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Coronavirus: entre foot et Ehpad, le président du FC Pau

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Coronavirus: entre foot et Ehpad, le président du FC Pau

Depuis 25 ans à la tête du Pau FC, leader du National 1 (3e niveau masculin de foot), Bernard Laporte-Fray envisageait une montée inédite en L2 et se démenait déjà pour trouver un terrain homologué pour le monde pro. Mais le coronavirus est apparu et a bouleversé la vie de ce directeur de deux Ehpad.

Il y a trois mois, les Palois avaient quitté la Coupe de France avec les honneurs face au Paris SG (défaite 2-0 en 8e de finale) après avoir éliminé Bordeaux (3-2 a.p.). Séduisants, ils avaient conquis le Hameau, antre habituel des rugbymen de la Section paloise, avec l’envie de s’y établir pour de bon la saison prochaine, même s’il n’est pas aux normes de la L2.

Trois mois, une éternité. Depuis, les rêves ont été supplantés par l’épidémie de Covid-19 qui a paralysé l’ensemble du sport. Et pour le président Laporte-Fray, la direction de ses Ehpad est devenue la priorité.

“Cette fonction est plus stressante que jamais, assure le dirigeant. En temps normal, j’accorde davantage de mon temps et de mon investissement au Pau FC. Je sais que mes établissements sont entre de bonnes mains et très bien pilotés. Aujourd’hui, tout a basculé: ma priorité n’est plus le football mais la santé des pensionnaires comme du personnel de mes établissements”.

– “Responsabilité immense” –

M. Laporte-Fray possède deux Ehpad dans la région paloise: le premier créé en 1989, le second racheté en 1998 au tribunal de commerce de Pau. Ils accueillent 147 pensionnaires, sans cas positif pour l’heure, “une responsabilité immense”, qu’il dit assumer à distance.

“Sur la base d’un protocole en vigueur quelques jours avant les mesures de confinement, je m’interdis d’entrer dans les établissements, raconte-t-il. Je ne voudrais pas semer le trouble… Mais je ne pense qu’à la situation et je suis en relation téléphonique permanente. En ce moment, je suis davantage préoccupé par les livraisons des masques et des équipements de protection que par les contrats fédéraux au Pau FC”.

Cela n’empêche pas le président de s’accorder quelques moments en télétravail avec son entraîneur Bruno Irlès, de s’enquérir du quotidien des héros de l’aventure en Coupe Moustapha Name, Lamine Gueye et Cheikh Sabaly, confinés loin de leur Sénégal natal dans leur chambre de 15 m² d’une résidence hôtelière près de leur stade.

Il guette aussi les décisions de la fédération sur la suite de la saison de National, qui pourrait encore reprendre.

– Une montée indispensable –

L’attente est d’autant plus stressante que la Ligue 2 est presque devenue une question de survie pour son club avec la crise économique prévisible.

D’abord financièrement. “En National, tenir un budget de 2 millions d’euros sera très difficile sachant que cela tient généralement sur 50 à 60% de sponsoring ou mécénat. Vu la santé financière des entreprises, qu’en sera t-il? Il faut s’attendre à des budgets en baisse. Il sera difficile d’aller chercher des partenaires. En L2, les droits TV assurent 5 millions d’euros”, explique-t-il.

En cas de montée, M. Laporte-Fray table sur un budget proche des 7 M EUR (contre 1,7 M EUR cette saison, un des plus petits budgets de National) quand les favoris de la L2 devraient approcher les 20 M EUR. “Heureusement que nous avons réalisé un tel parcours en Coupe de France. Sans cette épopée, nous serions financièrement très mal”, constate-t-il.

Sur le plan sportif, l’accession est aussi une nécessité: “Si on reste en National, plusieurs de nos joueurs qui ambitionnent la L2 seront sollicités. S’il n’y a pas de montée, je m’attends à des départs”, avoue-t-il. Y compris celui de son coach qui a conduit le club à un niveau jamais atteint.

Dernière épine, le futur stade. Pau (75.000 habitants) n’est pas Luzenac (500 habitants), interdit d’accession en 2014 faute d’enceinte aux normes. La préfecture des Pyrénées-Atlantiques n’a toujours pas de stade si son club accède au monde professionnel. Des délocalisations à Toulouse ou Bordeaux ont été évoquées récemment, sûrement pour pousser les autorités locales à mettre rapidement aux normes le +Nouste Camp+ (1.200 places assises), la plus petite enceinte de National.

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