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Covid-19: sérieux revers pour le vaccin de l’allemand CureVac

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Covid-19: sérieux revers pour le vaccin de l’allemand CureVac
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Il devait être le prochain vaccin anti-Covid approuvé en Europe, déjà pré-commandé en millions de doses par Bruxelles: faute d’une efficacité suffisante, selon des données provisoires, l’avenir du produit développé par le laboratoire allemand CureVac apparaît désormais incertain.

Les premiers résultats ont un goût amer pour cette entreprise reconnue comme une des pionnières dans la technologie de l’ARN messager.

CureVac a annoncé mercredi soir que son principal candidat vaccin contre le Covid-19 n’avait démontré qu’une efficacité de 47%, selon l’analyse intermédiaire d’un essai clinique à grande échelle. Il ne remplit pas à ce stade les critères de performance exigés.

“L’efficacité finale pourrait encore changer”, prévient le PDG du laboratoire, Franz-Werner Haas, cité dans un communiqué, qui met en cause notamment les difficultés posées par l’apparition des variants du coronavirus.

Le patron a estimé, jeudi, lors d’une conférence téléphonique, que CureVac avait dû affronter “un virus différent” en raison de la “grande diversité de mutations” présentes lorsqu’il a commencé cette phase d’essais en décembre.

– “Nous continuons” –

L’entreprise avait été parmi les premières à se lancer dans la course au vaccin et espérait encore il y a peu mettre sur le marché un sérum performant en mai, au plus tard en juin de cette année.

Si la réponse immunitaire du produit n’est pas sensiblement améliorée, une mise sur le marché paraît improbable, selon les experts.

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Une procédure d’examen en continu est en cours auprès de l’Agence européenne des médicaments (EMA). Marco Cavaleri, responsable de la stratégie vaccinale à l’agence, a appelé jeudi à la prudence: même si le seuil requis de 50% d’efficacité n’est pas atteint, “cela ne signifie pas que nous n’examinerons pas l’ensemble des données. Nous examinerons les avantages et les risques démontrés par le vaccin” pour prendre une décision sur son approbation.

Le patron du laboratoire a lui affirmé poursuivre “à plein régime” le développement, “jusqu’à une évaluation définitive” attendue dans deux à trois semaines.

Il a laissé entendre que le produit final pourrait éventuellement servir de “booster” à deux premières injections d’une autre préparation si son efficacité propre était insuffisante.

Les vaccins BioNTech/Pfizer et Moderna, également basés sur le principe de l’ARN messager, ont démontré une efficacité d’environ 95%. Celle des vaccins AstraZeneca et Johnson et Johnson se situe entre 60 et 70%.

CureVac mène la phase finale de ses essais sur environ 40.000 volontaires en Europe et en Amérique latine.

La réponse immunitaire a été évaluée sur 134 cas de patients ayant contracté le Covid et 80 cas supplémentaires doivent encore être analysés.

Sur 124 cas séquencés, un seul relevait de la souche originale du SARS-CoV-2, tandis que “plus de la moitié des cas (57%)” ont été causés par des variants considérés comme préoccupants par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), note CureVac.

Mais la progression des variants n’est pas seule en cause dans ce revers, selon les experts qui rappellent que les produits de BioNTech et Moderna ont démontré une certaine efficacité face aux mutations du coronavirus.

La formulation choisie par CureVac, et notamment son dosage plus faible de 12 microgrammes, pourrait être un facteur.

– Soutien public –

La Commission européenne a signé avec la biotech de Tübingen (sud de l’Allemagne) un contrat portant sur l’achat de 405 millions de doses.

L’annonce du laboratoire n’a “pas d’impact sur le rythme de notre campagne de vaccination”, a commenté le ministère allemand de la Santé.

L’effet a en revanche été massif sur le cours de l’entreprise, cotée à New York, qui s’est effondré de près de 50% à l’ouverture des échanges.

Fondé en 2000, CureVac compte pour principal actionnaire le milliardaire allemand Dietmar Hopp, co-fondateur du géant du logiciel SAP.

En juin 2020, le gouvernement allemand avait pris une participation de 300 millions d’euros pour acquérir 23% des parts du laboratoire, après une tentative des autorités américaines d’obtenir des droits exclusifs pour les États-Unis sur un vaccin potentiel de CureVac.

L’entreprise s’est allié aux géants pharmaceutiques suisse Novartis et allemand Bayer en vue des phases de production.

Allié au britannique GSK, il développe en parallèle des vaccins dits de seconde génération, prenant en compte les variants, mais dont la mise au point est moins avancée.