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En Catalogne, le doute gagne l’exécutif séparatiste

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En Catalogne, le doute gagne l’exécutif séparatiste

Le doute s’était emparé mercredi du gouvernement séparatiste de Catalogne, certains demandant à son président de renoncer à une déclaration d’indépendance et de convoquer au plus vite des élections pour éviter une prise de contrôle de la région par Madrid.

Que faire face à la menace d’application de l’article 155 de la Constitution espagnole, qui doit être voté au Sénat vendredi ?

L’article entraînerait une suspension de l’autonomie à laquelle les Catalans tiennent beaucoup, restaurée après la fin de la dictature de Francisco Franco (1939-1975).

Madrid destituerait l’exécutif catalan et prendrait les commandes de la région, en particulier de sa police. Le Parlement et les médias publics régionaux seraient mis sous tutelle.

Ces mesures risqueraient de se heurter à la résistance d’une partie des Catalans, divisés à parts presque égales sur l’indépendance, et d’entraîner des troubles mortifères pour l’économie de cette région représentant 19% du PIB de l’Espagne.

Conséquence, plusieurs membres du gouvernement catalan se sont exprimés mardi en faveur d’élections régionales anticipées lors de la réunion hebdomadaire de l’exécutif, a confirmé mercredi à l’AFP une source dans l’entourage du président catalan, Carles Puigdemont.

Une telle décision retarderait le processus d’une sécession. Selon le quotidien catalan La Vanguardia, un “débat intense” a opposé jusque tard dans la soirée les partisans d’élections et ceux d’une déclaration unilatérale d’indépendance.

Mais selon le Parti socialiste, qui soutient le gouvernement espagnol sur le dossier catalan, la convocation d’élections régionales par M. Puigdemont serait interprétée comme un retour à l’ordre constitutionnel et permettrait de renoncer à la mise sous tutelle de la région.

“Si M. Puigdemont accepte la légalité (…) et que dans ce cadre il convoque des élections régionales, l’application de l’article 155 n’a pas sa place”, a souligné mercredi devant les députés à Madrid la porte-parole du groupe socialiste, Margarita Robles.

Pendant cette houleuse séance, une autre socialiste, Meritxell Batet, s’est exprimée en catalan pour appeler directement M. Puigdemont à éviter le pire en organisant ces élections.

– ‘La République, maintenant’ –

Mais le Parti populaire (conservateur) du Premier ministre Mariano Rajoy, qui dispose d’une confortable majorité absolue au Sénat, n’a pas besoin des socialistes pour approuver ces mesures.

Il peut compter sur le soutien des libéraux de Ciudadanos, qui ont demandé avec insistance au gouvernement que les prochaines élections en Catalogne soient surveillées par l’Etat afin d’éviter de laisser aux indépendantistes la main sur l’organisation du scrutin.

Les espoirs d’une issue négociée à la crise étaient donc minces mercredi.

Mariano Rajoy a ainsi assuré que la suspension de l’autonomie de la Catalogne était “la seule réponse possible”.

“Vous me dites que les institutions catalanes ont demandé le dialogue et que ma réponse a été l’article 155” de la Constitution, “et c’est vrai”, a dit M. Rajoy, insistant: “C’est la seule réponse possible, la seule”.

Pendant ce temps, en Catalogne, des “Comités de défense du référendum” (CDR), plateformes citoyennes qui avaient mobilisé des milliers de Catalans pour “protéger” les bureaux de vote du référendum sur l’indépendance interdit, le 1er octobre, ont commencé à battre le rappel.

Les CDR, comme l’exécutif catalan, estiment que l’indépendance est légitimée par ce scrutin auquel ont participé 43% des électeurs, qui ont voté “oui” à 90%, selon des résultats invérifiables.

“Ni 155, ni élections. La République maintenant”: c’est le slogan d’une manifestation prévue mercredi à 19h30 (17h30 GMT) entre le centre de Barcelone et le Parlement régional.

Les deux grandes associations indépendantistes, l’Assemblée nationale catalane (ANC) et Omnium Cultural, préparent aussi des mobilisations.

“C’est une grande bataille entre le bien et le mal”, lançait à des militants de l’ANC un député indépendantiste, Antoni Castella, mardi en les appelant à se mobiliser dès jeudi, à la veille du vote au Sénat.

Les Catalans “sortiront défendre civiquement et pacifiquement le gouvernement légitime et les institutions autonomes”, a aussi prévenu au Congrès à Madrid le député indépendantiste Joan Tarda.

M. Puigdemont étudiait toujours pour sa part la possibilité de s’exprimer directement sur le sujet devant les sénateurs à Madrid, jeudi ou vendredi.

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