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Etats-Unis: espoirs timides d’éviter un “shutdown”

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Etats-Unis: espoirs timides d’éviter un “shutdown”

Le président américain Donald Trump était à la manoeuvre vendredi pour convaincre le Sénat de trouver un accord sur le financement de l’Etat fédéral mais les espoirs d’éviter un “shutdown”, une fermeture partielle des administrations, restaient minces à quelques heures de l’échéance.

A la veille du premier anniversaire de son arrivée au pouvoir, l’issue de ce psychodrame récurrent de la politique américaine qui ternit l’image de la première puissance mondiale était désormais entre les mains des sénateurs.

Ils doivent adopter avant minuit (05H00 GMT) une extension du budget pour quatre semaines, jusqu’au 16 février. Les républicains, majoritaires avec 51 voix, ne peuvent se passer des démocrates car un minimum de 60 voix (sur 100) est nécessaire.

A défaut, le pays vivra son premier “shutdown” depuis octobre 2013, synonyme de chômage technique pour des centaines de milliers de fonctionnaires.

– Les discussions continuent –

Mick Mulvaney, directeur du Budget, a estimé vendredi matin à “50/50” la probabilité d’un tel scénario.

“Nous avons fait des progrès mais il y encore de nombreux désaccords. Les discussions vont continuer”, a dit dans un communiqué le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer, après avoir rencontré M. Trump à la Maison Blanche.

“Nous pouvons y arriver, nous sommes assez proches” d’une solution, a ajouté un autre sénateur démocrate, Tim Kaine. Il a toutefois estimé qu’un accord pourrait intervenir “dans les prochains jours”, impliquant que le “shutdown” aurait bien lieu.

La Maison Blanche a également annoncé que le président, qui avait initialement prévu de partir en fin journée en Floride pour sa luxueuse résidence, ne quitterait finalement pas Washington.

La Chambre des représentants a déjà approuvé jeudi soir cette extension provisoire, jusqu’au 16 février, qui finance également pour six ans le programme d’assurance santé destiné aux enfants pauvres (Chip), une demande des démocrates.

Mais au-delà de cette mesure temporaire, la quatrième depuis septembre, la majorité républicaine souhaite voir adopter un budget 2018 définitif de plusieurs centaines de milliards de dollars qui dope notamment les dépenses militaires, une promesse de campagne de M. Trump qui estime les forces armées sous-équipées après plus de seize ans de guerre ininterrompue.

“Maintenant, on a besoin des démocrates pour que (la loi de financement) soit approuvée au Sénat, mais ils veulent l’immigration clandestine et des frontières faibles”, a tweeté Donald Trump, qui dresse depuis plusieurs jours le portrait d’un parti engagé dans une obstruction systématique et stérile.

Les démocrates veulent avant tout régler le sort de 690.000 “Dreamers”. Ces jeunes, arrivés clandestinement aux Etats-Unis quand ils étaient enfants, sont à la merci d’une expulsion après l’abrogation du programme Daca datant de l’administration Obama qui leur offrait un statut de résident temporaire. Le président Trump a donné au Congrès jusqu’au 5 mars pour adopter une législation définitive.

– ‘Scénario catastrophe’ –

Le président républicain de la Chambre Paul Ryan a fustigé les sénateurs démocrates qui “prennent en otage” le financement fédéral. “Le peuple américain, en particulier les hommes et femmes en uniforme, méritent mieux qu’une fermeture du gouvernement”, a-t-il tweeté.

“Des gens vont mourir”, a lancé le conseiller parlementaire de la Maison Blanche, Marc Short, blâmant des sénateurs démocrates “retranchés pour forcer une paralysie” alors que les discussions sur les “Dreamers” sont toujours en cours au Congrès. “Ils disent que nous devons régler le Daca mais il n’y a en réalité aucune loi sur laquelle voter”, a-t-il assuré.

L’équation est rendue encore plus difficile par les signaux confus –et parfois contradictoires– envoyés par le président lui-même ces derniers jours.

“Nous devons savoir où en est le président”, a affirmé vendredi sur CNN le sénateur républicain John Kennedy. “Si nous parvenons à un accord, et je pense que ce sera le cas, je veux savoir s’il le signera”.

Au-delà des négociations sur le fond, les parlementaires pensent aux élections de mi-mandat en novembre.

Les démocrates estiment que les républicains qui ont tous les leviers du pouvoir –Maison Blanche, Chambre des représentants, Sénat– seront tenus pour responsables de la paralysie et paieront le prix fort. Les républicains espèrent se servir du “shutdown” pour punir les sénateurs démocrates qui brigueront un nouveau mandat dans dix Etats remportés par Donald Trump à la présidentielle.

Mais selon un sondage du Washington Post et d’ABC publié vendredi, 48% des Américains estiment que les républicains seraient responsables d’un éventuel blocage, contre 28% pour les démocrates.

La Fédération américaine des employés gouvernementaux (AFGE) a pour sa part appelé les parlementaires à s’entendre pour éviter que 850.000 fonctionnaires soient mis au chômage technique, sans être payés. “Nous nous préparons à un scénario catastrophe, pour la quatrième fois” depuis septembre, a indiqué à l’AFP un porte-parole du syndicat.

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