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Colombie: premier cessez-le-feu de l’histoire avec l’ELN

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Colombie: premier cessez-le-feu de l’histoire avec l’ELN

La Colombie a franchi une étape de plus vers la paix lundi en signant le premier cessez-le-feu bilatéral de son histoire avec l’ELN, sa dernière guérilla, dans le cadre de pourparlers visant à clore plus de 50 ans de conflit armé.

Le président Juan Manuel Santos a salué cette «grande nouvelle», estimant qu’elle «réjouira» le pape François, promoteur du processus de paix, qui est attendu mercredi en Colombie pour une visite de cinq jours.

«C’est le premier grand pas vers la paix avec l’ELN», a ajouté Juan Camilo Restrepo, chef de la délégation gouvernementale, lors d’une conférence de presse retransmise depuis Quito, où se tiennent les pourparlers de paix avec l’Armée de libération nationale (ELN).

«C’est une preuve que oui, nous pouvons changer», a pour sa part assuré Pablo Beltran, chef négociateur de la guérilla. «C’est le premier miracle de la visite du pape en Colombie», a-t-il lancé.

À Bogota, M. Santos a précisé que le cessez-le-feu «entrera en vigueur le 1er octobre» pour «une durée initiale de 102 jours, c’est-à-dire jusqu’au 12 janvier prochain, et se renouvellera dans la mesure où il sera respecté, et si les négociations avancent sur les autres points».

Après l’accord historique signé en novembre avec la guérilla des FARC, aujourd’hui désarmée et reconvertie en parti politique légal, il entend parvenir à une «paix complète» pour son pays déchiré par une guerre fratricide qui a fait au moins huit millions de victimes, entre morts, disparus et déplacés.

Le pape, «motivation supplémentaire»

Le chef de l’État a ajouté que «durant cette période cesseront les enlèvements, les attentats contre les oléoducs et autres hostilités contre la population civile» de la part de l’ELN, guérilla inspirée de la révolution cubaine et des idées du Che Guevara.

Le pape François est attendu en Colombie du 6 au 10 septembre avec un message de réconciliation.

L’ELN, guérilla fondée par des religieux, a affirmé sur Twitter que cette visite «devait être une motivation supplémentaire pour accélérer la recherche d’accords, qui sont principalement destinés aux communautés qui souffrent des lamentables conséquences du conflit».

«Nous sommes prêts à le recevoir, les bras et le coeur ouverts à son message de réconciliation», a ajouté M. Santos, assurant que le pape visitera «une nouvelle Colombie (…) qui a eu la capacité de surmonter les haines et les peurs pour terminer le conflit armé».

Le cessez-le-feu a été conclu dans le cadre du 3e cycle des négociations de paix menées entre le gouvernement colombien et l’ELN, depuis le 7 février dans la capitale de l’Équateur voisin, garant de ce 5e processus avec l’ELN, après quatre échecs depuis les années 1990.

«Cessez-le-feu fragile» 

La Norvège, autre pays garant, a exprimé l’espoir que ce «soit le premier pas vers une trêve durable et un accord de paix définitif», selon un communiqué du chef de sa diplomatie, Borge Brende.

Toutefois, l’analyste Frédéric Massé estime que «ce cessez-le-feu va être assez fragile (…) parce que n’importe quel incident peut le mettre par terre, parce qu’il va être difficile à vérifier, parce qu’il faut voir si les différents fronts de l’ELN le respectent». Il pourrait même «être contreproductif à moyen terme (…) si l’ELN en profite pour se renforcer», a déclaré ce professeur de l’université Externado de Bogota.

Le gouvernement exigeait de la guérilla, issue en 1964 d’une insurrection paysanne et qui compte encore au moins 1500 combattants, qu’elle renonce aux enlèvements, aux attentats contre les infrastructures pétrolières, aux mines antipersonnel et au recrutement de mineurs.

Mais la clôture du cycle, à l’origine prévue vendredi, a été reportée deux fois, à samedi, puis à lundi, alors que deux attentats à l’explosif étaient attribués à l’ELN par les autorités.

La guérilla exigeait pour sa part que le gouvernement protège les leaders d’associations et défenseurs des droits de l’homme, dont au moins 186 ont été assassinés depuis janvier 2016, la plupart par d’ex-paramilitaires.

M. Santos a signé la paix en novembre avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie, qui furent la plus puissante rébellion du pays et ont lancé vendredi leur parti, Force alternative révolutionnaire commune, avec le même acronyme FARC.

Le conflit a, au fil des décennies, impliqué une trentaine de guérillas de gauche, des milices paramilitaires démobilisées en 2006 et les forces de l’ordre, faisant au moins 260 000 morts, plus de 60 000 disparus et environ sept millions de déplacés internes.

AFP

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