations religieuses.

– Se préparer pour le prochain –

Avant les passages d’Harvey, Irma et Maria, qui ont frappé très durement le Texas, la Floride et Porto Rico ces derniers mois, les responsables new-yorkais répétaient l’importance de préparer la ville à de nouveaux ouragans, dont les scientifiques redoutent la multiplication avec le réchauffement climatique.

Mais Alana Tornello s’inquiète désormais d’un assèchement des financements publics et privés au bénéfice de ces régions plus récemment touchées.

Outre la rénovation post-Sandy, SBP est aussi tournée vers l’avenir.

Avec le soutien de 9,3 millions de dollars de fonds fédéraux qui ont transité par l’Etat de New York, l’organisation a officiellement lancé, il y a quelques jours, le programme “Uplift”, qui va permettre de surélever 28 maisons situées dans des zones à risque, à Staten Island et dans deux quartiers de Brooklyn.

La petite maison de Joseph Lynch (69 ans), où l’eau atteignait 1,20 m dans le salon il y a cinq ans jour pour jour, va être la première à en bénéficier.

“Je suis tellement reconnaissant”, dit-il. “C’est comme si on avait ôté un poids de mes épaules.”

Dès que Sandy a frappé, Joseph était parti s’occuper d’un centre d’hébergement pour les victimes de l’ouragan, à quelques centaines de mètres de chez lui, à Gerritsen Beach, située à 25 km du centre de Manhattan.

Pour le prochain Sandy, car il ne doute pas qu’il y en aura un, “j’aurai un endroit pour vivre” au sec, dit-il, “et je pourrai héberger d’autres gens”.

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