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États-Unis : Matthew Whitaker nommé à la justice, un tournant dans l’enquête russe ?

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États-Unis : Matthew Whitaker nommé à la justice, un tournant dans l’enquête russe ?

Jeff Sessions, poussé vers la sortie par Donald Trump mercredi, est remplacé par son propre directeur de cabinet, Matthew Whitaker. Cet ancien procureur prendra la surpervision de l’enquête russe, qu’il avait qualifiée de “chasse aux sorcières”.

“Nous sommes heureux d’annoncer que Matthew G. Whitaker, chef de cabinet du Procureur Général Jeff Sessions du ministère de la Justice, va devenir notre nouveau Procureur Général des États-Unis. Il va servir bien notre Pays .…”, a tweeté Donald Trump mercredi 7 novembre. Nommé par intérim à la tête du ministère de la Justice, Matthew Whitaker, 49 ans, aura pour mission de superviser l’enquête sur les ingérences de la Russie dans l’élection présidentielle de 2016, menée par le procureur spécial Robert Mueller. Elle était jusqu’à présent laissée au numéro deux du ministère, Rod Rosenstein.

Lors de sa conférence de presse mercredi, Donald Trump a redit tout le mal qu’il pensait de cette enquête, dénonçant un “canular injuste [qui coûte] des millions et des millions de dollars [et fait] honte [à l’Amérique]”. Selon la presse américaine, plusieurs de ses proches sont dans le viseur du procureur Mueller, à commencer par son fils Donald Trump Junior, soupçonné d’avoir menti au FBI, et son ancien conseiller politique Roger Stone.

Mueller a franchi “une ligne rouge”

Cette reprise en main du dossier signifie-t-elle un tournant pour le procureur spécial Robert Mueller ? Matthew Whitaker, qui dirige la Fondation pour la responsabilité et la confiance civique (FACT) – un groupe de surveillance conservateur – n’a jamais caché sa vive opposition concernant cette investigation. En août 2017, il avait publié une tribune sur le site de CNN, reprochant au procureur spécial de s’intéresser aux finances de Donald Trump. “Il a franchi la ligne rouge”, avait-il commenté avant d’exhorter Rod Rosenstein à “limiter la portée de son enquête”. Selon lui, “sans délimitations strictes”, l’enquête pourrait ressembler à “une simple chasse aux sorcières”, reprenant ainsi la rhétorique du président américain.

Après sa nomination, ce fidèle de Trump s’est engagé “à diriger un département équitable appliquant les normes éthiques les plus strictes qui respectent la loi et réclament justice pour tous les Américains”. Au cours de sa déclaration, cet ancien joueur de football américain en a toutefois profité pour égratigner son prédécesseur Jeff Sessions, en le qualifiant “d’intégriste”. Cet ultra-conservateur de 71 ans avait perdu la confiance de Donald Trump après s’être récusé dans cette fameuse enquête.

“Il devrait se récuser”

La décision de remplacer Jeff Sessions par Matthew Whitaker a fait réagir de nombreuses figures de l’opposition. “En raison de ses commentaires”, il devrait “se récuser” dans l’enquête russe, a immédiatement commenté le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer, en affirmant que “toute ingérence dans l’enquête sur Mueller serait considérée comme une crise constitutionnelle”. S’il envisageait de se récuser, Rod Rosenstein continuerait de superviser Robert Mueller.

“Si le président a toute autorité pour remplacer son ministre de la Justice, cela ne doit pas être le premier pas dans une tentative de gêner ou de mettre un terme à l’enquête Mueller”, a pour sa part estimé le sénateur démocrate Mark Warner. Selon le mensuel américain The Atlantic, cette nomination intervient après les élections de mi-mandat pour ne pas nourrir des accusations “d’obstruction à la justice”. Cette affectation “pourrait s’ajouter à l’ensemble des démarches entreprises par Donald Trump pour tenter de freiner l’enquête”, selon la revue qui cite un ancien procureur.

Convoquer des témoins

Côté républicain, certaines voix se sont aussi élevées mercredi pour défendre l’enquête du procureur spécial. Il est “impératif [qu’elle] aille à son terme sans être gênée”, a ainsi estimé l’ancien candidat républicain à la présidentielle de 2012, Mitt Romney, au lendemain de son élection comme sénateur de l’Utah. De son côté, Jerrold Nadler, pressenti pour prendre la tête de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, a dénoncé une “ingérence” du président Trump dans l’enquête russe et prévenu que les démocrates pourraient lancer une enquête parlementaire dès janvier à ce sujet.

Grâce à leur nouvelle majorité, les élus démocrates de la Chambre pourront en tous cas convoquer des témoins ou réclamer des documents si Robert Mueller était empêché de le faire. L’opposition pourrait également lancer une procédure de destitution du président Trump, mais elle aurait peu de chances d’aboutir au Sénat, puisque les républicains y restent majoritaires.

Première publication : 08/11/2018

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