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Françoise Dorin : l’humour en héritage

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Françoise Dorin : l’humour en héritage

Françoise Dorin était une romancière et une auteure dramatique à succès, qui avait le chic pour toujours entrevoir le côté drôle de n’importe quelle situation.

“On pense que je suis là pour faire sourire, pour faire des choses faciles. C’est vrai. Mais j’aimerais qu’on reconnaisse que la facilité n’est pas facile !”, assurait-elle au Monde en 2002.

Françoise Dorin est morte vendredi quelques jours avant son 9Oe anniversaire à l’hôpital de Courbevoie (Hauts-de-Seine). Son compagnon Jean Piat, 93 ans, l’a accompagnée “jusqu’au bout”, a indiqué à l’AFP son petit-fils, Thomas Mitsinkides.

Élevée dans les cabarets auprès de son père, le célèbre chansonnier René Dorin (1891-1969), elle était aussi une parolière douée.

On lui devait “Que c’est triste Venise” (mis en musique par Charles Aznavour), “N’avoue jamais” (qui représenta la France au concours 1965 de l’Eurovision, chantée par Guy Mardel) et beaucoup d’autres titres interprétés par Juliette Gréco, Dalida, Claude François, Michel Legrand ou Céline Dion.

Il y eut dans les années 70 et 80 un véritable “phénomène Dorin”. Des pièces comme “La facture” (1968), “Un sale égoïste” (1970) ou “Le tournant” (1973) furent jouées un millier de fois chacune. En 1976, elle fit un malheur avec son roman “Va voir maman, papa travaille”.

Pour la seule année 1981, sa pièce, “L’intoxe”, faisait chaque soir salle comble à Paris et son livre “Les lits à une place” a dépassé le million d’exemplaires.

Au total, Françoise Dorin, blonde au sourire généreux et punch à toute épreuve, a écrit plus de 25 romans, empreints de légèreté et de bonne humeur, et une vingtaine de pièces, servies par de grands noms comme Jacqueline Maillan, Edwige Feuillère, Jeanne Moreau, Michèle Morgan, Jean-Claude Brialy, Jacques Dufilho ou Michel Serrault.

Dans ses livres ou son théâtre, elle savait à merveille créer des dialogues et des situations piquantes, vaudevillesques, sans toutefois renoncer à donner son point de vue sur la marche de la société et notamment sur les relations hommes-femmes.

Des critiques ont brocardé son ?uvre qu’ils qualifiaient de “bourgeoise”. Pas du genre à se laisser démonter, elle lança un jour à un journaliste : “Les bourgeois, ce sont des gens qui existent et dont j’espère que vous pensez qu’ils ont le droit d’exister !”.

– “droite saucisson” –

Elle s’opposait, entre autres, au “théâtre intello”, à l’obsession du paraître ou à un certain féminisme. “Je n’aime pas la gauche caviar, disons que je suis de la droite saucisson”, s’amusait-elle à dire.

Mais Françoise Dorin était plus complexe qu’il n’y paraissait. “Va voir maman, papa travaille” est un réquisitoire contre la maternité qui lui fit dire, avec son humour coutumier : “Mais où allons-nous si les auteurs bourgeois se mettent à avoir des idées révolutionnaires ?”. De même, “Les lits à une place” est une critique de la vie conjugale traditionnelle…

Née à Paris le 23 janvier 1928, elle fit ses débuts de comédienne en 1957 au Théâtre des Deux-Ânes dans des revues de chansonniers, auprès de son père, puis sur diverses scènes. Elle écrivit sa première pièce (sous pseudonyme) en 1967, “Comme au théâtre”. En 1969, elle présenta “Paris Club”, une émission de télé où son sens de la répartie faisait merveille.

Les fictions – “Les jupes-culottes”, “La mouflette”, “Les vendanges tardives”, “Le c?ur à deux places” etc – et les pièces – “Si t’es beau, t’es con”, “Monsieur de Saint-Futile”, “Vous avez quel âge ?” etc – allaient se succéder. Elle écrivit aussi en 1986 le livret de la comédie musicale “La valise en carton”, d’après le livre à succès de Linda de Suza.

Divorcée de l’acteur Jean Poiret, avec qui elle eut une fille, Françoise Dorin partageait depuis 1975 la vie de l’acteur Jean Piat.

Elle avait reçu le Grand prix du théâtre 1984 de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) pour “L’étiquette”, récompense qu’elle dut ironiquement partager avec son contraire artistique : Samuel Beckett, dramaturge longtemps d’avant-garde devenu un classique.

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