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Enfants/exactions: la Coalition au Yémen dans un projet de liste noire de l’ONU

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Enfants/exactions: la Coalition au Yémen dans un projet de liste noire de l’ONU

La Coalition dirigée par l’Arabie saoudite dans la guerre au Yémen figure sur une liste noire de pays ou d’organisations commettant des exactions contre des enfants, annexée à un projet de rapport annuel de l’ONU sur les enfants et les conflits armés.

Cette annexe, obtenue mercredi par l’AFP, doit être remise prochainement au Conseil de sécurité en accompagnement du rapport du secrétaire général. Un projet de ce rapport avait été rendu public dès août par des médias, dont l’AFP.

L’annexe est divisée en deux, entre les pays ayant commis des exactions – morts ou mutilations – sans prendre de mesures de protection des enfants et ceux qui ont pris des précautions pour limiter l’impact de leurs opérations militaires sur des enfants. La Coalition dirigée par l’Arabie saoudite est citée dans cette deuxième catégorie.

“Au Yémen, les actions de la Coalition ont provoqué en 2016 lors d’attaques d’écoles ou d’hôpitaux 683 victimes enfants lors de 38 évènements vérifiés”, indique le projet de rapport.

Dans sa première catégorie, la liste noire annexée au projet de rapport incrimine les Houthis (combattus par la Coalition dirigée par l’Arabie saoudite), les forces gouvernementales yéménites et l’organisation jihadiste Al-Qaïda. Ces trois entités ne sont pas citées dans la deuxième catégorie de celles qui ont pris des mesures pour protéger les enfants.

Au Yémen, 50% des victimes enfants sont le fait de la Coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite, indique le projet de rapport. Si cette Coalition a pris des mesures en 2016 pour limiter les conséquences du conflit à leur égard, “de graves violations contre les enfants ont continué à un niveau élevé inacceptable”, précise le document.

En août, l’Arabie saoudite, entrée en guerre au Yémen en 2015, avait affirmé dans un communiqué que la Coalition pour Restaurer la Légitimité au Yémen “respectait pleinement” ses obligations en matière de droit international et droit humanitaire.

– ‘Haut niveau’ d’exactions –

En 2016, l’ex-patron de l’ONU Ban Ki-moon avait décidé de retirer de son rapport annuel sur les enfants et les conflits la Coalition après des menaces de l’Arabie saoudite de supprimer des financements à des programmes humanitaires des Nations unies. L’Arabie saoudite avait démenti toute pression.

L’ONG Watchlist on Children in Armed Conflict a indiqué espérer que la liste noire sera bien annexée au rapport final pour 2016 d’Antonio Guterres.

“Watchlist a fourni plusieurs éléments sur des attaques de la Coalition au Yémen et cibler son implication dans le rapport annuel du secrétaire général pourrait être un premier pas pour la rendre responsable de ses actes et arrêter ces atrocités”, a réagi Eva Smets, directrice de l’ONG. Dans son projet, Antonio Guterres “considère que la Coalition dirigée par l’Arabie saoudite a pris des mesures positives, mais nous continuons de recevoir des informations alarmantes sur des morts d’enfants de maladies qui se soignent et provoquées par des bombes de la Coalition”, a-t-elle ajouté.

L’ONG Save the Children a espéré que l’ajout de la Coalition dans la liste noire de l’ONU servira de “révélateur pour toutes les parties impliquées dans le conflit au Yémen ainsi que pour les pays qui les soutiennent et les arment”.

Le projet de rapport, dans sa partie générale, souligne un “niveau élevé” d’exactions touchant des enfants constaté en 2016 dans plusieurs pays. Les entités recensées dans son annexe sont accusées de recruter et d’utiliser des enfants, d’en tuer, d’en mutiler, d’en enlever ou de commettre des abus sexuels à leur encontre.

“Je suis particulièrement préoccupé par le nombre élevé et la gravité des violations dont ont été victimes des enfants en 2016, qui incluent des niveaux alarmants de meurtres et de mutilations, de recrutement et d’utilisation, ainsi que d’interdictions à un accès humanitaire”, souligne le patron de l’ONU dans ce document. “J’appelle toutes les parties à un conflit, le Conseil de sécurité et les Etats membres à prendre toute mesure possible pour empêcher la réalisation de telles violations”, ajoute-t-il.

En 2016, il y a eu au moins 4.000 cas de violations vérifiées du fait de forces gouvernementales et plus de 11.500 par des groupes armés non étatiques, indique le projet.

Parmi les pays ciblés figurent, outre le Yémen, notamment la Somalie et la Syrie, deux pays où le recrutement et l’utilisation d’enfants ont plus que doublé par rapport à 2015.

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