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Elections au Honduras, marquées par des craintes de fraude

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Elections au Honduras, marquées par des craintes de fraude

Des millions de Honduriens se rendaient aux urnes dimanche pour élire leur président dans une atmosphère tendue, l’actuel chef de l’Etat Juan Orlando Hernandez, qui vise une réélection interdite par la Constitution, suscitant les critiques de ses adversaires et des craintes de fraude.

Aucun incident n’a cependant été relevé à la mi-journée. Le gouvernement a déployé plus de 35.000 policiers et soldats dans tout le pays afin de garantir la sécurité du vote, a indiqué le ministre de la Sécurité, Julián Pacheco.

“Avec la police nationale et les forces armées du Honduras, nous avons la responsabilité de garantir ce processus, qui doit connaître une des plus fortes participations de l’histoire du pays et auquel a été apportée la sécurité la plus élevée”, a-t-il ajouté.

Mais la décision de la Cour constitutionnelle d’autoriser la candidature de l’actuelle président, M. Hernandez, alors que la Constitution interdit toute réélection, est dénoncée par l’opposition, qui y voit une tentative de fraude.

Dans ce petit pays au c?ur du “triangle de la mort” de l’Amérique centrale, miné par les gangs et la pauvreté et affichant un des plus forts taux d’homicide au monde, ces tensions peuvent rouvrir les blessures laissées par le coup d’Etat de 2009. L’ancien président Manuel Zelaya avait été chassé du pouvoir par l’armée, soutenue par la droite et le monde des affaires.

– Trois favoris –

A la première heure dimanche matin, le président a voté dans sa ville natale de Gracias (ouest), accompagné de sa fille et de députés du parti au pouvoir, le Partido Nacional (PN, droite).

“Quatre années de plus !”, reprenaient en coeur ses partisans qui l’entouraient lors du vote.

Arrivé au pouvoir en 2013 après des élections contestées par la gauche, Juan Orlando Hernandez, 49 ans, figure parmi les trois candidats, sur neuf, qui ont une chance de l’emporter lors de ce scrutin à un seul tour, selon les derniers sondages.

Salvador Nasralla, 64 ans, journaliste de télévision novice en politique, est le candidat de la coalition de partis de gauche Alianza de Oposicion contra la Dictadura (Alliance de l’opposition contre la dictature). Luis Zelaya, 50 ans, du Partido Liberal (PL), l’autre formation de droite du pays, figure aussi dans le trio de tête.

MM. Nasralla et Zelaya ont averti qu’ils ne reconnaîtraient pas une réélection du président Hernandez.

Le candidat libéral, M. Zelaya, a voté dans la ville de Santa Lucía, près de la capitale Tegucigalpa, où il a estimé qu’il s’agissait d’un “processus atypique avec une réélection illégale”.

M. Nasralla a visité plusieurs bureaux de vote de la capitale et appelé à rester vigilant sur de possibles irrégularités et à les dénoncer aux observateurs internationaux.

– 16.000 observateurs –

Dans le quartier de Nueva Suyapa à Tegucigalpa, José Cerrato, maçon de 69 ans, s’apprêtait à voter Hernandez dans l’école transformée en bureau de vote.

“Je suis conscient de tout ce qu’a fait le gouvernement. La délinquance est un grand danger ici, tu sors de chez toi et tu ne sais pas si tu vas revenir. Mais avant c’était encore plus dangereux”, a-t-il dit à l’AFP.

Dans la même école, l’activiste et opposante de gauche Yamileth González, candidate suppléante, dénonce le parti au pouvoir, qui a offert selon elle de la nourriture et de l’argent pour acheter des votes pour le président.

Le Tribunal suprême électoral (TSE) assure que ces élections seront “les plus scrutées de l’histoire”, avec la présence de 16.000 observateurs, dont 600 venus de l’Union Européenne (UE), et d’autres venus notamment de l’Organisation des Etats américains (OEA).

– ‘Climat de crispation’ –

Mais pour l’analyste politique Victor Meza, du Centre de documentation du Honduras, “il y a un climat de crispation”. “Pour la première fois, ce n’est pas une lutte entre conservateurs et libéraux, mais entre une dictature et la démocratie”.

“La démocratie est en danger depuis que l’autoritarisme présidentiel a commencé à se renforcer”, a-t-il ajouté.

Les plus de six millions d’électeurs pourront voter jusqu’à 16H00 locales (22H00 GMT), mais les bureaux de vote restent habituellement ouverts une heure de plus.

Outre les municipalités du Honduras, sept villes des Etats-Unis permettent aux expatriés honduriens de voter.

Les premiers résultats sont attendus à 19H30 (01H30 GMT lundi).

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