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Coronavirus: enterrements express dans le plus grand cimetière d’Amérique Latine

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Coronavirus: enterrements express dans le plus grand cimetière d’Amérique Latine

Moins de six minutes. Dans la périphérie de Sao Paulo, le plus grand cimetière d’Amérique latine organise déjà des enterrements express, même si le Brésil est encore à plusieurs semaines du pic de contamination au coronavirus.

“Ici, on enterre d’habitude environ 45 personnes par jour. Mais depuis une semaine, ça tourne plutôt autour de 60”, révèle à l’AFP un employé du cimetière public de Vila Formosa.

“C’est bien pire que ce qu’on voit aux infos, c’est grave”, déplore-t-il, creusant des tombes à la chaîne pour recevoir les cercueils qui arriveront le lendemain.

Pour anticiper l’augmentation vertigineuse des enterrements attendue dans les prochaines semaines, 220 intérimaires ont été embauchés pour travailler dans les 22 cimetières municipaux.

Un renfort d’autant plus indispensable que 60% des 257 fossoyeurs travaillant habituellement pour la mairie ont été mis en chômage technique parce qu’ils font partie de la population considérée à risque, un grand nombre d’entre eux ayant plus de 60 ans.

Le cimetière de Vila Formosa s’étend à perte de vue. Un gigantesque champ de pierres tombales, 750.000 m2 où reposent les restes d’environ 1,5 million de personnes.

Certaines zones du cimetière ont été envahies par les mauvaises herbes, mais tout le reste de l’immense espace est réparti en lots soigneusement délimités sur la terre rouge.

– Masques et combinaisons –

Dépassés par l’arrivée incessante de nouveaux cercueils, les fossoyeurs doivent souvent attendre quelques minutes avant de prendre en charge des bières, le temps de terminer d’enterrer les autres.

Malgré la chaleur écrasante, ils doivent porter de longues combinaisons de protection blanches, des masques et des gants.

Quatre enterrements ont lieu en moins d’une demi-heure sur un seul lot: 3 cas suspects de Covid-19 et un confirmé.

“Ma grand-mère a ressenti les symptômes et a fait le test, mais on n’aura le résultat que dans deux semaines”, raconte Ricardo Santos, qui n’a que quelques minutes pour faire ses adieux à Regina Almeida, décédée à l’âge de 92 ans.

Une sorte de veillée funèbre express à lieu sous des bâches vertes, en dehors de la chapelle funéraire, fermée pour éviter tout rassemblement à l’intérieur.

Au Brésil, le cercueil est habituellement à moitié ouvert jusqu’au dernier moment, pour que les proches puissent voir le visage du défunt.

Mais avec la pandémie, il arrive déjà fermé au cimetière, le corps étant envelopé dans un sac de protection dès la sortie de l’hôpital.

De la sortie du corbillard à la pose de la couronne de fleurs sur la tombe déjà recouverte de terre, l’enterrement ne dure pas plus de six minutes.

À ce rythme, les proches des défunts, qui défilent sans arrêt, ont souvent du mal à respecter les gestes barrière.

Si certains parviennent à se saluer en se touchant les coudes, d’autres, submergés par la tristesse, finissent par se tomber dans les bras.

– “Mort à éclaircir” –

Le dernier bilan officiel fait état de 164 morts provoquées par le Covid-19 dans l’Etat de Sao Paulo, le principal foyer de contamination au Brésil, qui a enregistré 241 décès au total.

Mais les services sanitaires de Sao Paulo ont dénombré plus de 200 morts suspectes, qui ne seront comptabilisées qu’une fois que les résultats des tests seront connus.

José de Santana, décédé à 77 ans, fait partie de cette liste. Son fils Genilton s’apprête à l’enterrer, avec un ami pour seule compagnie.

Les yeux pleins de larmes et à travers son masque de protection, il lit à haute voix un document censé décrire la cause du décès: “mort à éclaircir, dans l’attente d’examens”.

Mercredi, un décret autorisant les enterrements sans présentation préalable de l’acte de décès a été publié, pour éviter de surcharger les services funéraires.

La mairie de Sao Paulo, qui commande habituellement 6.000 cercueils tous les six mois pour son réseau public de services funéraires, en a acheté 8.000 supplémentaires le mois dernier.

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