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Dans le sud syrien, la misère des déplacés fuyant la menace d’une offensive

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Dans le sud syrien, la misère des déplacés fuyant la menace d’une offensive

Des bâches en plastique, des matelas et des tapis de jute emportés à la hâte. Fuyant la menace d’une offensive du régime dans le sud syrien, des déplacés privés de tout construisent les tentes sommaires qui doivent accueillir leur famille.

“Je n’avais pas prévu de partir, mais la violence des bombardements ces derniers jours nous a contraints à le faire”, déplore Ali al-Homsi, s’offrant un moment de répit auprès de ses enfants, alors qu’il n’a pas encore fini d’ériger sa tente.

Le trentenaire a trouvé refuge dans la province de Qouneitra, après avoir abandonné le nord de la région de Deraa.

Depuis mardi, le pouvoir de Bachar al-Assad mène des frappes dans certains secteurs de Deraa, faisant craindre un assaut imminent contre les rebelles du sud.

Les bombardements ont tué 18 civils et poussé quelque 12.000 personnes à fuir, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

“Je m’attends à la guerre, (les forces du régime) ont largué des tracts promettant des frappes et des destructions”, soupire M. Homsi.

Lui-même a perdu des proches dans les violences. Il a alors fui son village dans une zone que les habitants appellent “le triangle de la mort”: un secteur chevauchant les provinces de Deraa, Damas et Qouneitra, et qui par le passé a connu des combats sanglants.

Autour de lui, au village de Burayqah où il s’est installé sur le plateau du Golan, non loin de la frontière avec Israël, un campement informel est en train d’être érigé. Des dizaines de familles ont élu domicile sur une vaste étendue aride.

– “On manque de tout” –

Sous un soleil écrasant, des hommes de tout âge érigent des structures de fer, sur lesquelles des bâches blanches sont étendues.

Un homme et des enfants cherchent des pierres qu’ils vont utiliser comme plancher pour leur tente. L’objectif: empêcher les infiltrations des scorpions et des serpents.

Ici et là, des petits et des vieillards sont installés sur des matelas colorés et tapis de jute, posés à même le sol en attendant que leurs habitations de fortune soient prêtes.

“On manque de tout. On n’a même pas d’eau à boire ou pour faire la lessive”, déplore M. Homsi.

Après avoir réussi à asseoir son emprise sur la capitale et ses environs, le pouvoir d’Assad a désormais massé ses forces dans le sud, où les rebelles dominent toujours les provinces de Deraa et de Soueida.

Selon les Nations unies, les opérations du régime dans le secteur mettent en danger plus de 750.000 civils.

“Les bombardements se faisaient de manière aléatoire”, se souvient Fares al-Salkhadi, 58 ans.

Cela fait quelques jours seulement qu’il a quitté avec sa famille le nord de Deraa.

“On est venus en moto jusqu’ici. J’ai pris des affaires avec moi, mais on manque de tout. Il n’y a pas d’eau, pas de nourriture, pas de toilettes”, déplore-t-il.

“Le sud va connaître la guerre. Les déplacés vont venir ici de tous les villages”, assène-t-il.

– “Scandale, honte” –

Pour échapper à la chaleur, un homme et deux femmes se reposent à l’ombre d’un camion-citerne, près de sacs renfermant leurs maigres possessions.

Secteur stratégique en raison de sa proximité géographique avec l’Etat hébreu et la Jordanie, le sud de la Syrie connaissait un calme relatif, dans un pays ravagé depuis 2011 par une guerre complexe qui a fait plus de 350.000 morts.

La zone faisait l’objet depuis juillet 2017 d’un cessez-le-feu négocié directement entre la Russie, la Jordanie et les Etats-Unis.

“Les frappes du régime nous ont obligés à venir ici, les maisons ont failli nous tomber dessus”, lâche Mohamed al-Homsi, septuagénaire à la moustache et aux cheveux grisonnants qui a fui Deraa.

Il a dû payer l’équivalent de 19 euros pour se faire conduire avec sa famille jusqu’à Burayqah.

“On est partis sous les bombardements. Ici il n’y a même pas une tente pour nous abriter. On est sous le soleil, à même le sol”, souligne-t-il.

“C’est quoi cette vie? Si une femme veut utiliser les toilettes, il n’y en a pas”, s’emporte le vieil homme. “C’est un scandale, une honte”.

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