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Coronavirus: un 8-Mai sous le signe de la pandémie, appel à “plus de coopération”

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Coronavirus: un 8-Mai sous le signe de la pandémie, appel à “plus de coopération”

Le monde occidental encore en épidémie célèbre vendredi les 75 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec une Allemagne appelant à “plus de coopération” face à un coronavirus toujours meurtrier malgré le déconfinement lancé dans de nombreux pays d’Europe.

La pandémie, qui a fait près de 267.000 morts en cinq mois, a aussi génèré “une avalanche de haine et de xénophobie”, a dénoncé le chef de l’ONU, Antonio Guterres.

“On désigne des boucs émissaires, on entretient la peur (…)”, s’est alarmé M. Guterres, dans un communiqué publié vendredi. “L’idée répugnante que l’on pouvait sacrifier” les personnes âgées, figurant parmi les plus vulnérables au virus, “a commencé à se répandre”, a-t-il déploré.

– Défendre “l’ordre de paix” –

Décès par dizaines de milliers, près de la moitié de l’humanité cloitrée, une économie planétaire à l’arrêt et sinistrée… la pandémie de Covid-19, encore bien loin d’être maîtrisée, n’en finit pas de bouleverser le quotidien de la planète.

Avec plus de 75.500 morts au total, dont 2.400 au cours des dernières 24 heures, les Etats-Unis sont l’épicentre de la maladie. Après avoir enregistré plus de 3.100 morts quotidiens mi-avril, le pays est aujourd’hui bloqué sur un “plateau” dont il n’arrive pas à redescendre.

En Europe, la pandémie a tué plus de 150.000 personnes, notamment au Royaume-Uni (30.615), en Italie (29.958), en Espagne (26.070) et en France (25.987), selon un bilan établi jeudi soir par l’AFP à partir des chiffres de sources officielles, très vraisemblablement sous-estimés.

C’est dans ce contexte que se déroule le 8-Mai, qui marque depuis 1945 la capitulation de l’Allemagne nazie. Coronavirus oblige, pas de grands défilés, ni de cérémonies publiques cette année, comme c’est le cas pour tous les grands évènements internationaux depuis deux mois.

En Allemagne, qui célébrait pour la deuxième fois l’évènement depuis 1945, le chef de l’Etat, autorité morale, a exhorté la communauté internationale a tirer les leçons de la fin de la Deuxième guerre mondiale en allant vers “plus de coopération” dans la lutte contre le nouveau coronavirus, et “pas moins”.

“Nous ne devons pas accepter que l’ordre de paix” mis en place à partir de 1945 “parte en fumée sous nos yeux”, a plaidé Frank-Walter Steinmeier, qui a aussi appelé ses compatriotes à considérer le 8 mai 1945 comme un jour de “gratitude” et non d’amertume pour la défaite.

Aux Etats-Unis, le ministère de la Défense organise un “Jour de la Victoire en Europe” virtuel, avec une émission en direct diffusée sur son site et les réseaux sociaux.

La reine Elisabeth II s’adressera vendredi soir aux Britanniques, pour la deuxième fois depuis le début de la pandémie de Covid-19. A la place des fêtes de rue et processions de vétérans, annulées, le gouvernement a enjoint la population à festoyer à domicile, en lui proposant des idées de jeux ou de recettes de cuisine.

A Paris, Emmanuel Macron doit présider une cérémonie dans un format très restreint sur les Champs-Elysées, en présence des principaux responsables politiques et militaires mais sans public.

Le président français devait initialement se rendre à Moscou. C’est là que l’incidence de l’épidémie sur les festivités sera la plus criante : cette année, pas d’imposante parade militaire au pas de l’oie sur la place Rouge. Seule la partie aérienne des célébrations a été maintenue, et se tiendra samedi.

– La “bombe” de Milan –

Ce long week-end du 8-Mai marque véritablement le début du grand déconfinement en Europe, avec les derniers pays encore bouclés qui se lancent à leur tour, chacun à leur manière et de façon progressive, dans la levée des restrictions : la France, le Royaume-Uni, l’Espagne, la Belgique, les Pays-Bas, la République tchèque, la Grèce et l’Ukraine.

Dès ce vendredi en Espagne, Barcelone rouvre ses plages le matin pour la pratique sportive, même si le pays reste prudent.

L’Italie, qui a payé un lourd tribut à la maladie, se déconfine elle aussi peu à peu. Mais les images des Milanais se promenant le long des canaux ou prenant l’apéritif au soleil font polémique, alors que la capitale de la Lombardie est toujours “un peu une bombe”, avertit un virologue de renom.

En France, la liberté de circulation sera rétablie mais assortie de restrictions plus sévères pour des départements “rouges”, incluant l’agglomération de Paris, où la circulation du virus est plus active.

Au Royaume-Uni, le Premier ministre Boris Johnson, lui même rescapé de la maladie, a appelé les Britanniques à la patience, à trois jours d’une allocution dans laquelle il doit annoncer un assouplissement “très limité” de certaines restrictions.

L’Allemagne, forte de chiffres d’infection “très satisfaisants”, a déjà levé la quasi-totalité des restrictions imposées depuis la mi-mars. Même chose notamment en Autriche, dans les pays scandinaves, ou encore au Danemark, qui va rouvrir musées, théâtres et cinémas le 8 juin.

A l’inverse, la Russie, longtemps épargnée mais qui connaît une forte hausse du nombre de cas, reste bouclée. La capitale Moscou a prolongé son confinement jusqu’au 31 mai, alors qu’on a enregistré vendredi plus de 10.000 nouvelles infections.

– Vive les poules –

Hors d’Europe, la Californie, premier Etat américain à avoir décrété le confinement pour endiguer le coronavirus, va commencer à assouplir certaines mesures vendredi.

De façon surprenante, la Chine a déclaré vendredi soutenir la création “après la fin de l’épidémie” d’une commission sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) afin d’évaluer “la réponse mondiale” au Covid-19.

Cette évaluation, qui ne concernerait pas spécifiquement mais potentiellement l’ensemble des pays du monde, devrait se faire de façon “ouverte, transparente et inclusive” et “au moment opportun”, selon Pékin, objet de nombreuses critiques et accusations -en particulier des Etats-Unis-, pour son manque de transparence dans la gestion de la maladie apparue sur son sol fin décembre.

En Asie encore, la situation se normalise. Le championnat de football fait ainsi son retour en Corée du sud. Bars, cinémas et clubs de gym ont rouvert leurs portes à Hong Kong.

En Egypte, le tout-puissant président Abdel Fattah al-Sissi a ratifié une série d’amendements à la loi sur l’état d’urgence qui étend un peu plus ses pouvoirs.

Et pendant ce temps, chacun continue de s’accommoder à sa manière du coronavirus : des couples indiens se marient en ligne, sans banquet fastueux mais devant des milliers “d’invités”; les Mexicains pestent contre la pénurie de bière; les Somaliens habitués des calamité observent le ramadan sans se soucier du virus; et les vendeurs de vélo parisiens se frottent les mains…

Les Européens confinés, eux, se consolent de leur enfermement avec des poules. Les gallinacées et leurs oeufs sont devenus une nouvelle passion : entre ceux qui “ont peur de ne pas avoir à manger”, ceux qui veulent “faire un poulailler, et les autres soucieux “d’occuper les enfants”, “c’est la folie”, s’étonne un couple d’éleveurs de la région de Bruxelles.

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