Etats-Unis: Pas de prison pour le soldat Bergdahl, ex-captif des talibans

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Le soldat américain Bowe Bergdahl, ex-captif des talibans pendant cinq ans en Afghanistan après avoir déserté son poste, est renvoyé de l’armée mais a échappé à la prison, après avoir plaidé coupable de désertion et mauvaise conduite devant l’ennemi.

A l’issue d’un procès très politisé devant une cour martiale de Fort Bragg, en Caroline du Nord (sud-est), un juge militaire a décidé vendredi de renvoyer le sergent Bergdahl, 31 ans, des rangs de l’armée pour manquement à l’honneur.

Le colonel Jeffery Nance a également décidé de le dégrader du rang de sergent à celui de simple soldat, et l’a condamné à une amende de 10.000 dollars, qu’il devra payer sur 10 mois, à raison de 1.000 dollars par mois, précise un communiqué du Pentagone.

“La sentence contre le sergent Bergdahl fait honte à notre pays et son armée”, a réagi le président américain, visiblement furieux, dans un tweet envoyé depuis l’avion présidentiel Air Force One

Le procès avait été politisé en raison de commentaires répétés du président américain sur le cas du soldat Bergdahl.

Pendant la campagne électorale, le candidat républicain avait traité Bowe Bergdahl de “sale traître pourri” qui méritait d’être exécuté, ce qui avait poussé ses avocats à présenter une demande en annulation, car ils estimaient que les commentaires du président ne pouvaient lui permettre un procès juste.

Le juge avait rejeté cette demande mais, interrogé pendant la suite du procès au sujet du soldat, Donald Trump avait répondu: “Je ne veux pas faire de commentaire mais je pense que les gens ont entendu mes commentaires dans le passé”.

Les avocats de Bergdahl avaient donc déposé une nouvelle requête que le juge militaire a de nouveau rejetée, même s’il avait prévenu que les commentaires répétés de M. Trump pourraient avoir pour conséquence d'”atténuer” la sentence.

Bergdahl, qui avait été libéré par les talibans en 2014 au cours d’un échange de prisonniers, avait plaidé coupable de désertion et d’avoir mis en danger la vie de ses camarades de combat. Il encourait jusqu’à cinq ans de prison pour la désertion, et la perpétuité pour mauvaise conduite face à l’ennemi.

Il avait affirmé avoir quitté son poste en pensant sincèrement pouvoir rejoindre une autre unité pour y dénoncer des dysfonctionnements au sein de son poste.

– Assez souffert –

Bowe Bergdahl avait été capturé par les talibans après avoir quitté seul, subrepticement, sa base près de la frontière pakistanaise le 30 juin 2009. Il avait été retenu en captivité pendant cinq ans, jusqu’à ce que les Etats-Unis acceptent en échange de sa libération de remettre en liberté cinq cadres talibans en détention à Guantanamo.

Le juge avait entendu les témoignages de deux soldats blessés au cours des longues et épuisantes opérations de recherche qui avaient suivi sa disparition. L’un d’eux, très lourdement handicapé après avoir reçu une balle dans la tête, n’avait pu venir à la barre et c’est sa femme qui avait témoigné pour lui.

L’affaire avait accentué les divisions sur la guerre en Afghanistan, les uns considérant Bergdahl comme une victime d’un conflit vieux de 16 ans tandis que les autres ne voyaient en lui qu’un traitre ayant mis en danger les soldats partis à sa recherche.

L’accusation avait appelé à une sentence sévère de 14 ans de prison, mais ses avocats avaient plaidé qu’il avait déjà assez souffert aux mains de ses ravisseurs.

Seul Américain en uniforme à être capturé par des rebelles lors de la guerre en Afghanistan, il avait été détenu par des membres du réseau Haqqani, liés aux talibans, après avoir été porté disparu de son poste dans l’est de l’Afghanistan, près de la frontière pakistanaise, le 30 juin 2009.

Bowe Bergdahl continuait jusqu’à maintenant à travailler pour l’armée, occupant un poste administratif au Texas en attendant la décision de la cour martiale.

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