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Dernière ligne droite avant des élections en Catalogne qui pourraient ne rien régler

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Dernière ligne droite avant des élections en Catalogne qui pourraient ne rien régler

La Catalogne aborde la dernière ligne droite avant des élections, jeudi, visant à remplacer ou réinvestir ses dirigeants indépendantistes destitués par Madrid, un scrutin crucial pour l’Espagne que leur tentative de sécession a plongé dans sa pire crise depuis 40 ans.

Le 21 décembre “l’enjeu est énorme, pour tous les Catalans et le reste de l’Espagne”, soulignait jeudi la ministre de la Santé Dolors Montserrat, une Catalane, membre du Parti populaire du chef du gouvernement Mariano Rajoy.

La situation en Catalogne s’est hissée en deuxième position sur la liste des sujets d’inquiétude des Espagnols, juste après le chômage. Et les drapeaux d’Espagne apparus en octobre restent accrochés à de nombreux balcons des grandes villes.

Les élections régionales du 21 décembre permettront de désigner les 135 élus du parlement de Catalogne, dominé par les indépendantistes depuis 2015.

Tout l’enjeu est donc de savoir quelle sera leur force dans le futur parlement et s’ils continueront à poser un risque pour la stabilité du pays. S’ils revenaient au pouvoir, les élections n’auraient rien réglé.

Après la déclaration d’indépendance unilatérale votée au parlement de Catalogne le 27 octobre, Mariano Rajoy avait destitué le gouvernement régional et dissous le parlement, convoquant ce nouveau scrutin pour tuer dans l’oeuf la tentative de sécession.

Certains sécessionnistes, dont le président destitué Carles Puigdemont, présentent ces élections comme un nouveau référendum sur l’autodétermination, après celui, interdit, du 1er octobre qu’ils assurent avoir emporté malgré l’intervention parfois violente de la police.

Ils considèrent que s’ils gagnent, Rajoy sera acculé à une négociation.

– Campagne surréaliste –

Ils mènent une campagne surréaliste. M. Puigdemont, recherché en Espagne pour “rébellion et sédition” et exilé à Bruxelles, multiplie les interventions par vidéo conférence et sur les réseaux sociaux.

Il a même reçu la visite de 45.000 partisans le 7 décembre, armés de pancartes réclamant à l’Union européenne de s’impliquer dans le conflit.

Son ex vice-président, l’indépendantiste Oriol Junqueras, lui aussi visé par ces poursuites, est en prison, mais reste la tête de liste de son parti, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), qui arrive premier dans la plupart des sondages.

Leur campagne est axée sur la dénonciation de violations des droits des Catalans par le gouvernement central, mais confuse sur le fond, certains élus se prononçant pour une nouvelle rupture avec Madrid et d’autres admettant qu’il faudra temporiser.

Pendant ce temps à Madrid, la poussée de fièvre indépendantiste occupe presque à plein temps le gouvernement. Seules une dizaine de lois ont été approuvées depuis début 2017, contre 48 en 2015. De nombreuses régions se plaignent d’être délaissées.

Les partis favorables à l’unité accusent les indépendantistes d’avoir causé un grand tort à la Catalogne, un des moteurs économiques de l’Espagne.

“Le mal est déjà fait et il a été très important”, a déclaré cette semaine Soraya Saenz de Santamaria, la vice-présidente du gouvernement en déplorant la chute du tourisme. “Il faut éviter qu’il devienne chronique”.

Il faut parler “de sujets qui nous unissent”, plaide pour sa part Inès Arrimadas, chef de file de Ciudadanos (centre-droit) en Catalogne, qui promet de tenter de réconcilier les Catalans en s’occupant du chômage, des investissements et des touristes.

– Les Catalans restent divisés –

Dans la plupart des sondages, ERC et Ciudadanos sont au coude à coude, suivis de la liste indépendante de Puigdemont, du Parti socialiste, de l’allié régional de Podemos (Catalunya en Comu, extrême gauche). Le Parti populaire de Rajoy perdrait encore des voix et se dispute la dernière place avec l’extrême gauche indépendantistes CUP.

Ni les indépendantistes ni les partisans de l’unité de l’Espagne ne sont assurés d’une majorité décisive, ce qui augure de longues tractations pour former une coalition.

Mais les électeurs sont ultramobilisés: “Les deux camps vont gagner des voix”, estime le politologue Pablo Simon, “mais la formation du gouvernement sera très complexe”.

Elle pourrait déboucher sur une situation ubuesque, comme l’investiture d’un président en exil ou emprisonné.

La probabilité du maintien au pouvoir d’une coalition indépendantiste reste la plus élevée, selon les sondages.

Mais le scénario de rupture unilatérale est écarté, selon Pablo Simon. Il considère que les indépendantistes ont compris qu’ils ne jouissaient pas encore d’assez de soutiens ni surtout du Graal de la reconnaissance qu’ils ont demandé en vain à l’Union européenne.

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