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Cuba secoué par des manifestations inédites contre le gouvernement

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Cuba secoué par des manifestations inédites contre le gouvernement
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Une série de manifestations inédites, aux cris de “Liberté !” et “A bas la dictature !”, a éclaté dimanche dans plusieurs villes de Cuba, qui traverse sa pire crise économique en 30 ans.

Largement diffusées via les réseaux sociaux, ces manifestations ont commencé de façon spontanée dans la matinée, événement rarissime dans ce pays gouverné par le Parti communiste (PCC, unique), où les seuls rassemblements autorisés sont généralement ceux du parti.

“A bas la dictature !”, “Qu’ils s’en aillent !”, ou encore “Patrie et vie !” (le titre d’une chanson polémique), criaient notamment plusieurs milliers de manifestants à San Antonio de los Baños, une petite ville de 50.000 habitants à une trentaine de kilomètres de La Havane.

“Liberté !”, scandaient quelques centaines d’autres sur le Malecon, le célèbre boulevard côtier de La Havane.

D’autres manifestations ont été signalées et diffusées en direct, via Facebook ou Twitter, à travers ce pays où l’internet mobile n’est arrivé que fin 2018.

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A San Antonio de los Baños, un imposant déploiement militaire et policier a eu lieu sur place dès la mi-journée, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Le président cubain Miguel Diaz-Canel a également fait le déplacement, accompagné de militants du parti qui ont défilé aux cris de “Vive Cuba !” et “Vive Fidel !”, tandis que sur son parcours, des habitants de la localité continuaient de protester à voix haute contre la crise économique.

Une habitante, sous couvert d’anonymat, a confié avoir manifesté le matin, excédée par “la situation avec le courant et les aliments”.

– “Mafia cubano-américaine” –

La pandémie de Covid-19 a plongé Cuba dans une grave crise économique.

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Chaque jour, les Cubains doivent patienter de longues heures dans les files d’attente pour s’approvisionner en nourriture et sont aussi confrontés à une pénurie de médicaments, ce qui a généré un fort malaise social.

Les difficultés économiques ont poussé les autorités à couper l’électricité plusieurs heures par jour dans une grande partie du territoire.

“La situation énergétique semble avoir échauffé certains esprits ici”, a reconnu Miguel Diaz-Canel face aux journalistes, accusant les sanctions américaines – imposées par l’ex-président américain Donald Trump et laissées inchangées par son successeur Joe Biden – d’être responsables de la crise.

“Si vous voulez que le peuple aille mieux, levez d’abord l’embargo” imposé depuis 1962, a-t-il ajouté.

“Il y a une mafia cubano-américaine qui paie très bien sur les réseaux sociaux (…) Elle a pris le prétexte de la situation de Cuba et a appelé à des manifestations dans toutes les régions du pays”, a-t-il affirmé.

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Le président a toutefois reconnu que “des gens sont venus manifester leur insatisfaction”, parlant de “révolutionnaires désorientés”.

Mais “nous sommes beaucoup, et moi le premier, à être prêts à donner la vie pour cette révolution”, a-t-il lancé, un message réitéré ensuite dans une allocution télévisée en direct.

– #SOSCuba –

Ces manifestations sont survenues le jour où Cuba a enregistré un nouveau record quotidien de contaminations et de morts dues au coronavirus, avec 6.923 cas recensés (pour 238.491 cas au total) et 47 morts en 24 heures (pour 1.537 décès au total).

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“Ce sont des chiffres alarmants, qui augmentent chaque jour”, a commenté dimanche l’épidémiologiste en chef du ministère de la Santé, Francisco Duran, pendant son habituelle conférence de presse à la télévision.

Sous les mots-clés #SOSCuba ou #SOSMatanzas (du nom de la province la plus touchée), les appels au secours se multiplient sur les réseaux sociaux, tout comme les appels au gouvernement pour qu’il facilite l’envoi de dons de l’étranger.

Samedi, un groupe d’opposants a demandé l’instauration d’un “couloir humanitaire”, une initiative que le gouvernement a écartée.

“Les concepts de couloir humanitaire et d’aide humanitaire sont associés à des zones de conflit et ne s’appliquent pas à Cuba”, a affirmé samedi le directeur des affaires consulaires et chargé des Cubains résidents à l’étranger à la Chancellerie cubaine, Ernesto Soberon.

Les autorités ont aussi dénoncé “une campagne” qui cherche à “présenter une image de chaos total dans le pays qui ne correspond pas à la situation actuelle”.

Le gouvernement devrait néanmoins autoriser lundi une adresse électronique pour accélérer les dons de l’étranger, a assuré M. Soberon.