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Effondrement du viaduc Morandi : le gouvernement italien s’en prend à Atlantia et à l’UE

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Effondrement du viaduc Morandi : le gouvernement italien s’en prend à Atlantia et à l’UE

Le gouvernement populiste italien a déclaré la guerre à Autostrade per l’Italia, la société autoroutière gestionnaire, après l’effondrement partiel du viaduc Morandi à Gênes. Il cible aussi la responsabilité de l’Union européenne dans le drame.

Alors que sur place, les grues et les pelleteuses continuaient jeudi 16 août de déblayer les décombres, dans le but de trouver des personnes encore portées disparues après l’effondrement du viaduc Morandi à Gênes, qui a fait au moins 39 morts, le gouvernement italien passe à l’action.

Mercredi soir, il a décrété l’état d’urgence pour un an à Gênes, offrant un cadre normatif pour la gestion du site et l’assistance aux plus de 630 personnes évacuées et dont les habitations, en contrebas de ce qui reste du pont, sont condamnées.

Par ailleurs, le gouvernement veut révoquer la concession d’Autostrade per l’Italia, la société gestionnaire du viaduc Morandi, filiale du groupe Atlantia. Plusieurs poids-lourds du gouvernement ont même réclamé une remise à plat de toutes les concessions. “Nous ne pouvons pas attendre la justice pénale”, a fait valoir Giuseppe Conte. Et le président du Conseil italien de poursuivre : “Autostrade avait le devoir et l’obligation, l’engagement, d’assurer l’entretien de ce viaduc et la sécurité de tous ceux qui voyageaient dessus”.

Bras de fer entre le gouvernement et le concessionnaire du viaduc

“À ceux qui demandent pourquoi on meurt après avoir acquitté le péage, nous devions répondre immédiatement”, a expliqué le vice-Premier ministre Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 étoiles (M5S, populiste). L’autre vice-Premier ministre, Matteo Salvini (Ligue, extrême droite), a suggéré que la société suspende plusieurs péages pour quelques semaines et vienne immédiatement en aide aux victimes et à la ville. “Nous avons débloqué 5 millions d’euros, ils devraient offrir 500 millions !”, a-t-il lancé.

>> À lire : L’Italie va auditer ses infrastructures après l’effondrement d’un viaduc à Gênes

La société Autostrade per l’Italia, qui appartient au groupe Atlantia, lui-même contrôlé par la famille Benetton, a réagi mercredi soir en évoquant le sérieux de ses contrôles de sécurité. Elle a aussi assuré travailler “d’arrache-pied” à la reconstruction du pont, qui pourrait “être achevé dans les cinq mois” une fois le site accessible après la fin des recherches et des relevés d’enquête.

Jeudi, le groupe Atlantia a dénoncé pour sa part une annonce “faite en l’absence de toute contestation spécifique” et “de toute certitude sur les causes effectives” du drame. Dans l’hypothèse d’une révocation de la concession, le groupe prévient qu'”il revient au concessionnaire d’évaluer la valeur résiduelle de la concession, une fois les éventuelles pénalités déduites”. En d’autres termes, la révocation de la concession du viaduc Morandi pourrait coûter plusieurs milliards d’euros à l’État italien.

L’UE empêche “les investissements qui sauvent des vies”, selon Salvini

Outre la société Autostrade per l’Italia, le gouvernement italien cible aussi la responsabilité de l’Union européenne dans le drame de l’effondrement partiel du viaduc Morandi.

“S’il y a des engagements extérieurs qui nous empêchent de dépenser l’argent que nous devrons mettre pour la sécurité des écoles et des autoroutes, il faudra se poser la question de continuer à respecter ces engagements”, avait déclaré mardi le vice-Premier ministre, Matteo Salvini. La figure de l’extrême droite italienne a aussi dans sa ligne de mire la politique d’austérité de l’UE, accusée d’empêcher “les investissements qui sauvent des vies, des emplois et le droit à la santé” à cause de “calculs rigides” et de “règles imposées par l’Europe”.

>> À lire : À Gênes, les secours à pied d’œuvre pour retrouver des survivants dans les décombres du viaduc

La Comission européenne a répondu jeudi au dirigeant italien en assurant avoir encouragé l’Italie à investir dans ses infrastructures, et en rappelant que les États membres étaient “libres de fixer des priorités politiques spécifiques, par exemple le développement et l’entretien des infrastructures”.

L’Italie observera samedi 18 août une journée de deuil national, à l’occasion d’une cérémonie de funérailles solennelles dans la matinée à la Fiera de Gênes, un centre d’expositions.

Avec AFP

Première publication : 16/08/2018

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