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En Allemagne, les pourparlers pour former un gouvernement patinent

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En Allemagne, les pourparlers pour former un gouvernement patinent

Les pourparlers lancés par Angela Merkel pour former son quatrième gouvernement en Allemagne patinent à mi-parcours, même si conservateurs, libéraux et Verts, tout en s’écharpant en public, semblent condamnés à s’entendre.

Un tour de table vendredi doit dresser un bilan à la mi-temps de ces négociations encore préliminaires.

“On s’est bien engueulés à un moment!”, a lâché le co-président des Verts, Cem Özdemir, à l’issue d’une des séances houleuses entre les quatre partis qui tentent d’élaborer un programme de gouvernement pour les quatre prochaines années.

Depuis plus de deux semaines, Angela Merkel et son camp conservateur (la CDU et son allié bavarois CSU) mènent à huis clos des discussions marathon avec les libéraux du FDP et les Verts.

L’alliance inédite entre des partis que tout semble séparer est la seule à pouvoir constituer une majorité gouvernementale viable et permettre à Angela Merkel, sortie affaiblie des élections du 24 septembre, d’enchaîner un quatrième mandat.

– Décision le 25 novembre –

Le calendrier est serré. Les Allemands devraient savoir le 25 novembre si les quatre formations continuent de négocier ou jettent l’éponge.

A cette date, les Verts doivent se prononcer en congrès sur la feuille de route détaillée qui aura été élaborée d’ici là avec leurs éventuels futurs alliés. Les autres se prononceront quelques jours auparavant.

L’objectif affiché est que le poids lourd économique de l’Europe ait un gouvernement pour Noël.

Jusqu’ici, quelques avancées ont été enregistrées en matière de politique budgétaire ou de retraites mais les discussions achoppent sur au moins trois dossiers phares: l’environnement, l’immigration et la réforme de l’UE.

Le ton est tellement monté lors d’une séance de négociations que le thème de la politique migratoire a été reporté sin die afin de laisser aux négociateurs le temps de faire des progrès sur des sujets moins explosifs.

Les conservateurs, soutenus par les libéraux, veulent donner un coup de barre à droite face à la menace de l’extrême droite qui a fait une entrée fracassante à la chambre des députés. La CSU, en particulier, entend ne rien céder face à des Verts qui privilégient une approche humanitaire.

Les écologistes, quant à eux, ne veulent rien lâcher sur les questions environnementales, mais le FDP refuse jusqu’ici tout compromis prônant une interdiction des véhicules diesel. La fermeture des centrales au charbon, qui condamnent actuellement l’Allemagne à rater ses objectifs de réductions de CO2, est une autre pomme de discorde.

– Mustisme de Merkel –

“Politiquement, nous sommes très éloignés”, a reconnu le patron des libéraux, Christian Lindner, dans le quotidien Bild. “Les chances (de parvenir à s’entendre) sont toujours à 50-50”, a-t-il ajouté. “C’est seulement à la toute fin qu’on aura de la visibilité”.

En public, les disputes vont bon train. Les Verts, via leur co-président, accusent le FDP de “continuer la campagne électorale”, les conservateurs bavarois ne font aucun mystère de leur dissenssions avec les écologistes. Quant à Angela Merkel, elle s’est jusqu’ici illustrée par son mutisme en public, bien qu’elle soit omniprésente dans la négociation.

Mais dans une Allemagne habitée par la culture du compromis, les positions pourraient se rapprocher en coulisses. Selon des participants aux négociations, chacun se montre plus conciliant une fois la porte refermée.

“Ce n’est pas notre coalition souhaitée. Mais si on discute pendant cinq semaines” sans aboutir “nous avons intérêt à avoir de bonnes explications à fournir aux électeurs”, juge l’un des négociateurs sous couvert d’anonymat.

Et Angela Merkel est dos au mur. Elle doit absolument former cette coalition dite “Jamaïque”, référence aux couleurs des partis qui sont aussi celles du drapeau de cette île des Caraïbes. “Pour la chancelière, il n’y a pas d’alternative à la Jamaïque”, prophétise l’hebdomadaire die Zeit. “Si l’alliance échoue, elle est finie”.

En cas d’échec, elle n’aura d’autre choix que de convoquer des élections anticipées.

Ce serait une première pour l’Allemagne. Et cela pourrait dès lors donner un nouveau coup de fouet au parti d’extrême droite AfD qui a fait de la chute de Mme Merkel sa priorité. Or sa percée a rendu bien plus difficile la quête de majorité, la classe politique ayant exclu toute alliance.

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