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Dépression : pourquoi les traitements sont-ils efficaces sur certains, et non sur d’autres ?

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Dépression : pourquoi les traitements sont-ils efficaces sur certains, et non sur d’autres ?

Dans une nouvelle étude, des chercheurs japonais ont identifié trois nouveaux sous-types de dépression. Une découverte qui aiderait à expliquer pourquoi certaines personnes ne répondent pas bien aux médicaments.

Plus de 3 millions de Français sont touchés par la dépression. Et parmi eux, environ 30 % seraient résistants aux antidépresseurs actuellement disponibles, selon l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire (IPMC). Aujourd’hui, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) sont les plus souvent prescrits pour soigner la maladie. Mais ils ne fonctionnent pas chez tous les patients. Le professeur Kenji Doya du Collège doctoral de science et technologie d’Okinawa (Japon) pense avoir découvert pourquoi : il existerait en fait trois sous-types de dépression, qui ne sont pas dus aux mêmes causes et qui ne se traitent pas de la même manière.

Trois sous-types de dépression, liés à des interactions dans le cerveau

Pour en arriver à ces conclusions, le professeur japonais et son équipe ont examiné les données cliniques de 134 participants, dont la moitié avait été diagnostiquée d’une dépression. Les chercheurs ont collecté des informations sur leur vie, leur santé mentale, leurs habitudes de sommeil… Ils ont ainsi décomposé plus de 3 000 caractéristiques mesurables – parmi lesquels l’incidence des traumatismes infantiles et la gravité de l’épisode dépressif – pour former cinq groupes de données. Au final, trois de ces cinq groupes ont été identifiés comme des sous-types de dépression.

Ils leur ont également fait passer une imagerie par résonance magnétique (IRM) pour étudier leur activité cérébrale. Ils ont ainsi cartographié 78 régions du cerveau et ont examiné les connections entre elles. Ces IRM ont révélé que les patients présentaient différents signaux, notamment avec une partie du cerveau appelé le gyrus angulaire, une région impliquée dans le réseau par défaut (traitement du langage, des nombres, de la cognition spatiale et de l’attention). Or ces interactions diverses permettraient de prédire si les traitements ISRS soignaient efficacement la dépression.

Une réponse négative aux médicaments

Les scientifiques ont enfin rassemblé l’ensemble de leurs résultats. Et l’étude a révélé que l’un des sous-types de dépression était corrélé à une connectivité fonctionnelle élevée dans le gyrus angulaire, et donc à une réponse négative aux traitements par ISRS. Or, les participants de ce groupe ont été victimes d’un traumatisme durant l’enfance. Au contraire, les personnes des deux autres sous-types de dépression qui répondaient bien aux médicaments, se caractérisaient par une connectivité cérébrale faible et l’absence de traumatisme infantile.

Le gyrus angulaire n’était jusqu’à présent pas connu pour sa fonction dans la dépression. « Ces résultats pourraient aider les médecins à prévoir l’efficacité du traitement de la dépression sur la connectivité cérébrale fonctionnelle, ainsi que l’incidence des traumatismes chez l’enfant », concluent les auteurs dans leur étude, publiée dans la revue Scientific Reports.

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