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Fukushima : où en est le Japon cinq ans après?

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Fukushima : où en est le Japon cinq ans après?
La ville d'Iwaki dans la préfecture de Fukushima, le 27 avril 2011 et le 14 février 2016.

Le 11 mars 2011, le Japon endurait son plus terrible drame depuis la guerre. Cinq ans plus tard, où en est le pays, est-il mieux armé face au risque permanent de séisme et tsunami?

Une vague s'approche de la ville de Miyako, dans la préfecture d'Iwate, à la suite du séisme de magnitude 9 sur l'échelle de Richter, le 11 mars 2011. Photo Reuters
Une vague s’approche de la ville de Miyakovà la suite du séisme de magnitude 9 sur l’échelle de Richter, le 11 mars 2011. Photo Reuters

Question : Rétrospectivement comment les experts analysent-ils les conséquences désastreuses du tsunami meurtrier à l’origine de l’accident nucléaire de Fukushima?

Réponse : les constructions japonaises parasismiques ont montré leur efficacité vis-à-vis du séisme de magnitude 9, mais les protections contre le tsunami étaient notoirement insuffisantes. Les leçons des anciens, qui avaient laissé des stèles signalant le danger, ont été trop ignorées. Quelque 18 500 vies ont été emportées le long de la côte nord-est.

L’accident de Fukushima a quant à lui été qualifié par une commission d’enquête parlementaire de «désastre créé par l’homme». Les risques avaient été sous-évalués et le pays n’a pas su gérer une crise qui le dépassait. «La complaisance, l’absence de remise en cause de la hiérarchie, la collusion et la culture de groupe» sont considérées par Kiyoshi Kurokawa, président de cette commission, comme des raisons sous-jacentes du désastre qui vont conduire trois des ex-dirigeants de la compagnie TEPCO devant les tribunaux.

«Les rôles de l’État et de l’autorité de régulation nucléaire à l’époque doivent aussi être remis en question», estime Yuichi Kaido, l’avocat des plaignants dans cette affaire.

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La ville d’Iwaki dans la préfecture de Fukushima, le 27 avril 2011 et le 14 février 2016.

Q : Cinq ans plus tard, quelle est la situation des personnes évacuées à cause du tsunami ou de l’accident nucléaire, qu’est devenue la zone interdite?

R : Au pire moment, quelque 470 000 personnes des régions sinistrées par le tsunami ont été déplacées, et 182 000 vivent toujours hors de chez elles, dont 100 000 de la seule région de Fukushima, chassées par la contamination due à l’accident nucléaire, selon les données actualisées de l’Agence de la reconstruction.

Plusieurs dizaines de milliers se languissent depuis cinq ans dans des logements rudimentaires préfabriqués. Un tiers environ des habitations détruites ont été reconstruites sur les hauteurs. Quelque 75 % des terres dévastées par le tsunami, mais potentiellement cultivables ont recouvré leur usage, la production industrielle s’est relevée, mais le tourisme (comptabilisé en nuitées) a lui chuté de 35 % dans les préfectures touchées.

Du fait de l’accident de Fukushima, la région est découpée en fonction du niveau de radiation : sept localités (24 100 habitants partis) restent en tout ou partie interdites et inhabitables, sept (22 700 habitants) autorisent la décontamination diurne, mais pas le séjour, onze (23 600 personnes) acceptent le retour bref. L’interdiction d’habitat durable est levée dans seulement trois communes de la zone initialement interdite en 2011.

Q : Des dispositions concrètes ont-elles été prises pour éviter un drame de même ampleur en cas de nouveau tsunami (une menace permanente) sur la côte nord-est ou ailleurs?

R : Les régions potentiellement vulnérables (plus de 950 communes côtières) simulent les désastres pour donner des instructions préalables à la population. Le Japon redoute notamment la probabilité d’une succession de secousses le long de la côte sud (Nankai) qui pourrait tuer 320 000 personnes, anéantir 2,4 millions d’habitations et obliger à évacuer 9,5 millions de personnes.

Quatorze des 47 préfectures (dont Tokyo) ont dû renforcer à cet égard leurs dispositifs antitsunami, par une meilleure information du public et la construction de murs et de sortes de plateformes métalliques de refuge en hauteur. Toutefois, partout, des pavillons sont encore bâtis à seulement quelques dizaines de mètres de l’océan Pacifique et n’ont pas tous reçu la consigne d’être déplacés.

Q : Sur quels critères de sûreté les autorités ont-elles approuvé le redémarrage de réacteurs nucléaires?

R : Des normes plus sévères face aux risques de catastrophes naturelles, attentats et accidents d’avion ont été édictées par une nouvelle Autorité de régulation «qui a des commissaires indépendants et un patron déterminé, mais fonctionne avec le même personnel bureaucratique que la précédente», déplore M. Kurokawa en souhaitant «l’intervention d’experts internationaux».

Les réacteurs arrêtés (tous l’ont progressivement été après le 11 mars 2011) ne peuvent pas redémarrer sans un certificat technique de conformité, qui satisfait le gouvernement et les élus locaux, mais laisse sceptiques les opposants. Certes des murs antitsunami ont été construits, mais l’autorisation de relance repose aussi en partie sur des promesses de travaux d’amélioration. La décision jeudi d’un tribunal d’ordonner l’arrêt de deux réacteurs récemment relancés et divers incidents sont venus conforter l’opinion des écologistes selon laquelle les procédures restent très formelles. Une mission de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a récemment jugé que l’autorité japonaise manquait de compétences techniques.

AFP

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