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Courbettes et pépiements: les ficelles d’une campagne électorale au Japon

Des minibus peuplés de curieux oiseaux chanteurs, des courbettes à répétition: une élection au Japon ne manque pas de couleur. Voici quelques clés pour une campagne réussie.

– Se courber à volonté –

Les Japonais s’inclinent fréquemment quand ils ont affaire à une personne inconnue, à un client ou leur supérieur hiérarchique. Les candidats à une élection, quand ils sont en campagne, s’inclinent à tout va, pour exprimer leur plus grand respect aux gens dont ils convoitent les voix.

La championne actuelle de la discipline est Mayuko Toyota, 43 ans, ancienne figure montante du Parti libéral démocrate (PLD) du Premier ministre Shinzo Abe, qui a dû quitter le parti en juin après qu’un enregistrement audio diffusé dans les médias l’avait révélée en train d’agresser physiquement et verbalement l’un de ses secrétaires.

Ayant malgré tout décidé de se présenter aux législatives, sans étiquette, Mme Toyota a basé toute sa campagne sur la repentance: chaque jour devant une gare différente, elle s’est inclinée profondément devant les voyageurs pour s’excuser.

– A boire et à manger –

Pour paraître humbles devant les électeurs, nombre de candidats au Japon ont recours à des estrades improvisées pour leurs discours de campagne. Yukio Edano, 53 ans, fondateur et leader du nouveau Parti démocrate constitutionnel (centre gauche), a par exemple recours à des caisses de bière.

Pour son premier discours de campagne, Shinzo Abe avait opté pour un champ bucolique dans la préfecture de Fukushima (nord-est), tenant une bouteille du saké local d’une main et son micro de l’autre.

Quelques jours plus tard, il avait troqué le saké contre du thon en conserve, produit local du port de pêche où il s’exprimait, s’attirant des acclamations de ses auditeurs.

– Drôles d’oiseaux –

A chaque élection au Japon, impossible d’échapper aux camionnettes sillonnant chaque circonscription du matin au soir. A l’aide de mégaphones installés sur le toit, leurs occupants répètent sans fin le nom d’un candidat et appellent les passants à voter pour lui, tout en s’excusant de faire autant de bruit, politesse oblige.

Ce ne sont pas des militants politiques mais des professionnels, payés pour le faire jusqu’à 15.000 yens par jour (environ 113 euros) selon la loi électorale.

La plupart sont des femmes, surnommées “uguisu-jo”, du nom d’un oiseau japonais, la bouscarle chanteuse. Les rares hommes du métier sont quant à eux appelés les “corneilles”.

– Des poignées de mains et des sous –

Shigeru Ishiba, un membre du PLD de Shinzo Abe rompu aux campagnes électorales, a un jour déclaré: “Vous récoltez le même nombre de voix que le nombre de mains que vous avez serrées”.

Mais comme le démarchage électoral au porte-à-porte est interdit au Japon, les candidats ont développé une autre tactique: se montrer autant que possible à des événements publics tels que festivals traditionnels locaux (matsuri), événements sportifs, fêtes de centres communautaires pour enfants ou personnes âgées…

Mais serrer des mains ne suffit pas pour espérer gagner un siège à la chambre basse du Parlement japonais: il faut aussi de l’argent.

Pour avoir le droit de participer aux élections législatives du pays, un candidat doit effectuer un dépôt pouvant aller jusqu’à 6 millions de yens (près de 45.000 euros) auprès de la commission électorale.

Il récupère cette somme s’il obtient un certain nombre de votes au scrutin, sinon c’est la commission électorale qui la garde.

Les dépenses de campagne sont aussi plafonnées, à hauteur de 19,1 millions de yens par candidat (environ 143.000 euros), plus 15 yens par électeur dans sa circonscription.

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