Home Pure Info En Grèce, l’élection allemande attendue sans appréhension majeure

En Grèce, l’élection allemande attendue sans appréhension majeure

0
En Grèce, l’élection allemande attendue sans appréhension majeure

La Grèce se montre peu inquiète de la victoire annoncée aux élections allemandes d’Angela Merkel, passée d’épouvantail de l’austérité en plein désastre économique du pays, à figure plus respectée depuis la crise des migrants.

La chancelière allemande était en poste à chacune des signatures des plans d’aide à la Grèce, en 2010, 2012 et 2015, accompagnés d’un cortège de mesures économiques et sociales difficilement soutenables.

Cette cure a plongé la Grèce dans une récession qui dure depuis 2008 – à l’exception d’une maigre croissance de 0,4% en 2014 – et dont 2017 devrait enfin marquer la sortie.

Pendant des années, Mme Merkel, vue comme l’artisan de cette purge, a été honnie.

Mais paradoxalement, de bons rapports se sont instaurés avec le Premier ministre de gauche radicale Alexis Tsipras, élu pourtant en janvier 2015 avec le mandat de secouer ce joug.

– ‘Il appelle Merkel tout le temps’ –

M. Tsipras a même pris l’habitude de s’adresser directement à la chancelière en cas de blocage dans les discussions sur le plan. “Il insiste pour appeler Merkel tout le temps”, a confié en juin à des journalistes le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble, vu désormais comme beaucoup plus dur que la chancelière envers la Grèce.

Le pays, traversé par un million de migrants venus notamment de Syrie et d’Irak de début 2015 à début 2016, est également reconnaissant à Mme Merkel de la manière dont, après avoir largement ouvert les portes de son propre pays à ce flux, elle a su négocier l’accord avec la Turquie qui a limité les arrivées illégales en UE par la Grèce à quelques dizaines par jour actuellement.

Côté allemand, on a la même impression : l’image de l’Allemagne en Grèce a “changé depuis la crise des réfugiés”, résume un proche du gouvernement Merkel, même si Wolfgang Schäuble reste “la figure de proue” de ce qui est toujours souvent ressenti comme “un diktat allemand”.

Les divergences n’en demeurent pas moins. “Le gouvernement grec cherche à changer le ‘mix’ économique et à promouvoir une croissance juste, alors que les dirigeants allemands visent à conserver une Europe ‘allemande'”, constate auprès de l’AFP Dimitris Papadimoulis, membre du parti de M. Tsipras Syriza, et vice-président du Parlement européen.

“L’approche allemande sur l’économie grecque ne va pas changer”, a récemment expliqué au site d’information in.gr Yiorgos Tzogopoulos, chercheur à l’institut de recherche en politique étrangère Eliamep.

– Coalition CDU-FDP? –

“La Grèce doit achever la troisième” et dernière revue de son programme actuel qui s’achève en août 2018, “et alors seulement elle pourra espérer un allègement de sa dette à moyen terme”, comme en a décidé l’Eurogroupe de mai, a-t-il ajouté.

Ce qui préoccupe le plus en Grèce actuellement, sont les conditions dans lesquelles Mme Merkel pourrait être reconduite au pouvoir.

“Je m’inquiète de cette élection”, a remarqué cette semaine une source gouvernementale grecque, car si une coalition CDU-FDP émerge, ce ne sera pas la meilleure chose pour la Grèce”.

Les libéraux du FDP n’ont en effet pas mâché leurs mots ces dernières années, de l’ex-leader Philipp Rösler qui déclarait en 2012 que pour lui “la perspective d’une Grèce hors zone euro n’était plus depuis longtemps un cauchemar”, au nouveau Christian Lindner pour qui le maintien d?Athènes dans la zone euro “dans de mauvaises conditions” est “plus dangereux” que sa sortie.

M. Tzogopoulos voit par ailleurs comme un possible “piège” pour Athènes l’entente entre Mme Merkel et le nouveau président français Emmanuel Macron sur la promotion d’une Europe à différentes vitesses.

“La Grèce pourrait bien être à la traîne dans divers secteurs d’une telle nouvelle réalité européenne”, selon lui.

Stamatis Rapanakis, un programmateur de 36 ans, estime que son gouvernement ferait mieux de ne pas avoir trop d’illusions sur un changement de l’Allemagne à son égard. “Les Grecs aiment les contes de fées. Une administration Schulz tenterait les politiciens grecs, pour obtenir de nouvelles discussions. Mais ça ne ferait que retarder les réformes”.

© 2017 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés. Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l’AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l’accord préalable écrit de l’AFP.