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En 1976 à Nice: le casse du siècle sans “violence, ni haine”

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En 1976 à Nice: le casse du siècle sans “violence, ni haine”

Un tunnel, des chalumeaux, du vin et un message aux policiers: à l’été 1976, la Société Générale de Nice est le théâtre du “casse du siècle”, dont le “cerveau” présumé Jacques Cassandri est jugé lundi à Marseille.

Les cambrioleurs avaient choisi un week-end, les 16 et 17 juillet 1976. Pendant deux jours et deux nuits, ils dévalisent près de 200 coffres de particuliers, sans oublier le coffre-mural donnant sur l’avenue Jean-Médecin. Argent liquide, lingots, bijoux… le butin, difficile à évaluer dans un premier temps et qui n’a jamais été retrouvé, a été estimé à 46 millions de francs.

Le vol n’est découvert que le lundi en fin de matinée lorsque la direction de la banque s’aperçoit que la porte d’accès à la salle des coffres est mystérieusement bloquée.

“Les gangsters, avaient pris soin, avant de disparaître, de (la) souder de l’intérieur au chalumeau”, rapporte alors l’AFP.

“Cette opération est digne des meilleurs +policiers+, entendait-on autour du groupe de policiers tentant de remonter en sens inverse le chemin emprunté dans les gangsters dans les égouts de Nice. +Touchez-pas au grisbi+ de Jacques Becker et +Mélodie en sous-sol+ d’Henri Verneuil étaient les deux titres revenant le plus souvent dans les conversations des Niçois informés de la nouvelle du +casse+”, relate un journaliste de l’Agence.

Les enquêteurs découvrent rapidement que la mise à sac de la banque — située à moins de 200 mètres de la Sûreté urbaine — a été préparée par un groupe d’au moins six cambrioleurs, selon un scénario minutieusement élaboré.

– Bouteilles et photos coquines –

Les malfaiteurs ont d’abord transporté une trentaine de bonbonnes d’acétylène à bord d’une camionnette le long d’une voie souterraine, réservée à la voirie, entre le théâtre de Nice et le casino municipal sur une distance de 1,5 km. Puis, ont effectué les derniers 400 mètres à bord de canots pneumatiques, avant d’atteindre un tunnel de huit mètres de long qu’ils avaient eux-mêmes creusés.

“Ils ont creusé le boyau exactement au niveau qui permettait de faire basculer le coffre de 5 tonnes qui était adossé à la paroi par laquelle ils ont pénétré dans la salle des coffres. Une erreur même minime aurait fait échouer ce travail”, explique à la presse le commissaire principal de la police judiciaire de Nice, Jacques Besson.

“C’est une équipe éclectique, composée de techniciens du +casse+, qui a réussi cette opération gigantesque. Des spécialistes du +dessoudage+ ont découpé au chalumeau les coffres-forts. Des électriciens ont acheminé des centaines de mètres de câbles à travers les canalisations d’égout pour permettre d’éclairer les baladeuses nécessaires à la construction du tunnel. Des maçons ont cimenté intégralement les parois du tunnel creusé à hauteur d’homme pour éviter un éboulement et faciliter le passage des sacs remplis de richesse”, raconte l’AFP.

Dans le sous-sol de la banque, les gangsters, qui n’ont laissé aucune empreinte, ont “tranquillement pris leurs aises”, précise le journaliste.

Les murs ont été “égaill(és) à l’aide d’une série de photos pornographiques” et l’argenterie retirée des coffres transformée en “vase de nuit”.

Les enquêteurs y retrouvent “des restes de repas – potage, croûtons de pain… -, des bouteilles de vin et des paquets de cigarettes encore pleins”, ainsi qu’un message des cambrioleurs : “ni coup de feu, ni violence, ni haine”.

Le lendemain, l’AFP décrit des scènes de panique dans la banque, prise d’assaut par des centaines de clients “surexcités pressés de savoir si le numéro de la clef de leur coffre était couché sur la liste fatidique des coffres fracturés”.

Alors que le directeur de l’établissement tente tant bien que mal d’interdire l’accès à la salle des coffres, “un verre d’eau de vie (doit) être servi à une dame défaillante après l’annonce de la disparition de ses bijoux”.

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