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En Algérie, les lycéens dans la rue, interrogations sur un retour de Bouteflika

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En Algérie, les lycéens dans la rue, interrogations sur un retour de Bouteflika

Des milliers de lycéens ont défilé dimanche en Algérie contre la candidature à un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, l’arrivée d’un avion gouvernemental algérien depuis Genève laissant supposer un retour du chef de l’Etat qui était hospitalisé en Suisse.

Un avion aux couleurs du gouvernement algérien a décollé dimanche de Genève peu après l’arrivée à l’aéroport d’un convoi venant de l’hôpital où le président Bouteflika était hospitalisé depuis le 24 février, a constaté un journaliste de l’AFP. Il est arrivé peu après 16H50 GMT en Algérie selon des médias algériens.

Selon la télévision privée algérienne Dzaïr News, la sécurité a été renforcée autour de la base aérienne militaire de Boufarik, à environ 40 km au sud d’Alger, laissant augurer un retour du chef de l’Etat en Algérie, où il est la cible d’une contestation sans précédent depuis sa première élection en 1999.

Depuis le 22 février, les Algériens sont descendus massivement dans la rue pour demander au président, affecté depuis 2013 par les séquelles d’un AVC et qui ne fait plus que de rares apparitions publiques, de renoncer à briguer un 5e mandat lors de l’élection du 18 avril.

Dimanche, dans le centre d’Alger, où les klaxons –expression de contestation– ont résonné toute la journée, un millier de lycéens, drapeaux algériens à la main ou noués autour du cou pour certains, se sont rassemblés durant plusieurs heures en criant “Hé, Bouteflika, pas de 5e mandat” avant de se disperser dans le calme en fin d’après-midi.

– Universités occupées –

Des défilés lycéens ont été signalés dans divers quartiers de la capitale et dans plusieurs villes du pays, où de nombreux lycées sont fermés ce dimanche, premier jour de semaine en Algérie et journée d’appel à la grève générale sur les réseaux sociaux.

Etudiants et enseignants occupent également plusieurs universités du pays, refusant de se plier à la décision des autorités, la veille, d’avancer d’une dizaine de jours à dimanche les vacances universitaires et de les allonger de fait d’autant.

Ils sont en grève dans plusieurs universités du pays depuis plusieurs jours. Une décision de fermer les cités universitaires durant ces vacances avancées, ce qui aurait contraint les étudiants, nombreux dans les manifestations qui ont débuté le 22 février, à rentrer chez eux, a été rapidement annulée face au tollé.

Une nouvelle marche estudiantine est prévue mardi pour la 3e semaine consécutive.

L’appel à la grève générale a été diversement suivi dans le pays et dans la capitale. A Alger, aucun train – de banlieue ou grande ligne – ne part des gares de la capitale et aucun métro, tramway ou bus ne circule.

Une majorité de magasins du centre commerçant de la capitale algérienne n’ont pas ouvert. Le marché Reda Houhou, ex-Clauzel, dans le centre, a fonctionné, mais une partie des commerçants n’ont pas rejoint leur étal.

De nombreuses boutiques du quartier populaire de Bab el Oued ou de Zéralda, en banlieue, sont aussi fermées, ont témoigné des habitants.

Dans le quartier de Belouizdad, à cinq kilomètres du centre-ville, quelques magasins de l’artère principale sont restés fermés, mais les supérettes, cafés et boulangeries étaient ouverts, selon un habitant. La situation était similaire à Saoula, dans la banlieue sud d’Alger.

La plupart des administrations ont semblé fonctionner, de même que les entreprises privées.

En revanche, “tout le monde” s’est mis “en grève”, au siège de la Société nationale des Véhicules industriels (SNVI) dans la banlieue est d’Alger, selon un des 6.000 employés de cette entreprise publique de fabrication de camions, bus, véhicules de secours etc…

Les employés du fournisseur national d’électricité et de gaz Sonelgaz ont fait grève une heure dans la matinée et recommenceront toute la semaine, a indiqué un salarié. Aucun vol de la compagnie aérienne nationale Air Algérie n’était annoncé annulé.

Hors de la capitale, la situation a été également contrastée, selon les témoignages recueillis par l’AFP.

– Débrayages –

A Oran (nord-ouest), deuxième ville du pays, “on n’a pas l’impression qu’il y a une grève générale”, a indiqué un journaliste local en affirmant que de nombreux commerces étaient ouverts.

A Constantine (nord-est), troisième ville du pays, commerces ouverts et fermés sont à parité, a rapporté un journaliste local.

A Annaba, quatrième ville du pays, en revanche, tous les marchés, commerces et administrations sont fermés, selon un journaliste de la ville.

A Béjaia, dans la région de Kabylie (nord) “tout est fermé”: lycées, collèges, administrations et entreprises, affirme à l’AFP Achour Idir, un syndicaliste du secteur de l’Education, qui décrit une “paralysie totale de la ville”.

Dans un tweet, le conglomérat Cevital (agroalimentaire, grande distribution, industrie et services), plus important groupe privé algérien, s’est déclaré “solidaire avec le mouvement de grève générale (…) pour réclamer un changement de système” en Algérie.

Cévital a été fondé et est la propriété d’Issad Rebrab, considéré comme la première fortune du pays, qui accuse depuis plusieurs années le gouvernement de bloquer ses investissements en Algérie.

Le site d’information TSA (Tout sur l’Algérie) signale aussi des grèves dans “plusieurs structures” de Sonatrach, l’entreprise nationale des hydrocarbures, sans préciser s’il s’agit de sites administratifs ou de production.

Des milliers de personnes ont également une nouvelle fois manifesté dimanche dans plusieurs villes de France contre la candidature de M. Bouteflika.