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Ethiopie: au dernier jour de la campagne, Abiy Ahmed prédit des élections pacifiques

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Ethiopie: au dernier jour de la campagne, Abiy Ahmed prédit des élections pacifiques
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Au dernier jour de la campagne des élections législatives et régionales, le Premier ministre Abiy Ahmed a martelé mercredi sa vision d’une Ethiopie unie, puissante et rayonnante, loin de la guerre et des violences communautaires qui minent le pays.

Abiy Ahmed avait choisi Jimma, la ville principale de sa région natale de l’Oromia, pour son dernier meeting de campagne. Il y a été accueilli par une foule compacte de sa descente d’avion jusqu’au stade où il a tenu son ultime discours, à quatre jours du scrutin.

Les élections du 21 juin sont capitales pour lui: après avoir été désigné au poste de Premier ministre en 2018, il veut désormais donner à son pouvoir une légitimité populaire. Son Parti de la prospérité en est le grand favori.

Initialement prévues en août 2020 puis reportées à deux reprises en raison de la pandémie de coronavirus puis de retards d’organisation, ces élections vont pourtant se tenir dans un contexte de violence rare: la région du Tigré est en proie à la famine après sept mois de guerre et les conflits communautaires gangrènent le pays.

Ce scrutin, présenté comme national, ne pourra se tenir dans près d’un cinquième des 547 circonscriptions du pays: dans 64 d’entre elles, le scrutin a été reporté au 6 septembre pour des raisons sécuritaires et/ou logistiques et dans les 38 du Tigré, où Abiy a envoyé des troupes fédérales en novembre pour destituer les autorités régionales dissidentes, il a été reporté sine die.

Et certains partis d’opposition, dont deux dans la région de l’Oromia, la plus grande et la plus peuplée du pays, boycottent le scrutin.

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Mercredi, dans un discours au stade de Jimma alternant l’afan oromo, la langue régionale, et l’amharique, la langue nationale, Abiy Ahmed a balayé les inquiétudes internationales entourant le vote et affiché sa vision optimiste pour le pays.

– En terrain conquis –

“Le monde entier dit que nous allons nous affronter le jour des élections, nous allons plutôt leur donner une leçon”, a-t-il lancé, acclamé par la foule de ses partisans.

Arborant lunettes de soleil et veste de costume blanche à revers verts (les couleurs de l’Oromia), Abiy Ahmed a répété son ambition pour l’Ethiopie, qui avait suscité l’adhésion et l’enthousiasme lors de son arrivée au pouvoir en 2018.

“Je dis à tous les Éthiopiens qui se battent pour une Éthiopie pacifique, démocratique et prospère: tant que les Éthiopiens se serreront les coudes dans un esprit commun et avec un seul cœur, aucune force sur terre ne pourra nous arrêter”, a-t-il déclaré.

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“Notre problème n’est pas de protéger l’unité de l’Éthiopie, mais plutôt de faire de l’Éthiopie la force de la Corne de l’Afrique”, a-t-il affirmé.

Si certaines parties de l’Oromia affichent désormais leur défiance envers celui qu’ils considéraient comme “leur” Premier ministre, ce dernier était en terrain conquis à Jimma, située à une soixantaine de kilomètres de sa ville natale de Beshasha.

De nombreux habitants partagent ses attentes pour une élection pacifique et démocratique.

“Le pays sera stable après cette élection”, assure, Edile Abbajobir, institutrice enthousiaste. “Nous comptons les jours pour aller voter”, affirme-t-elle.

– “De notre mieux” –

A Addis Abeba, l’opposition a tenu plusieurs rassemblements de taille modeste, promenant à travers les rues embouteillées de la capitale des convois équipés d’enceintes crachant des hymnes de campagne.

Entourée d’un cortège de militants, de chevaux et de camionnettes, Zebiba Ibrahim, candidate du parti d’opposition Balderas – dont le leader est en prison -, est venue convaincre des électeurs.

“Nous tenons des meetings et faisons campagne pour le peuple, même si nous ne croyons pas que ce vote sera entièrement libre et juste”, affirme cette femme de 25 ans, qui agite au-dessus de sa tête, voilée de blanc, un drapeau éthiopien.

“Nous faisons de notre mieux, afin que notre voix puisse être entendue par le peuple et que nous puissions être élus.”

Sur la place Meskel, carrefour emblématique de la capitale, Ezema, un autre parti d’opposition, a réuni une centaine de militants appelant à “un futur pacifique”, sous le regard distant de policiers.

“Lors des précédentes élections, vous ne pouviez pas tenir de meetings, vous ne pouviez rien faire”, affirme Temesgen Getahun, un passant qui s’est arrêté devant l’agitation.

“Si vous alliez dans la rue vous finissiez en prison donc (…) considérant ces scrutins, celui-ci est bien”, ajoute cet homme de 37 ans qui travaille dans un hôtel.

Les craintes autour du vote sont nombreuses.

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Les Etats-Unis se sont ainsi dits “très préoccupés par l’atmosphère dans laquelle vont se tenir les prochaines élections”, évoquant notamment “les arrestations d’opposants, le harcèlement de médias indépendants, les activités partisanes des autorités locales et régionales” tandis que l’Union européenne a renoncé à envoyer une mission d’observation.

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