Décret Trump: les interdictions dénoncées par Berlin et Londres

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Angela Merkel ne juge pas « justifiées » les restrictions à l’immigration aux États unis de ressortissants de sept pays musulmans décidées par Donald Trump, a affirmé dimanche le porte-parole de la chancelière allemande, Steffen Seibert.

« Elle est convaincue que même dans le cadre de la lutte indispensable contre le terrorisme il n’est pas justifié de placer sous une suspicion généralisée des gens en fonction de leur origine ou croyance », a dit le porte-parole cité par l’agence de presse DPA.

« La chancelière regrette l’interdiction d’entrée [aux États-Unis] imposée par le gouvernement américain contre les réfugiés et les ressortissants de certains pays », a ajouté Steffen Seibert dans un communiqué.

Le gouvernement allemand « va maintenant examiner les conséquences » de cette interdiction pour les citoyens allemands ayant une double nationalité et qui sont touchés par les mesures américaines, a-t-il précisé.

La condamnation allemande survient au lendemain d’un entretien téléphonique entre Donald Trump et Angela Merkel. Les communiqués publiés à l’issue de cet échange aux États-Unis et en Allemagne ne faisaient pas mention des nouvelles restrictions à l’immigration sur le sol américain.

« La Convention de Genève sur les réfugiés appelle la communauté internationale à accueillir les personnes fuyant la guerre sur une base humanitaire », et « la chancelière a fait valoir » cela lors de son entretien téléphonique avec Donald Trump, a précisé le porte-parole.

Le décret américain sur la « protection de la nation contre l’entrée de terroristes étrangers aux États-Unis », entré en vigueur vendredi, interdit pour 90 jours l’entrée aux États-Unis aux ressortissants de sept pays jugés à risque par Washington : Irak, Iran, Yémen, Libye, Syrie, Soudan et Somalie.

Le nouveau chef de file des sociaux-démocrates allemands, membres de la coalition gouvernementale d’Angela Merkel, Martin Schulz, a sévèrement critiqué Donald Trump dans le même temps à Berlin.

Avec ses mesures, notamment le projet de mur antimigrants à la frontière avec le Mexique, M. Trump « a brisé de manière insupportable un tabou », a-t-il dit, reprochant au président américain ses « propos dangereux et honteux » contre les minorités.

Donald Trump a néanmoins aussi des partisans en Allemagne, y compris au sein de la propre famille politique conservatrice d’Angela Merkel.

Le dirigeant du parti bavarois CSU, allié de la CDU de la chancelière, a rendu hommage dimanche à la méthode du nouveau président américain.

« Il applique point par point de manière conséquente et rapide ses promesses électorales » alors qu’en Allemagne tout cela prendrait des mois, a dit Horst Seehofer au journal Bild.

Sans soutenir sur le fond toutes les mesures prises par la nouvelle administration américaine, M. Seehofer a fait valoir que Donald Trump a été élu dans une élection démocratique et libre et que cela doit être respecté. « Je trouve que ce respect manque en ce moment », a-t-il ajouté.

Theresa May dénonce les restrictions

Deux jours après son offensive de charme à Washington, la première ministre britannique Theresa May s’est résolue dimanche à dénoncer les restrictions à l’immigration imposées par le président américain Donald Trump, après avoir été vivement critiquée pour son refus de le faire.

« La politique d’immigration des États-Unis est l’affaire du gouvernement des États-Unis comme celle de notre pays doit être fixée par notre gouvernement. Mais nous ne sommes pas d’accord avec ce type d’approche », a déclaré un porte-parole de Downing Street, assurant que Londres « interviendrait auprès du gouvernement américain » si cette politique avait un « impact » sur les citoyens britanniques.

Mais la réaction de Downing Street intervient tard : quelques heures plus tôt, lors d’une visite officielle en Turquie, Mme May avait refusé de critiquer l’initiative américaine, déclenchant une vive polémique au Royaume-Uni. « Les États-Unis sont responsables de la politique des États-Unis sur les réfugiés », avait déclaré la première ministre, au lendemain de sa rencontre très commentée avec Donald Trump à Washington.

Une pluie de critiques s’est aussitôt abattue sur la chef fe du gouvernement conservateur, accusée jusque dans son propre camp de renier les droits de l’homme au profit de la « relation spéciale » avec Washington : « Je me fiche de la relation spéciale [entre Londres et Washington], certaines lignes ne doivent juste pas être franchies », a réagi sur Twitter la députée conservatrice Heidi Allen.

Le chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a lui aussi condamné l’absence initiale de réaction de la première ministre : « Theresa May, au nom de la Grande-Bretagne, vous auriez dû condamner le décret contre les musulmans de Donald Trump. Honteux », a-t-il réagi sur Twitter.

Nadhim Zahawi, député conservateur né en Irak, a lui annoncé que les restrictions à l’immigration décrétées par Washington l’empêchaient désormais de se rendre aux États-Unis en dépit de son passeport britannique. « C’est humiliant », a-t-il dit dimanche sur la BBC, se disant toutefois « rassuré » par la réaction de Theresa May.

Source : AFP

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