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Fernandez ou Fernandez, qui va gouverner l’Argentine ?

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Fernandez ou Fernandez, qui va gouverner l’Argentine ?

Alberto ou Cristina ? Le péroniste de centre-gauche Alberto Fernandez prendra ses fonctions à la tête de l’Argentine en décembre. Mais une inconnue demeure : qui gouvernera le pays, lui-même ou l’ex-présidente Cristina Fernandez de Kirchner, sa vice-présidente ?

“Cristina (Kirchner) n’est pas dans un processus de lutte pour le pouvoir”, ont déclaré à l’AFP plusieurs hauts responsables proches de M. Fernandez, élu dès le premier tour le 27 octobre avec plus de 47% des voix. “C’est lui qui dirigera”, ont-ils assuré.

Mais beaucoup doutent que l’ex-présidente Cristina Kirchner (2007-2015), connue pour sa forte personnalité et qui garde un poids important au sein du mouvement péroniste, se contente d’un rôle secondaire.

“Cela a été démontré pendant la campagne électorale, la présence de Cristina a été minime”, affirment pourtant les proches de M. Fernandez.

Ils en veulent pour preuve l’absence de l’ex-présidente de Buenos Aires dans les prochains jours où va se décider la configuration de l’équipe gouvernementale. Mme Kirchner, poursuivie dans plusieurs affaires de corruption, a demandé l’autorisation de sortir du pays pour se rendre à Cuba où sa fille Florencia est soignée pour des problèmes de santé. Son retour en Argentine est prévu le 11 novembre.

Des commentateurs établissent une comparaison entre la situation argentine et le contexte russe en 2008, lorsque Vladimir Poutine, alors Premier ministre du président Dmitri Medvedev, était soupçonné de diriger le pays en coulisses. Vladimir Poutine, aujourd’hui à nouveau président, avait nommé Dmitri Medvedev à la présidence, alors qu’il ne pouvait pas se représenter après deux mandats.

Plusieurs experts estiment toutefois qu’Alberto Fernandez, un avocat de 60 ans avec une longue carrière politique, ne sera pas une “marionnette”, comme l’ont qualifié ses détracteurs pendant la campagne électorale face au président sortant libéral, Mauricio Macri.

“Alberto Fernandez a tenu tête à Cristina Fernandez de Kirchner en 2008 et a démissionné. Cristina Kirchner ne pouvait pas le contrôler à l’époque et encore moins aujourd’hui”, estime le politologue Raul Aragon.

“Une partie de la population pense que c’est Cristina qui gouvernera. Mais au cours des derniers jours, ils sont plus nombreux à penser que ce sera lui”, estime le sociologue Ricardo Rouvier. “On le voit plus à l’aise, plus présent dans les médias”, ajoute-t-il.

– “C’est ton tour” –

En 2003, Alberto Fernandez avait noué une relation proche avec le couple Nestor et Cristina Kirchner, qui s’étaient succédé à la tête du pays (2003-2007 puis 2007-2015). Il fut successivement le chef de cabinet des deux.

Mais tout a changé en 2008 lorsque M. Fernandez a démissionné en plein conflit entre le gouvernement et le secteur de l’agrobusiness quant à l’application de taxes sur les exportations agricoles. Il devient alors une voix critique du kirchnérisme qu’il avait contribué à fonder et participe à l’élaboration de courants d’opposition au sein du péronisme.

“Cela a été un très mauvais gouvernement où il est difficile de trouver quelque chose qui a du poids”, avait même déclaré M. Fernandez, à propos du deuxième mandat de M. Kirchner.

Pour de nombreux observateurs, la stratégie de Cristina Kirchner de mettre M. Fernandez sur le devant de la scène et de se contenter de la vice-présidence fut particulièrement “intelligente”.

Alberto Fernandez a réussi à rassembler derrière lui les différents courants du péronisme. “Un jour, Cristina m’a appelé et m’a dit +C’est ton tour+”, a raconté M. Fernandez au dernier jour de sa campagne.

Selon plusieurs experts, ce sera bien lui qui prendra les décisions. “Je ne vois pas une lutte qui mette en danger la gouvernance”, estime Ricardo Rouvier.

M. Fernandez a promis de changer le pays laissé par Mauricio Macri, frappé par une profonde crise économique, avec une inflation de plus de 55%, un taux de pauvreté de 35% et un endettement record.

Alors qu’il avait participé en 2005 à la restructuration de la dette de 10 milliards de dollars avec le Fonds monétaire international (FMI), il va devoir à nouveau négocier avec l’organisme qui a accordé au pays un prêt de 57 milliards de dollars.

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