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Des milliers de Syriens vont quitter le camp de déplacés surpeuplé d’Al-Hol

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Des milliers de Syriens vont quitter le camp de déplacés surpeuplé d’Al-Hol

Des milliers de Syriens, dont des familles de jihadistes du groupe Etat islamique (EI), vont être libérés du camp de déplacés surpeuplé d’Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, ont annoncé lundi les autorités locales kurdes.

Ces derniers mois, plusieurs ONG ont tiré la sonnette d’alarme sur les conditions de vie et le manque de soins médicaux dans le camp d’Al-Hol, où vivent dans le plus grand dénuement 64.377 personnes, selon des données de l’ONU.

Parmi eux, environ 24.300 Syriens, des milliers d’Irakiens, mais également d’autres étrangers et des enfants. Certains sont des déplacés ayant fui les combats des forces kurdes contre l’EI et n’ayant nulle part où aller, d’autres sont des proches de jihadistes.

“Les Syriens vont quitter le camp d’Al-Hol et seuls les étrangers vont y rester”, a indiqué à l’AFP Riyad Derar, coprésident du Conseil démocratique syrien, la vitrine politique de la coalition militaire dominée par les Kurdes qui contrôlent le nord-est de la Syrie.

“Les familles syriennes des combattants de l’EI seront également libérées”, a-t-il ajouté sans fournir de détails sur le mécanisme ou le calendrier de l’initiative, en cours de discussions. Les combattants, en prison, ne sont pas concernés.

M. Derar a précisé que les Irakiens sont aussi autorisés à partir s’ils le souhaitent, mais nombreux sont ceux qui préfèrent rester, craignant la prison en Irak pour leurs liens présumés avec l’EI.

Le camp d’Al-Hol a connu ces derniers mois plusieurs incidents sécuritaires impliquant des partisans de l’EI, dont des tentatives d’évasion et des attaques contre des gardes ou des employés d’ONG.

– “politique locale pragmatique” –

Ces derniers mois, les autorités kurdes ont libéré des familles syriennes à l’issue de médiations avec des chefs tribaux. Depuis l’été 2019, quelque 4.345 Syriens ont ainsi quitté Al-Hol, selon l’ONU.

Le 6 août, les premiers cas de nouveau coronavirus ont par ailleurs été rapportés à Al-Hol. Depuis, deux résidents du camp ont contracté le virus, ainsi que vingt travailleurs, principalement des soignants, selon un rapport onusien daté de fin septembre.

La décision de laisser sortir les Syriens d’Al-Hol représente “l’apogée d’une politique locale pragmatique” entre l’administration kurde et les tribus arabes, affirme à l’AFP l’analyste Nicholas Heras, de l’Institute for the Study of War.

A la faveur de la lutte contre l’EI, les forces kurdes soutenues par une alliance dirigée par les Etats-Unis ont conquis des territoires de l’est et du nord-est syriens, où le pouvoir local est traditionnellement aux mains de chefs tribaux.

Pour consolider son emprise et atténuer le scepticisme des populations, la principale coalition militaire dominée par les Kurdes, les Forces démocratiques syriennes (FDS), a intégré des combattants arabes locaux et coopère étroitement avec les tribus.

Les Kurdes “ne peuvent pas retenir ces femmes et ces enfants à Al-Hol et en même temps préserver un rapport fonctionnel avec les tribus”, selon M. Heras.

En mars 2019, les forces kurdes soutenues par Washington ont annoncé la fin du “califat” de l’EI, autoproclamé en 2014, en Syrie.

Le conflit en Syrie, déclenché en mars 2011 avec la répression de manifestations prodémocratie par Damas, s’est transformé en une guerre complexe impliquant des groupes jihadistes et des puissances étrangères.

La guerre en Syrie a fait plus de 380.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

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