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En marge des midterms, des scrutins sur l’avortement, le vote des ex-détenus ou la taxe carbone

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En marge des midterms, des scrutins sur l’avortement, le vote des ex-détenus ou la taxe carbone

Les électeurs américains n’ont pas fait qu’élire leurs représentants au Congrès lors des élections de mi-mandat, mardi. Ils se sont aussi prononcés sur plus de 150 mesures qui vont avoir un impact immédiat sur leur quotidien.

Quel est le point commun entre le droit de vote d’ex-prisonniers, l’affichage des 10 commandements de la Bible, la taxe carbone et le droit à l’avortement ? Ce sont quelques-unes des mesures qui ont été soumises au vote des Américains en parallèle aux élections de mi-mandat.

Les électeurs n’ont, en effet, pas seulement choisi leurs nouveaux sénateurs ou leurs élus à la Chambre des représentants. Dans chaque État, ils ont aussi pu se prononcer sur des mesures allant des plus anodines – comme la possibilité d’afficher les 10 commandements dans les bâtiments publics en Alabama – aux plus sérieuses, telles que l’instauration d’une première taxe carbone dans l’État de Washington. En tout, 155 nouvelles réglementations étaient soumises au vote dans 37 États.

Le droit de vote des ex-prisonniers. Les habitants de Floride ont approuvé à une majorité de 64 % une mesure qui rend le droit de vote aux ex-prisonniers, à l’exception de ceux qui ont été condamnés pour meurtres ou crimes sexuels. Ce vote met un terme à une règle vieille de 150 ans qui réduisait au silence électoral, parfois à vie, les détenus. Leur seul espoir de pouvoir un jour remettre un bulletin dans l’urne était d’en appeler à une décision du gouverneur.

Cette nouvelle législation pourrait changer en profondeur le visage électoral de la Floride, qui vient d’élire un gouverneur ultra-conservateur en la personne de Ron DeSantis. La mesure concerne environ 1,5 million de personnes, soit un peu moins de 10 % de la population de l’État. Une part importante de ces nouveaux électeurs sont des afro-américains – près de 20 % de cet électorat est actuellement interdit de vote en vertu de cette ancienne règle –, susceptibles de faire basculer la Floride dans le camp démocrate. Une révolution qui pourrait avoir des conséquences au niveau national puisque cet État est souvent considéré comme clé lors de l’élection présidentielle.

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Une première taxe carbone. Washington ne deviendra probablement pas le premier État américain à instituer une taxe carbone pour lutter contre les émissions polluantes. Alors que le décompte des voix n’était pas encore fini, mercredi 7 novembre, les opposants à cette mesure pouvaient se targuer d’avoir une avance confortable de 10 points.

Le gouverneur démocrate de l’État, Jay Inslee, soutenait cette initiative qu’il avait qualifiée de réponse à la politique climatique de Donald Trump, très favorable aux industries polluantes. La mesure aurait obligé les entreprises à payer un impôt de 15 dollars par tonne de CO2 rejeté dans l’atmosphère.

La proposition avait entraîné une forte mobilisation des lobbies de l’industrie pétrolière et minière. Ils avaient dépensé environ 20 millions de dollars pour s’opposer à son adoption.

Le droit à l’avortement. Mauvaise soirée pour les défenseurs du droit à l’avortement. Deux États ont adopté des mesures rendant plus difficiles la vie des femmes qui veulent pratiquer une interruption volontaire de grossesse.

L’Alabama a voté pour inscrire dans la constitution de l’État un amendement qui reconnaît le droit des enfants à naître, leur octroyant ainsi une protection constitutionnelle. En Virginie-Occidentale, les femmes en détresse financière ne pourront plus avoir recours à des aides publiques pour payer les frais d’avortement.

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Le droit des personnes transgenres. Les habitants du Massachusetts ont décidé de maintenir une loi de 2016 interdisant la discrimination contre les personnes transgenres. Si la mesure proposée avait été rejetée, les établissements publics comme les écoles, les universités ou les mairies auraient pu interdire aux personnes qui ne se reconnaissent pas dans leur sexe de naissance d’utiliser, par exemple, les toilettes de leur choix.

Une question devenue politiquement très sensible depuis que le président Donald Trump s’en est saisi. Le New York Times s’est procuré, début octobre, un mémo interne à la Maison Blanche qui décrit une proposition visant à définir le genre d’une personne uniquement en fonction de son sexe à la naissance. Le président américain avait auparavant signé un décret interdisant aux personnes transgenres d’intégrer l’armée, mais cette interdiction a été bloquée fin octobre par un juge fédéral.

Les 10 commandements. L’Alabama a voté à une écrasante majorité en faveur du droit d’afficher les 10 commandements dans les établissements publics, comme les tribunaux ou les écoles.

Un vote qui peut paraître anecdotique mais qui souligne l’attachement des habitants de cet État au très controversé politicien ultraréactionnaire, Roy Moore. C’est en effet cet intégriste religieux, soupçonné de multiples attouchements sur des mineurs et battu lors de l’élection sénatoriale anticipée de 2017, qui est à l’origine de cette mesure. Roy Moore avait perdu son poste à la Cour suprême de l’Alabama après avoir refusé de faire enlever une statue monumentale des 10 commandements qu’il avait fait installer dans l’enceinte du tribunal. Une cour fédérale avait pourtant jugé qu’une telle œuvre violait l’interdiction constitutionnelle pour les autorités de pratiquer le prosélytisme religieux.

Les partisans de cette mesure espèrent aussi déclencher une bataille juridique qui leur permettrait de saisir la Cour suprême des États-Unis à ce sujet, raconte le New York Times. Marqué très à droite depuis la nomination du très conservateur juge Brett Kavanaugh, la plus haute juridiction du pays pourrait profiter d’une telle affaire pour remettre en cause l’interdiction constitutionnelle du prosélytisme religieux au niveau national.

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Première publication : 07/11/2018

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