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Faut-il installer des policiers dans les établissements scolaires?

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Faut-il installer des policiers dans les établissements scolaires?

Ça n’est qu’une piste, une hypothèse, mais elle a suffi à déclencher la colère des enseignants et parents d’élèves. Vendredi matin, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a annoncé qu’il “n’excluait pas la présence physique” des forces de l’ordre dans les établissements scolaires, notamment dans les “quartiers les plus difficiles”. La mesure, évoquée après l’affaire de l’enseignante braquée avec une arme factice par un élève à Créteil, dans le Val-de-Marne, doit être présentée mardi prochain en conseil des ministres.

Parmi les autres mesures annoncées, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer a notamment évoqué “la question du signalement systématique des faits”, “des sanctions proportionnées éducatives” et le “renforcement des équipes mobiles de sécurité qui permettent de remettre l’ordre dans un établissement”.

“Une mesure cosmétique”

Mais la communauté éducative n’est pas pour autant convaincue. “Des policiers dans les établissements? Cela ne répondra pas à la demande des personnels”, assure Jean-Rémi Girard, du Snalc – le syndicat national des lycées et des collèges, généralement classé à droite mais qui se dit apolitique. La demande des personnels de l’Education nationale, avance ce responsable syndical, c’est “de la sécurité mais surtout de la prévention: des assistantes sociales, des psychologues mais aussi une vraie prise en charge des élèves multi-exclus.” Bref: “un changement des mentalités”, loin des mesures “cosmétiques”.

“La présence de la police pour faire de la prévention, au même titre que les pompiers par exemple, évidemment c’est une bonne idée”, rebondit Rodrigo Arenas, de la FCPE 93. “Mais là, on renonce aux mesures éducatives pour mettre en place des mesures répressives. On prend le risque de créer de l’affrontement”.

Plutôt qu’une mesure sécuritaire, le Snalc défend une réponse institutionnelle, comme le report systématique des incidents dans les établissements aux rectorats et inspections d’académies. “Les outils existent pour le faire, mais la hiérarchie nous pousse parfois à ne pas porter plainte”, déplore Jean-Rémi Girard. Pour préserver l’image d’un établissement, mais aussi par peur des évaluations – car les chefs d’établissement sont notamment évalués en fonction du nombre de conseils de disciplines. “On leur demande des comptes, cela les pousse à régler les problèmes en interne. Ils sont mis sous pression, et souvent aucune trace écrite n’est conservée lorsqu’un incident se produit”.

L’importance des surveillants et des CPE

De son côté, Xavier Marand, du syndicat Snes souligne le paradoxe d’une telle mesure, quelques semaines après l’annonce de Jean-Michel Blanquer de la suppression de 2650 postes dans le second degré – parmi lesquels des conseillers principaux d’éducation. “Or les CPE ont une dimension éducative très importante et facilitent la bonne intégration des élèves”, dit-il. Même chose pour les surveillants, dont “le nombre diminue depuis des années alors qu’ils permettent de juguler un certain nombre de faits de violences”.

A la rentrée en France, il y aura 32 000 élèves de plus en collège comme en lycée, avance Xavier Marand: “les classes seront plus chargées, faire cours sera beaucoup plus difficile. Le ministre ferait donc mieux d’arrêter ses suppressions de postes et d’en créer.”

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