Crise aux Républicains: Larcher entre en scène

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Le président du Sénat Gérard Larcher réunit mardi à Paris plusieurs hiérarques de la droite et du centre pour initier un “chantier de reconstruction”, une semaine après la déroute des Républicains aux élections européennes qui a poussé Laurent Wauquiez à la démission.

Le rendez-vous est pris pour 17h00 dans un hôtel proche de la Tour Eiffel. Il a été lancé par M. Larcher au surlendemain de la débâcle de LR (8,44%), et quelques heures après la proposition de M. Wauquiez de tenir des “états généraux” du parti “à la rentrée”.

“Le statu quo ne peut être une réponse. Nous ne pouvons assister, spectateurs, à la désintégration de la droite et du centre qui seuls peuvent représenter une alternance crédible. Je ne peux m’y résoudre”, écrit le président du Sénat dans sa lettre d’invitation.

M. Larcher a expliqué vouloir “reconstruire un projet qui rassemble la droite et le centre”, qui sera “l’émanation de la diversité et de la richesse de nos territoires, de nos élus et de nos mouvements politiques”.

“Ce rassemblement devra donner leur juste place aux diverses sensibilités qui ont toujours prévalu, aux alliances qui ont cimenté nos majorités et sans lesquelles aucune victoire n’aurait été possible”, explique le sénateur des Yvelines.

Écartant toute ambition personnelle, le plus haut personnage de droite dans l’ordre protocolaire de l’Etat, par ailleurs en négociation sur la révision constitutionnelle souhaitée par Emmanuel Macron, se dit “entièrement engagé au service du Sénat et des sénateurs”, alors que son initiative a été critiquée dans les rangs de la majorité.

Répondront à l’appel de M. Larcher les présidents des groupes parlementaires LR Christian Jacob (Assemblée) et Bruno Retailleau (Sénat) ainsi que des groupes centristes Philippe Vigier (Libertés et Territoires, Assemblée) et Hervé Marseille (Union centriste, Sénat). Le président du groupe UDI-Agir-Indépendants Jean-Christophe Lagarde n’a pas donné suite à l’invitation.

M. Larcher a également convié les patrons des trois grandes associations d’élus François Baroin (maires, LR), Dominique Bussereau (départements, ex-LR) et Hervé Morin (régions, Centristes) ainsi que les présidents de régions de la droite et du centre.

– “Intéressant mais pas suffisant” –

Parmi ces derniers figure Laurent Wauquiez, qui a annoncé sa démission de la présidence de LR dimanche soir sur TF1, convié en tant que président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, mais aussi Valérie Pécresse (Ile-de-France), Renaud Muselier (Sud) et Christelle Morançais (Pays-de-la-Loire).

Un absent de marque: Xavier Bertrand. Le président des Hauts-de-France, qui avait quitté LR en décembre 2017 au lendemain de l’élection de M. Wauquiez, “ne participera pas à la réunion”, fait savoir son entourage qui souligne néanmoins un rendez-vous programmé mercredi avec le président du Sénat.

Cette réunion de “reconstruction” intervient alors que l’aile droite de la majorité présidentielle multiplie les pressions sur les édiles LR à neuf mois des élections municipales. Le ministre Gérald Darmanin a ironisé sur la réunion de dirigeants de droite “dans des halls d’hôtel” pour savoir “qui va réorganiser le parti en attendant la prochaine défaite”. Dimanche, le secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu a enjoint les maires à “quitter LR”.

L’initiative de M. Larcher, par ailleurs, n’épuise pas le débat interne au sein des Républicains. “C’est une démarche territorio-sénatoriale qui est intéressante, mais insuffisante, tout le monde en convient”, juge un membre de la direction du parti.

Depuis la démission de M. Wauquiez, la présidence par intérim est assurée par le vice-président délégué, l’ancien ministre et maire d’Antibes Jean Leonetti.

Un consensus semble se dessiner sur l’idée d’élire un nouveau président à la rentrée, bien que les statuts prévoient un scrutin “dans les cinquante jours au moins et soixante-cinq jours au plus après l’ouverture de la vacance”, soit au mois d’août.