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De nouveaux incendies se sont multipliés dans la «Jungle» de Calais

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De nouveaux incendies se sont multipliés dans la «Jungle» de Calais

De multiples incendies se sont déclarés mercredi dans la «Jungle» de Calais, dans le nord de la France, au troisième jour de l’opération d’évacuation de migrants, après une nuit marquée par des incendies volontaires ayant mobilisé pompiers et forces de l’ordre, a constaté l’AFP.

Alors que les évacuations se poursuivaient dans le calme dans la matinée, les départs de feux se sont multipliés à la mi-journée, dégageant d’épais panaches de fumée noire s’étendant à l’ensemble de ce vaste bidonville.

Dans l’artère principale du camp, une camionnette d’une association commençait à brûler tandis que le bruit de craquements dus aux feux retentissait un peu partout. Des pompiers étaient sur les lieux mais en nombre insuffisant pour lutter immédiatement contre tous ces foyers.

Plusieurs migrants sortaient précipitamment de leurs abris avec leurs affaires alors que les feux se rapprochaient. D’autres mettaient à l’abri des groupes électrogènes.

Certains mettaient aussi à l’abri des bonbonnes de gaz. Un véhicule de bénévole tractant une remorque remplie de bonbonnes a quitté le bidonville. Durant la nuit, des feux similaires avaient débouché sur l’explosion de bonbonnes, blessant légèrement un migrant aux tympans.

«Sortez, vous devez sortir. Vous avez des bouteilles de gaz dans votre caravane, sortez-les», intimaient des membres d’associations britanniques à un groupe de migrants placide.

«Ca va durer comme ça jusqu’à la nuit», soupirait Ahmed, un Soudanais, observant les flammes avec fatalisme. «C’est mal et c’est bien, parce qu’ici ce n’est vraiment pas un endroit pour vivre», jugeait cet adolescent.

Les évacuations se poursuivent

Les évacuations par autocars avaient repris mercredi dans le camp de Calais au troisième jour de l’opération de démantèlement de la «Jungle» où seuls mille migrants devaient encore être transférés dans des centres d’accueil en France.

«On estime à 1000 le nombre de personnes encore présentes (…) et qui vont partir», a affirmé à l’AFP la représentante de l’État dans la région, Fabienne Buccio, se disant «optimiste» sur le démantèlement total du camp prévu pour durer une semaine.

Ce chiffre suggère une progression très rapide des évacuations car entre 6400 et 8100 migrants selon les sources y étaient installés avant le début du démantèlement lundi.

De nombreux migrants étaient arrivés à Calais, face aux côtes anglaises, depuis l’Erythrée, le Soudan, l’Afghanistan au péril de leur vie. Ils vivaient dans des conditions de grande précarité dans ce vaste bidonville en espérant pouvoir passer en Angleterre.

«Ce qui est en train de se passer à Calais, c’est un beau visage de la France. On a une opération humanitaire qui est menée en tenant compte d’hommes et de femmes qui fuient la guerre et qui demandent l’asile, et qui est menée aussi avec fermeté», s’est félicité mercredi le premier ministre Manuel Valls.

La présidente de l’ONG Save the Children, Carolyn Miles, a de son côté appelé les autorités françaises à assurer la sécurité des enfants, jugeant leur situation «effrayante».

Les opérations dans le centre de transit ont redémarré dans le calme peu après 06H00 GMT, avec une file distincte pour les migrants mineurs voulant partir en Grande-Bretagne, afin d’éviter le goulet d’étranglement qui avait provoqué des bousculades mardi.

«Nous voulons le Royaume Uni»

Mais certains migrants ne cachent pas leur amertume.

«Je suis un enfant, j’ai 17 ans et on ne me respecte pas bien: j’ai été dégagé de la file des mineurs. La France n’est pas bien!» se plaint un Afghan, dont le visage, sillonné de rides, lui donne l’allure d’un trentenaire.

Mokaissi, une Soudanaise de 16 ans et son cousin Abdoul, viennent aussi d’être rejetés de la file pour mineurs, faute de papiers prouvant leur âge. «On nous a dit de prendre le bus pour faire une demande dans un centre. Mais quel bus? Quel centre? Où est-ce qu’il faut aller?»

Au lieu de rejoindre la file des adultes, ils rebroussent chemin. «On retourne dans la Jungle».

Ailleurs dans le camp, quelques dizaines de femmes, originaires de la corne de l’Afrique selon une membre des services de l’immigration, accompagnées d’enfants et d’adolescents, marchaient en criant «Where is Human Rights?» («Où sont les droits de l’Homme?»), brandissant une phrase sur des feuilles de papier : «We want UK» («Nous voulons le Royaume-Uni»).

Dans la file des mineurs, Siddik patiente, lui, depuis des heures.

«Ma tente a brûlé dans la nuit, je suis venu ici dès 4h00», confie-t-il, enveloppé avec deux amis dans une large couverture. «Je suis venu m’enregistrer pour partir en Grande-Bretagne, hier j’étais déjà venu vers 4h00 et je n’avais pas été pris».

Plusieurs incendies ont été allumés dans la nuit de mardi dans la «Jungle», faisant un blessé léger mais sans déclencher de panique. Ces incendies sont une «tradition, notamment pour certaines communautés qui mettent le feu à leur habitation au moment de la quitter», ont dit à l’AFP les autorités locales.

Ces incendies ont été maîtrisés par les pompiers, accompagnés par des forces de l’ordre. «Nous avons été caillassés et avons dû intervenir protégés par les forces de police», a expliqué à l’AFP un pompier sur place.

D’autres feux brûlaient des cabanes mercredi, a constaté l’AFP.

En deux jours, plus de 4000 migrants ont été «mis à l’abri» selon le gouvernement: 3242 adultes ont quitté le camp en autocar pour rejoindre des centres d’accueil en France et 772 mineurs ont été relogés dans un centre d’accueil provisoire.

Le déblaiement des cabanes, qui a commencé mardi, a repris mercredi matin. Dans la «Jungle» présentant le visage d’une zone sinistrée, des pelleteuses ramassaient les débris de cabanes que leur apportaient des employés, sous le regard désemparé de quelques migrants.

Source : AFP

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