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Contre la réforme de la SNCF, trains à quai et cheminots aux urnes

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Contre la réforme de la SNCF, trains à quai et cheminots aux urnes

Un lundi “très difficile” à la SNCF, de l’aveu même de la direction: pour faire plier un gouvernement inflexible, les syndicats ont appelé les cheminots à muscler leur mobilisation lors d’une journée “sans trains” et à voter pour ou contre la réforme ferroviaire.

Si des trains circulent lundi, au 18e jour de grève depuis début avril -soit la moitié du calendrier annoncé pour la grève par épisode-, la direction de la SNCF a noté “un sursaut de mobilisation” et annoncé une “trafic très perturbé” avec, en moyenne, un TGV, TER ou Transilien sur trois et un Intercités sur cinq.

“Il y a une très grosse mobilisation des conducteurs et contrôleurs, en grève à plus de 70%”, et “environ 40% des aiguilleurs” sont en grève, s’est félicité Erik Meyer, porte-parole de SUD-Rail.

En Ile-de-France, une grève des conducteurs de la RATP perturbait aussi le trafic des RER, sans toucher celui des métros, bus et trams.

A la grève à la SNCF se sont ajoutées en Normandie et à Marseille des ruptures de caténaires bloquant le trafic, la direction évoquant des “actes de malveillance”. Ainsi dans l’Eure, un câble de soutien d’une caténaire a été sectionné “très proprement” dans la nuit, à plusieurs mètres de hauteur, à Gaillon, a indiqué la SNCF, qui va porter plainte.

A la gare Saint-Charles de Marseille, la circulation des trains a aussi été paralysée pendant une partie de la matinée. La rupture de caténaire a entraîné une coupure du courant et contraint la direction à dérouter une partie du trafic. Il y a également eu “un blocage des voies par des salariés d’autres entreprises, des étudiants et des usagers”, venus “nous soutenir”, a dit à l’AFP Rémi Hours, responsable local de la CGT Cheminots, devant des trains à l’arrêt.

A la gare de Lyon Part-Dieu, un “gilet rouge” mettait en cause la “fiabilité” de la consultation “vot’action” organisée par les syndicats. “Personnellement, si je vote, ce n’est pas pour que mon vote soit manipulé par des organisations syndicales”, disait ce non-gréviste.

Cette “vot’action” a été lancée dès la semaine dernière à Nice où les cheminots avaient devancé l’appel, “avec des urnes, un émargement et un dépouillement en présence des médias”, a précisé à l’AFP Najil Abdelkader (CGT Cheminots). Le résultat est net: 422 voix contre la réforme, soit 95% des votants, et 22 voix pour (5%). Tout le personnel rattaché à la gare de Nice, soit 718 personnes, était appelé à participer: conducteurs, contrôleurs, aiguilleurs, agents d’escale, vente et sûreté ferroviaire, administratifs, maintenance. Près des deux tiers ont participé (63%).

– Appel “aux urnes” –

Unis depuis le début de la contestation, les syndicats CGT, Unsa, SUD et CFDT ont décidé de consulter les 147.000 salariés de la SNCF lors de cette “vot’action”, ouverte jusqu’au 21 mai à 10H00, quelques jours avant l’examen de la réforme au Sénat.

Chaque agent en activité est invité à dire s’il est “pour ou contre le pacte ferroviaire porté par le gouvernement” qui reste inflexible sur trois points: l’ouverture à la concurrence, la fin de l’embauche au statut et la transformation de la SNCF en société anonyme à capitaux publics.

Des urnes doivent être installées dans les assemblées générales. Les cheminots pourront aussi y glisser leur bulletin lors de tournées syndicales, dans les ateliers, les postes d’aiguillage, les bureaux…

Sur des listes d’émargement doivent figurer les nom, prénom et numéro de matricule des votants. Elles seront détruites après le comptage des voix pour que la direction ne puisse pas savoir qui a participé.

Cette consultation n’a aucune valeur juridique — “aucune légitimité” pour le patron de la SNCF Guillaume Pepy –, mais les syndicats y voient une nouvelle “modalité d’action” pour “entrer en contact avec les cheminots”, selon Sébastien Mariani de la CFDT-Cheminots.

– “Incessibilité” de la SNCF –

Après que SUD-Rail a accusé dimanche le gouvernement et M. Pepy, d'”oeuvrer en coulisse pour privatiser et filialiser” la SNCF, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a réclamé lundi que l'”incessibilité” du groupe public ferroviaire soit inscrite dans le projet de loi, afin d’éviter une “vente à la découpe”.

Jean-Baptiste Djebbari, député LREM et rapporteur du projet de loi de réforme ferroviaire, a promis que l'”incessibilité” de la SNCF serait inscrite dans la future loi pour “rassurer tout le monde”.

Ce qui a été inscrit lors de l’adoption du texte en première lecture à l’Assemblée nationale, “c’est +Le capital est intégralement détenu par l’Etat+, ce qui en fait est plus fort que l’incessibilité”, a-t-il affirmé. “Mais comme on ne veut laisser aucune place au fantasme de la privatisation, on inscrira +incessibilité+”, a-t-il poursuivi.

Le projet loi arrivera le 23 mai en commission au Sénat, puis le 29 dans l’hémicycle.

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