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Des débuts triomphants à l’abandon: les primaires amères de Bernie Sanders

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Des débuts triomphants à l’abandon: les primaires amères de Bernie Sanders

La victoire semblait à portée de main pour Bernie Sanders en début d’année. Mais dans un retournement spectaculaire, le candidat modéré Joe Biden a repris l’ascendant début mars, avant que la campagne ne soit soudainement paralysée par la pandémie de coronavirus.

Retour sur les rebondissements d’une primaire démocrate hors normes qui a poussé le sénateur septuagénaire à abandonner, une deuxième fois, ses ambitions présidentielles.

– Démarrage aux antipodes –

Bernie Sanders, 78 ans, et l’ancien vice-président Joe Biden, 77 ans, connaissent des débuts de primaires bien différents en février.

Concerts de rock, volontaires galvanisés: malgré une récente crise cardiaque, le sénateur indépendant attire, avec son programme très à gauche, les plus grosses foules, dont de nombreux jeunes, tout en remportant le vote populaire dans les trois premiers Etats des primaires démocrates.

De son côté, Joe Biden enchaîne les cuisants revers dans l’Iowa et le New Hampshire, où il n’arrive que quatrième et cinquième. Des résultats humiliants pour une telle personnalité politique, et dont aucun candidat n’est jamais, auparavant, parvenu à se relever.

– Caroline du Sud, le tournant –

Mais alors que les donateurs commencent à fuir, l’équipe du septuagénaire s’accroche à sa stratégie: la Caroline du Sud, où plus de la moitié des électeurs démocrates sont noirs, démontrera la force de Joe Biden chez cet électorat essentiel pour tout démocrate rêvant de remporter la Maison Blanche.

Et le 29 février, cet Etat du Sud donne non seulement la victoire à l’ancien bras droit de Barack Obama, il lui accorde aussi une énorme avance sur Bernie Sanders.

Surtout, les autres candidats du peloton de tête –Pete Buttigieg, Elizabeth Warren et Amy Klobuchar– confirment leurs mauvais scores chez les minorités.

Un handicap trop lourd pour continuer, préviennent les stratèges démocrates.

– Rassemblement des modérés –

Plusieurs en tirent rapidement les conséquences.

Dès le lendemain, Pete Buttigieg, ex-maire et jeune révélation de ces primaires, jette l’éponge. Il est suivi par la sénatrice Amy Klobuchar.

Dans une mise en scène triomphale, Joe Biden affiche, le 2 mars, leurs soutiens lors d’un meeting.

Un temps favorite, la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, elle, reste en lice.

– “Super Tuesday” de Biden –

Porté par sa victoire et le ralliement soudain des modérés, Joe Biden arrive avec un grand élan au “Super Tuesday”, une avalanche de scrutins avec 14 Etats en lice.

Non seulement ce vieux lion de la politique remporte plusieurs Etats avec une marge plus confortable que prévue, mais il crée aussi la surprise en arrachant le Massachusetts, fief d’Elizabeth Warren, le Texas, le Minnesota… Malgré une très belle prise avec la Californie, Bernie Sanders perd pied.

Du même coup, Joe Biden provoque l’effondrement de la candidature du milliardaire Michael Bloomberg, malgré plus d’un demi-milliard de dollars de sa fortune investis dans sa campagne publicitaire.

Avec des caisses presque vides, l’ancien vice-président contredit du même coup un autre grand adage de la politique américaine: l’argent est roi.

– “Débat idéologique” –

Deux jours plus tard, Elizabeth Warren jette l’éponge. Mais la progressiste, qui joue en partie sur le terrain de Bernie Sanders son “ami” de trente ans, ne lui déclare pas son soutien.

Malgré une nouvelle série d’échecs, le 11 mars, dont une lourde en symboles dans le Michigan, bastion industriel de Midwest, Bernie Sanders s’accroche en mettant au défi Joe Biden de donner des gages à l’aile plus progressiste du parti.

Sur le climat, le système de santé, la dette étudiante, ce défenseur d’une “révolution politique”, qui a poussé vers la gauche tout le parti démocrate depuis sa candidature malheureuse en 2016, estime être en train de gagner le “débat idéologique”.

Mais il admet n’avoir pas su convaincre qu’il est le mieux placé pour battre Donald Trump, objectif prioritaire des électeurs démocrates pour le 3 novembre.

Bernie Sanders sort K.O d’un nouveau round de votes lors du mini “Super Tuesday” du 17 mars. Joe Biden prend une avance désormais insurmontable.

– Crise du coronavirus –

La primaire démocrate bascule le 10 mars sous le coup de la pandémie: Bernie Sanders et Joe Biden annulent au dernier moment leurs grands meetings de soirée électorale pour éviter la propagation du coronavirus. Une première.

Depuis, les candidats n’ont pratiquement pas quitté leur domicile, faisant campagne sur internet. Le sénateur concentre ses interventions sur les ravages sanitaires et économiques du virus, évoquant à peine la campagne.

Une quinzaine de primaires ont été reportées, et les résultats de celle du Wisconsin, organisée mardi, ne seront pas révélés avant la semaine prochaine.

Dans cette campagne paralysée, Bernie Sanders a annoncé mercredi qu’il jetait l’éponge.

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