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Drame de Furiani: l’Assemblée ne veut plus de matches de football le 5 mai

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Drame de Furiani: l’Assemblée ne veut plus de matches de football le 5 mai

Afin de “ne jamais oublier”, l’Assemblée nationale a voté jeudi pour un jour sans match de football professionnel les 5 mai en France, en hommage aux 18 morts et milliers de blessés de la catastrophe du stade de Furiani, le 5 mai 1992 en Corse.

Portée par le député corse Michel Castellani (Libertés et territoires), la proposition de loi a été adoptée en première lecture à la quasi unanimité et doit maintenant être examinée par le Sénat.

Présent au stade il y a près de 30 ans pour cette demi-finale de Coupe de France entre Bastia et l’Olympique de Marseille, Michel Castellani a raconté dans l’hémicycle les “grincements de la tribune Nord branlante”, une tribune provisoire “construite à la hâte” pour augmenter la capacité du stade.

“J’ai demandé à mon fils de descendre et de rester plus bas. Bien d’autres n’ont pas eu cette chance”. Avant le coup d’envoi, vers 20H20, “le bruit terrible tel un train qui passe dans mon dos” et le drame: 18 morts et “2.357 blessés”, après la chute de la partie haute de cette tribune.

Ce fut “une tragédie nationale, une des pages les plus sombres de l’histoire sportive” française, a souligné la ministre des Sports Roxana Maracineanu, qui a soutenu le texte, comme les députés de la majorité.

Depuis, le collectif des victimes réclame l’interdiction des matches le 5 mai, mais fait face aux réticences de la Ligue et de la Fédération, gênées dans l’organisation de leurs compétitions.

Le vote de l’Assemblée est une “énorme satisfaction. C’était impensable pour les familles qu’on puisse jouer au football le jour de la plus grande catastrophe du sport français”, a réagi Josépha Guidicelli, présidente du collectif.

“Il aura fallu 28 années de combat inlassable”, a insisté le président nationaliste du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, en remerciant les députés.

Le club de Bastia a aussi salué “un jour historique”.

– “Pas insurmontable” –

La proposition de loi prévoit de modifier le code du sport pour “qu’aucune rencontre” de Ligue 1, Ligue 2, Coupe de France ou Trophée des Champions ne soit jouée le 5 mai.

“Reporter les matches ne me semble pas insurmontable”, a estimé Mme Maracineanu, tout en reconnaissant que l’organisation des manifestations sportives ne relève pas du législatif, mais des instances, Fédération et Ligue de football professionnel.

En juillet 2015, le secrétaire d’État aux Sports Thierry Braillard avait mis en place le gel des matches pour les seuls samedis 5 mai, et organisé dans les autres cas des hommages aux victimes: minutes de silence, brassards noirs ou applaudissements.

“Si on peut déplacer les matches lorsqu’il s’agit d’un samedi, je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas possible les autres jours de la semaine”, a jugé Roxana Maracineanu, qui a évolué sur le sujet, puisqu’elle reconnaissait en avril sur RMC “ne pas avoir d’avis” sur l’interdiction des matches le 5 mai.

– “Légiférer sur l’émotion” –

La proposition de loi a obtenu un soutien de tous les bancs politiques avec 85 voix pour, une abstention et un vote contre de la députée LREM Anne-Christine Lang.

Tout en faisant part de sa “compassion”, l’élue de Paris a estimé qu’il n’appartenait pas aux députés de “légiférer sur l’émotion” et que les commémorations ne relevaient pas du “registre législatif”.

La députée MoDem Géraldine Bannier a voté la proposition de loi mais s’est “interrogée sur la jurisprudence qu’elle pourrait engendrer pour d’autres événements tragiques à venir”.

Tous les autres parlementaires se sont succédé à la tribune pour soutenir le texte, certains rappelant que peu après le drame, le président François Mitterrand avait assuré “qu’aucun match ne serait joué le 5 mai”.

Plusieurs élus ont aussi critiqué les réticences des instances sportives sur le sujet, la gauche s’en prenant à la “cupidité” de la Ligue et de la Fédération.

Sur Twitter, la ministre des Sports a estimé que la sanctuarisation du 5 mai “aurait sans doute pu trouver une réponse concertée avec les instances du football sans passer par la loi” et a invité la Fédération et la Ligue à “continuer et amplifier le travail de commémoration déjà mis en œuvre”. Les deux instances n’ont pas réagi.

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