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Depuis AZF, davantage de réglementation mais pas plus de contrôles, selon un expert

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Depuis AZF, davantage de réglementation mais pas plus de contrôles, selon un expert


<p/>Le cratère creusé par l’explosion de l’usine chimique AZF à Toulouse le 26 octobre 2001″ width=”245″ height=”163″ src=”data:image/png;base64,iVBORw0KGgoAAAANSUhEUgAAAAEAAAABCAQAAAC1HAwCAAAAC0lEQVR42mP89AcAAuYB8IMlp6YAAAAASUVORK5CYII=” data-sizes=”auto” data-optimumx=”1″ srcset=”https://pureactu.com/wp-content/uploads/2021/09/depuis-azf-davantage-de-reglementation-mais-pas-plus-de-controles-selon-un-expert-1.jpg 992w”></div>
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<p class=Les règles de stockage du nitrate d’ammonium ont été durcies en France depuis l’explosion de l’usine AZF à Toulouse en 2001, mais les contrôles restent trop peu nombreux, déclare à l’AFP Paul Poulain, consultant spécialisé en sécurité incendie et dans la maîtrise des risques industriels, qui publie l’enquête “Tout peut exploser”, le 15 septembre chez Fayard.

Q: Quelles ont été les principales évolutions réglementaires en France sur le nitrate d’ammonium depuis l’explosion d’AZF il y a 20 ans?

R: “Ce sont essentiellement les règles de stockage qui ont évolué: on est plus exigeant, on en stocke moins côte-à-côte, ou en plus petite quantité. Néanmoins, la France n’a pas exigé de système de détection incendie et d’extincteurs se déclenchant automatiquement comme il en existe aux Etats-Unis à partir d’un certain seuil. Cela renchérirait trop le coût des engrais, donc de la production agricole et donc de l’alimentation”.

Q: Comment est classifiée administrativement la dangerosité du nitrate d’ammonium ?

R: “Il existe deux nomenclatures différentes pour le nitrate d’ammonium stocké dans les installations classées pour la protection de l’environnement” (ICPE) qui comprennent en France toute ‘exploitation industrielle ou agricole susceptible de créer des risques ou de provoquer des pollutions ou nuisances, pour la sécurité et la santé des riverains’:

– La rubrique 4701 des ICPE porte sur le nitrate d’ammonium minier, utilisé comme explosif sur les chantiers et dans les carrières d’extraction. C’est celui qui est en cause pour AZF, ainsi que vraisemblablement lors de l’explosion du port de Beyrouth début août 2020 qui a fait 200 morts et plus de 6.000 blessés.

– La rubrique 4702 porte sur le nitrate d’ammonium dit agricole, ou ammonitrate, utilisé pour la fabrication d’engrais solides azotés destinés à fertiliser les champs.

L’ammonitrate agricole détone moins rapidement que le minier, car il a une formulation chimique légèrement différente. Mais tous les deux relèvent de la directive européenne numéro 2012/18/UE du 4 juillet 2012, dite Seveso 3 sur les matières dangereuses, revue et entrée en vigueur en France le 1er janvier 2015.

Q: Où est stocké le nitrate d’ammonium en France et comment sont contrôlées les installations ?

R: “Il est stocké dans les carrières, les sites miniers, les ports ou autres lieux de transit, ainsi que les coopératives agricoles et chez les agriculteurs.

A Ambès en Gironde, le producteur d’engrais Yara est autorisé à en stocker jusqu’à 68.000 tonnes: 25 fois plus que le volume stocké à Beyrouth.

La majeure partie des coopératives agricoles sont soumises à déclarations et contrôles périodiques.

Mais on ne connaît pas le nombre total de sites stockant de l’ammonitrate en dessous de 250 tonnes, c’est le ministère de l’Agriculture qui les gère. Aux Etats-Unis, le seuil de déclaration est à 454 kilogrammes, à 300 en Belgique et à 100 en Allemagne.

On n’a pas non plus d’information précise sur les stockages sur les ports fluviaux, et cela n’a pas changé après AZF, ni même après Beyrouth.

Par ailleurs, le problème est moins la réglementation que l’application de la réglementation. Ce qui compte, ce sont les contrôles, et le nombre d’inspecteurs. Or, si le nombre d’inspections de sites dangereux avait beaucoup augmenté juste après AZF, à 30.000 par an en 2006 pour quelque 500.000 sites industriels dangereux répertoriés au total, il est redescendu à 18.000 en 2019. On s’en est rendu compte au moment de l’incendie de l’usine Lubrizol en septembre 2019 à Rouen. Depuis, Barbara Pompili et Gérald Darmanin ont annoncé une augmentation de 50% du nombre d’inspecteurs, qui est rassurante, mais ne va pas être suffisante pour rattraper le niveau de 2006″.

(Propos recueillis par Isabel Malsang)