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Faible mobilisation au Liban pour les premières législatives en neuf ans

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Faible mobilisation au Liban pour les premières législatives en neuf ans

Les Libanais sont peu mobilisés dimanche pour les premières élections législatives en près d’une décennie, un scrutin qui ne devrait pas bouleverser le fragile équilibre des partis au pouvoir.

A la mi-journée, le taux de participation s’élevait modestement à 24,5%, selon les derniers chiffres publiés par le ministère de l’Intérieur, poussant les principales forces politiques à exhorter à nouveau les Libanais à voter, peu avant la fermeture des bureaux de vote.

Le Hezbollah a même demandé à ce que les bureaux qui doivent normalement fermer à 19H00 locales (16H00 GMT) restent ouverts deux heures supplémentaires.

Le président de la République, Michel Aoun, a appelé à la mobilisation, indiquant sur son compte Twitter avoir “remarqué que la participation (…) semble faible dans certaines circonscriptions”.

“Si vous êtes présents (dans les bureaux), le délai sera prolongé pour que tout le monde puisse voter”, a assuré le président, laissant entendre une possible extension du temps de vote.

De l’avis des experts, l’issue du scrutin ne pose aucune surprise, et le Parlement (128 députés) devrait être dominé par les partis traditionnels, parmi lesquels le puissant Hezbollah chiite, un allié de la Syrie et de l’Iran.

Et avec une classe politique accusée de corruption et de népotisme, incapable de relancer une économie brinquebalante, une grande partie des 3,7 millions d’électeurs est touchée par le désenchantement.

“Le faible taux (de participation) est un indicateur de la désillusion des Libanais”, a indiqué à l’AFP le politologue Karim el-Mufti.

– Hezbollah –

Les dernières législatives au Liban remontent à 2009. Le Parlement a ensuite prorogé à trois reprises son mandat, invoquant notamment des risques pour la sécurité du pays liés au débordement de la guerre en Syrie.

Ces dernières années, le pays a connu des crises à répétition, évitant, souvent de justesse, l’engrenage de la violence malgré une situation géographique sensible, entre la Syrie en guerre et Israël.

Guy Farah, venu voter avec sa mère dans un quartier de Beyrouth, se veut positif. “Ces 30 dernières années, on n’a rien réussi changer, quand est-ce que ça va se passer?”, s’interroge le trentenaire. “Je ne vais pas rester assis à la maison, en disant que la situation est mauvaise”.

Indépendamment de l’issue du scrutin, le Hezbollah, seule formation à ne pas avoir abandonné les armes après la guerre civile (1975-1990), devrait continuer à dominer la scène politique.

“Le nouveau Parlement ne sera pas une source de nuisance pour le Hezbollah. Il bénéficiera de l’absence d’une large coalition face à lui”, confirme Imad Salamey, professeur de sciences politiques à l’Université libanaise américaine (LAU), à Beyrouth.

Quelque 597 candidats répartis en 77 listes sont en lice, pour des législatives organisées pour la première fois selon un mode de scrutin proportionnel.

Mais la répartition des sièges est aussi régie par un subtil partage confessionnel, entre les différentes communautés religieuses, et respecte une parité islamo-chrétienne.

Sur le terrain, plusieurs irrégularités et infractions ont toutefois été relevées par l’Association libanaise pour des élections démocratiques (LADE).

Ell évoque notamment l’usage de couteaux et de bâtons dans une violente bagarre à Zahlé (est), et le passage à tabac d’une candidate dans un bureau de vote dans une localité du sud par des partisans du Hezbollah.

– Dossiers épineux –

La nouvelle loi électorale adoptée en 2017 a encouragé des candidats de la société civile à se présenter.

C’est le cas notamment de la coalition “Koullouna Watani”, qui appelle les électeurs à se mobiliser contre l’establishment politique traditionnel.

Le Liban, qui accueille 1,5 million de réfugiés venus de la Syrie voisine, n’échappe pas aux répercussions du conflit.

Le Hezbollah intervient militairement au côté du régime syrien, et même si cet engagement divise la classe politique, les candidats se sont abstenus d’évoquer la délicate question de son arsenal militaire.

Son grand rival, le Premier ministre Hariri, soutenu par l’Arabie saoudite, devrait conserver son poste, même si sa formation, le Courant du Futur, risque de perdre plusieurs sièges.

Les prochains élus devront se pencher sur des questions politiques, mais aussi économiques et environnementales, dans un pays habitué aux coupures d’électricité quotidiennes, aux pénuries d’eau et à une crise de gestion des déchets ménagers qui perdure depuis trois ans.

Le Liban doit par ailleurs se lancer dans ses premières explorations d’hydrocarbures en Méditerranée, une possible manne financière pour un pays qui croule sous une dette publique culminant à 150% du PIB, le troisième taux le plus élevé à l’échelle mondiale.

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