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En Grèce, les réfugiés manquent d’argent après des semaines de patience à la frontière

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En Grèce, les réfugiés manquent d’argent après des semaines de patience à la frontière

Wajd Dabool, une Syrienne d’Idleb, fait partie des quelque 12.000 réfugiés massés à Idomeni, espérant que la frontière gréco-macédonienne rouvre. “Nous gardons l’espoir”, affirme-t-elle, “mais le problème c’est que nous commençons vraiment à ne plus avoir d’argent”.

 

Car si la nourriture est offerte aux réfugiés d’Idomeni, par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) de l’ONU, les ONG et même la population locale, beaucoup de migrants se résolvent aussi à en acheter.

“La file est tellement longue et quelquefois des personnes se resservent ou prennent plus que ce qu’ils devraient, alors on préfère acheter notre propre nourriture en plus, pour être sûrs de pouvoir manger tous les jours. Mais il ne nous reste que 100 euros”, remarque Wajd, qui voyage avec ses parents et ses deux jeunes frères.

La famille a cependant pu appeler des proches en Syrie pour qu’ils envoient un peu d’argent, via Western Union, la société de services financiers qui a installé un bureau à Idomeni le mois dernier.

Pour trouver de l’argent, certains ont monté leur propre affaire dans le camp. Ainsi, une vingtaine de salons de coiffure de fortune ont fleuri. Ahmed, un Syrien d’Alep arrivé à Idomeni il y a un mois avec sa femme et ses deux jeunes enfants, est l?un de ces coiffeurs.

A trois euros la coupe de cheveux (deux pour les enfants), il gagne une trentaine d?euros par jour.

Raed, lui, vend au détail des cigarettes qu’il récupère en gros dans des conditions un peu mystérieuses, et gagne entre 20 et 25 euros par jour : “les gens s’ennuient tellement ici, qu’on fume toute la journée”, explique-t-il.

Il avait prévu 200 euros pour le voyage entre la Grèce et l’Allemagne. “J’ai finalement tout utilisé en Grèce. Jamais je n?imaginais rester 23 jours ici”, explique le jeune homme, originaire de Deir Ezzor, ville syrienne contrôlée par les jihadistes de l’Etat islamique.

Rares chanceux

Raed, un Irakien de 23 ans, étudiant en biologie, arrive lui aussi au bout de ses économies. Pour se renflouer, il fait donc office de traducteur pour les journalistes.

 

“Hier une chaîne de télévision suédoise m’a donné 50 euros. Cet après-midi j’accompagne des journalistes allemands dans un camp à Polikastro”, à 25 kilomètres d’Idomeni. Le jeune homme s’estime parmi “les rares chanceux” du camp.

Face au manque d’argent, le HCR n’a pas d’autre solution que de “leur proposer d’aller dans des camps” organisés, dans toute la Grèce continentale, “où tout leur sera offert”, indique l’organisation.

Le camp à ciel ouvert d’Idomeni a été qualifié la semaine dernière de “Dachau des temps modernes” par le ministre grec de l’Intérieur Panagiotis Kouroublis, pour ses conditions de vie épouvantables – boue, affections diverses, découragement lancinant, au point que mardi, un homme a mis le feu à ses vêtements avant que ses voisins ne lui sauvent la vie.

Malgré tout, les Kurdes ont décidé ce week-end, de fêter le plus dignement possible leur nouvelle année, Newroz.

Ainsi Sarbast, 48 ans, estime que “la vie continue” et qu’il faut, même à Idomeni et avec peu de moyens, “faire un grand feu et danser, comme ce que l’on faisait à Dohor”, au Kurdistan irakien. “C’est la plus grande fête de l’année pour nous, pas question de rester dans les tentes!”.

“Newroz est la seule fête kurde. C’est une fête de résistance, je ne peux pas ne rien faire”, renchérit sa compatriote Karam Whathal, 25 ans, Kurde de Mossoul, sur le chemin du petit supermarché d’Idomeni, où elle va acheter des oeufs et du fromage, décidée à “dépenser ce qu’il faudra”. .

“Jamais je ne pensais fêter Newroz à Idomeni, je pensais déjà être à Berlin, avec mon mari”, soupire-t-elle.

Les autorités grecques dénombraient mercredi matin 49.085 migrants et réfugiés bloqués sur le territoire grec. Un accord signé vendredi dernier entre l’UE et la Turquie prévoit le renvoi systématique désormais de toutes les personnes arrivées depuis dimanche mais le traitement des dizaines de milliers d’autres prendra du temps.

AFP

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