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Coronavirus: Jour 2 d’une France à l’arrêt, montée des inquiétudes

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Coronavirus: Jour 2 d’une France à l’arrêt, montée des inquiétudes

Au deuxième jour d’un confinement sans précédent pour lutter contre l’épidémie de coronavirus, les inquiétudes s’intensifient mercredi sur les conséquences pour le pays, alors que le gouvernement s’apprête à créer un “état d’urgence sanitaire”.

Alors que les rues des villes et campagnes sont désertées à travers l’Hexagone, le président Emmanuel Macron s’est rendu dans la matinée à l’hôpital Avicenne de Bobigny pour une visite surprise aux équipes de réanimation, pour adresser “un message de soutien au personnel soignant”.

Accompagné d’une délégation très restreinte et sans presse, il s’est conformé à toutes les consignes de sécurité, équipé notamment d’un masque, et n’a pas été au contact de patients.

C’est notamment la crainte des experts d’une saturation des services d’urgence à cause de la propagation rapide du nouveau coronavirus qui a conduit le chef de l’État à annoncer lundi soir de strictes mesures de confinement pour “au moins 15 jours”. Mesures qui doivent permettre “d’écrêter” la courbe de l’épidémie, en clair limiter l’afflux en nouveaux malades.

Les Français doivent donc “rester chez eux”, sauf pour se nourrir, se soigner ou travailler dans les secteurs indispensables, a martelé mardi soir le Premier ministre, Édouard Philippe. Les autorités ont déployé 100.000 membres des forces de l’ordre pour faire respecter ces consignes drastiques, avec à partir de mercredi à la clé une amende forfaitaire de 135 euros pour “violation des interdictions de se déplacer hors de son domicile”. A Paris et en banlieue, 10.000 contrôles ont été effectués dans la nuit et 518 PV dressés.

– “Etat d’urgence sanitaire” –

Mais les inquiétudes sur les conséquences de cette crise sur le fonctionnement même du pays montent, malgré les assurances du gouvernement, qui doit examiner dans l’après-midi un projet de loi d’urgence prévoyant notamment un “état d’urgence sanitaire”. Il permettra notamment de restreindre certaines libertés, ordonner des réquisitions et émettre des ordonnances pour soutenir les entreprises et limiter les licenciements.

Le gouvernement a d’ailleurs appelé mercredi les employés des secteurs économiques essentiels à continuer à se rendre au travail, en prenant leurs précautions. “Il faut bien que nous puissions nous nourrir, que les familles françaises puissent se rendre dans les magasins de la grande distribution et acheter des produits alimentaires”, a souligné le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.

Il semblait ainsi répondre à l’avertissement lancé peu avant par le président délégué du Medef, Patrick Martin, sur un arrêt possible de l’activité économique, y compris dans les secteurs essentiels, en raison d’un “changement d’attitude brutal” des salariés, prêts à faire jouer leur droit de retrait après les mesures sanitaires prises contre le coronavirus.

Côté syndicats, le son de cloche diffère, comme pour Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, qui a qualifié la protection sanitaire des salariés de “gros point noir” dans la lutte contre le coronavirus.

De fait de nombreuses photos circulaient sur les réseaux sociaux montrant des caisses de magasins d’alimentation protégées par de simples films plastiques étirés au niveau des visages.

La pénurie d’équipements de protection se fait aussi sentir dans le secteur de la santé, et le gouvernement avait promis ces derniers jours d’équiper notamment en masques ces personnels en première ligne de la lutte.

– “Prendre l’air” –

Toujours sur le front de l’intendance, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé que le gouvernement serait amené à fermer certains marchés “où l’on voit des foules” ou “qui ont beaucoup d’étals”, toujours pour éviter les rassemblements.

Mais au très populaire marché de Barbès, dans le nord de Paris, les clients étaient beaucoup moins nombreux qu’à l’accoutumée mercredi. Catherine Rives est venue acheter fruits et légumes: “je voulais des produits frais car je cuisine, on ne va pas manger que des pâtes quand même”. “J’ai des gants, je me tiens loin des gens”, mais “ça fait du bien de prendre l’air, de marcher, sinon on devient fou”.

Pour l’heure, l’épidémie poursuit sa progression exponentielle, avec 1.000 nouveaux cas en 24 heures selon le dernier bilan de mardi soir, pour un total de 7.730 personnes testées positives. On compte 175 décès (27 de plus que la veille) et 699 patients dans un état grave étaient en réanimation (contre 400 dimanche) sur 2.579 malades hospitalisés, avec certains services d’urgence saturés.

Le premier transfert aérien de malades a d’ailleurs eu lieu, emmenant six patients hospitalisés en Alsace, une des zones les plus touchées, vers des hôpitaux militaires de Toulon et Marseille.

Selon Denis Malvy, chef du service infectiologie du CHU de Bordeaux interrogé sur France Inter, “nous devons faire face à une augmentation des cas au moins dans les 10 jours à venir, le temps de l’impact bénéfique des mesures”. Le déploiement d’un hôpital militaire est également programmé en Alsace.

Plus de trois Français sur quatre (76%) ont jugé Emmanuel Macron convaincant lors de l’annonce des mesures contre le coronavirus, mais l’inquiétude grandit avec 73% d’entre eux inquiets pour leur santé et celle de leurs proches, selon un sondage Harris Interactive-Epoka pour RTL diffusé mercredi.

La Bourse de Paris, toujours prise dans la tempête déclenchée par l’épidémie sur les marchés mondiaux, est repartie fortement à la baisse, perdant plus de 5% en début d’après-midi.

Alors que la récession se profile et que les recettes fiscales devraient chuter de plus de 10 milliards d’euros selon le gouvernement, Édouard Philippe n’a pas exclu des nationalisations, notamment dans le secteur aérien. Les filiales d’Air France Transavia (low-cost) et Hop (France) devraient d’ailleurs suspendre tous leurs vols et M. Le Maire devait parler aux patrons de PSA et Renault, l’automobile étant un autre gros secteur touché de plein fouet.

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