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Fessenheim: la procédure d’arrêt du second réacteur est déjà lancée

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Fessenheim: la procédure d’arrêt du second réacteur est déjà lancée

La procédure d’arrêt définitif du second réacteur de la centrale nucléaire de Fessenheim a débuté lundi à 16H30, avec quelques heures d’avance sur l’horaire annoncé, un crépuscule célébré comme une victoire par les antinucléaires mais vécu comme un crève-coeur par les salariés et les habitants.

L’opération, similaire à celle qui avait conduit à l’arrêt du premier réacteur le 22 février, devait commencer à 23H30 mais a finalement débuté sept heures plus tôt, a annoncé une porte-parole d’EDF à l’AFP, sans avancer de raison particulière.

La puissance de ce réacteur à eau pressurisée (la technologie qui équipe les 56 réacteurs restants du parc français) de 900 mégawatts va fléchir doucement jusqu’à atteindre 8% de sa capacité, normalement vers 23H30, la centrale étant alors définitivement déconnectée du réseau électrique.

“Et voilà. La baisse de charge démarre… Quelle douleur c’est inhumain ce qui se passe”, a tweeté l’antenne CGT de la centrale.

Installée en bordure du Rhin, près de l’Allemagne et de la Suisse, la plus vieille centrale de France livre ainsi ses derniers watts, point final après des années de remous, de débats et de reports de son arrêt.

– “Une étape, pas un aboutissement” –

“Enfin, sur 58 réacteurs, il y en a un qui ferme”, s’est réjoui Jean-Marie Brom, de l’association “Stop Transports-Halte au Nucléaire”, lors d’une conférence de presse d’associations anti-nucléaires à bord d’un bateau naviguant sur le Rhin, à la frontière entre la France et l’Allemagne. Un lieu “symbole de l’amitié franco-allemande dans la lutte contre les centrales nucléaires”, selon André Hatz, président de Stop Fessenheim.

Les militants anti-nucléaires français et allemands ont prévu de se retrouver en fin d’après-midi sur un pont surplombant le Rhin, mais n’entendent pas se rendre à Fessenheim même, à une dizaine de kilomètres de là, pour “ne pas faire de la provocation”.

La députée européenne écologiste, Michèle Rivasi, a salué “une étape, mais pas un aboutissement”, le calendrier de fermeture d’autres réacteurs n’étant pas fixé.

A Vieux-Brisach, la rive allemande du Rhin, une vingtaine de militants ont attendu le bateau avec des drapeaux jaune et rouge “Atomkraft ? Nein danke” (“L’énergie nucléaire ? non merci”).

Depuis dix ans chaque lundi soir, Cilla, éducatrice retraitée de 73 ans et Gisela, 77 ans, manifestaient au centre de Vieux-Brisach pour réclamer la fermeture de cette centrale, “la plus vieille en France” et “qui avait toujours des problèmes”.

“Nous sommes heureuses qu’elle soit enfin éteinte”, explique Cilla. Mais “le danger est encore là”, souligne Gisela, les anti-nucléaires craignant les conditions de stockage du combustible nucléaire prévu sur le site de Fessenheim pendant au moins trois ans.

Le démantèlement de la centrale s’annonce long : 15 ans sont prévus pour démonter les deux réacteurs, à commencer par l’évacuation du combustible hautement radioactif prévu pour s’achever en 2023.

Le démantèlement proprement dit, inédit en France à cette échelle, devrait débuter à l’horizon 2025 et se poursuivre au moins jusqu’en 2040.

Victoire pour les antinucléaires français, allemands et suisses, dont certains ont milité pendant des décennies contre Fessenheim, cette fermeture suscite au contraire la colère des salariés de la centrale et de la plupart des 2.500 habitants de la bourgade éponyme.

Seuls soixante salariés EDF resteront pour conduire son démantèlement vers 2024. Fin 2017, ils étaient encore 750, auxquels il convenait d’ajouter 300 prestataires.

– Trou d’air économique –

Quant aux habitants de ce village autrefois modeste, ils ont vécu pendant des décennies grâce aux importantes retombées économiques et fiscales de cette installation et craignent un grand trou d’air économique : aucun projet n’est officiellement arrêté pour l’après-Fessenheim.

Fermer la centrale, alors qu’elle “est en bon état de marche et a passé tous les tests de sécurité”, est “absurde et incompréhensible”, s’énerve le maire Claude Brender.

Promesse de campagne de François Hollande en 2012, cette fermeture avait été repoussée à maintes reprises, avant d’être actée en avril 2017.

Comme un clin d’oeil du destin : vendredi matin, le réacteur n°2 a subi un arrêt automatique après un coup de foudre sur des lignes à haute tension proches de la centrale. Il a redémarré sans problème samedi et sera de nouveau éteint lundi soir, trois jours plus tard. Cette fois pour toujours.

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