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Face au coronavirus, la guérilla de l’ELN annonce un cessez-le-feu en Colombie

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Face au coronavirus, la guérilla de l’ELN annonce un cessez-le-feu en Colombie

L’ELN, considérée comme la dernière guérilla de Colombie, a annoncé un cessez-le-feu unilatéral d’un mois en raison de la pandémie du covid-19, et proposé au gouvernement du président Ivan Duque de négocier un arrêt bilatéral des affrontements.

“L’Armée de libération nationale a déclaré (…) un cessez-le-feu unilatéral actif, à partir du 1er et jusqu’au 30 avril, comme un geste humanitaire envers le peuple colombien, qui souffre du drame du coronavirus”, a écrit l’ELN dans un communiqué diffusé lundi par des personnalités favorables à un accord de paix.

La guérilla y évoque l’appel des Nations unies à un cessez-le-feu de tous les conflits dans le monde, ainsi que la demande “dans le même sens” d'”organisations sociales et politiques de Colombie”.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a salué l’annonce de l’ELN et appelé “d’autres groupes armés à faire de même”.

Le Haut commissaire de paix du gouvernement, Miguel Ceballos, a cependant jugé l’annonce de la guérilla insuffisante.

“Nous venons seulement d’apprendre la décision de l’ELN d’un cessez-le-feu pour un mois. Je crois que le pays espère beaucoup plus que cela. Nous sommes confronté à un énorme défi, des milliers de personnes peuvent mourir”, a-t-il déclaré dans un entretien à la radio W, en allusion à la pandémie du covid-19.

La Colombie comptait dimanche soir au moins 702 cas confirmés du nouveau coronavirus depuis le 6 mars, dont dix morts.

– Pour un cessez-le-feu bilatéral –

Dans son communiqué, la guérilla indique en outre qu’elle se réserve le “droit” de se défendre des “attaques” des forces de l’ordre, comme des gangs de narco-trafiquants auxquels elle dispute le contrôle de plusieurs régions du pays.

“Nous appelons le gouvernement (…) à ordonner le cantonnement de ses troupes”, a ajouté l’ELN, exhortant le président Ivan Duque à réactiver les contacts avec la délégation de la guérilla à Cuba, en vue de concertations pour un “cessez-le-feu bilatéral et temporaire”.

Après la signature en 2016 d’un historique accord de paix avec l’ex-guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), depuis désarmée, des négociations avaient été entamées avec l’ELN l’année suivante par le précédent gouvernement, d’abord à Quito en Equateur, puis à La Havane.

Mais elles ont été interrompues par le président Duque à la suite d’un attentat à la voiture piégée contre l’école de police à Bogota, lors duquel 22 cadets ont été tués en janvier 2019.

L’ELN, apparue comme les Farc en 1964 et inspirée de la révolution cubaine, compte quelque 2.300 combattants et est présente dans 10% des 1.100 municipalités colombiennes, selon des enquêtes indépendantes.

– Soutien réaffirmé de Cuba –

Après l’interruption des pourparlers de paix, Bogota a demandé à La Havane l’arrestation et le renvoi en Colombie de la délégation des négociateurs de l’ELN.

Cela s’est traduit par une dégradation des relations entre les deux pays, La Havane ayant refusé et appelé au respect des protocoles signés par les parties pour garantir le retour des rebelles dans leur pays en cas d’échec des pourparlers.

M. Ceballos a de surcroît estimé lundi que les conditions n’étaient pas réunies pour un “espace de dialogue ouvert” et que le cessez-le-feu relevait de la “responsabilité” de l’ELN.

Depuis La Havane, le ministre des Affaires étrangères cubain, Bruno Rodriguez, a salué lundi le “geste humanitaire de l’ELN en déclarant le cessez-le-feu unilatéral” en réponse à l’appel du secrétaire général de l’ONU.

“Le soutien de #Cuba à la paix est inchangé”, a-t-il tweeté.

Jeudi, au lendemain du confinement total de la Colombie en raison du covid-19, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avait annoncé la libération par la guérilla de trois otages de nationalité colombienne, enlevés il y a un mois.

Le CICR avait alors publié sur Twitter une photo montrant ces trois hommes protégés par des masques, au moment de leur libération dans une zone rurale du département du Cauca (Sud-Ouest).

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