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De l’explosion au port de Beyrouth à la colère des manifestants

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De l’explosion au port de Beyrouth à la colère des manifestants

De la gigantesque explosion meurtrière au port de Beyrouth aux manifestations de colère samedi, rappel des principaux événements.

– Dévastations –

Le mardi 4 août, une double explosion détruit pratiquement le port et dévaste des quartiers entiers de Beyrouth, soufflant les vitres à des kilomètres à la ronde. Bilan provisoire: au moins 158 morts et plus de 6.000 blessés, ainsi que près de 300.000 sans-abri.

Les énormes déflagrations auraient été déclenchées par un incendie qui s’est déclaré dans un entrepôt abritant depuis six ans quelque 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium, une substance chimique dangereuse dont les autorités publiques connaissaient l’existence.

Beyrouth est déclarée “ville sinistrée” et le président Michel Aoun déplore “une catastrophe majeure”. Trois jours de deuil national sont décrétés.

Cette tragédie frappe un pays plongé depuis des mois dans une très grave crise économique, marquée par une dépréciation inédite de sa monnaie, une hyperinflation, des licenciements massifs et des restrictions bancaires drastiques.

– Aide internationale –

Le lendemain, la capitale libanaise se réveille sous le choc, des habitants cherchant encore des disparus et des affaires personnelles au milieu d’immeubles éventrés. Les secouristes poursuivent leurs recherches pour trouver d’éventuels survivants sous les ruines.

“La situation est apocalyptique, Beyrouth n’a jamais connu ça de son histoire”, lance le gouverneur de Beyrouth, Marwan Aboud. L’état d’urgence est décrété pour deux semaines.

L’aide internationale commence à affluer. L’Egypte et le Qatar annoncent l’ouverture d’hôpitaux de campagne dans la capitale libanaise. L’Organisation mondiale de la santé expédie des kits de traumatologie et de chirurgie.

– Macron en sauveur –

Jeudi, le président français Emmanuel Macron effectue une visite de quelques heures à Beyrouth où il rencontre toute la classe politique. Il y réclame une enquête internationale et appelle à une “refondation d’un ordre politique” et à de “profonds changements” que la population réclame depuis des mois.

Il s’offre un bain de foule dans le quartier dévasté de Gemmayzé, applaudi par des Libanais meurtris, exaspérés par leurs dirigeants qu’ils accusent de corruption et d’incompétence.

– Aoun rejette une enquête internationale –

Mais le président Michel Aoun rejette dès vendredi toute enquête internationale, estimant qu’elle ne ferait que diluer la vérité.

“Il est possible que cela ait été causé par la négligence ou par une action extérieure, avec un missile ou une bombe”, avance M. Aoun, admettant la nécessité de revoir un régime politique “paralysé”.

Cinq nouvelles arrestations sont annoncées parmi les fonctionnaires des douanes et du port, portant à 21 le nombre total de personnes placées en détention provisoire.

– “Pendez-les”! –

Samedi, les trois députés du parti Kataëb (opposition) démissionnent, affirmant que le temps est venu de bâtir un “nouveau Liban”. Deux autres parlementaires avaient déjà démissionné après le drame.

Des milliers de Libanais descendent dans les rues encore jonchées de débris.

“Vengeance, vengeance, jusqu’à la chute du régime”, scandent les manifestants, qui ont installé des guillotines en bois sur la place des Martyrs. Des heurts opposent les forces de sécurité, qui tirent des gaz lacrymogènes, à de jeunes protestataires ripostant avec des pierres.

Le hashtag #Pendez-les circule depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux.

– Assaut d’un ministère –

Dans la soirée, environ 200 manifestants menés par des officiers à la retraite prennent d’assaut le siège du ministère des Affaires étrangères, proclamé “quartier général de la Révolution”.

Des manifestants envahissent ensuite le QG de l’Association des banques dans le centre de Beyrouth, y mettant le feu avant d’être délogés par l’armée.

Le Premier ministre Hassan Diab annonce qu’il va proposer des élections parlementaires anticipées et se dit prêt à rester au pouvoir “pendant deux mois”, le temps que les forces politiques s’entendent à ce sujet.

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