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“Gilets jaunes”: à trois jours de la mobilisation, l’exécutif annonce des mesures pour calmer la colère

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“Gilets jaunes”: à trois jours de la mobilisation, l’exécutif annonce des mesures pour calmer la colère

A trois jours des manifestations de grogne sociale sur le pouvoir d’achat, l’exécutif monte au front mercredi, Edouard Philippe dès le matin pour annoncer sur RTL des mesures “d’accompagnement” de l’augmentation des taxes des carburants et Emmanuel Macron au 20H de TF1.

Ces dispositions doivent être présentées au Conseil des ministres dont le menu publié mardi soir prévoit une communication sur “l’accompagnement des Français dans la transition écologique”.

Une dernière réunion interministérielle rassemblant les ministères concernés s’est tenue mardi après-midi à Matignon, mais sans les ministres, afin de mettre une dernière main aux mesures prévues, a-t-on appris de source gouvernementale.

Edouard Philippe et plusieurs ministres s’étaient réunis lundi matin. Parmi les mesures envisagées par l’exécutif ces derniers jours: une extension du nombre de bénéficiaires du chèque énergie et un doublement du nombre de primes à la conversion (ex-prime à la casse), à près d’un million d’ici 2022, contre 500.000 initialement prévues.

Matignon et Bercy sont en revanche défavorables à l’idée d’un chèque carburant versé par l’Etat. L’exécutif se contenterait de défiscaliser de l’impôt sur les revenus des aides au carburant que touchent des particuliers, essentiellement dans les Hauts-de-France.

Conscient d’une exaspération qui va au-delà de l’augmentation du prix du carburant, l’exécutif tente de calmer un mouvement protéiforme, non organisé, qui l’inquiète.

L’Élysée a fait savoir mardi, par la voix d’un conseiller, que l’exécutif allait accorder “une attention accrue au quotidien des Français”, tout en jugeant qu’il n’y avait “pas de mobilisation” contre les “réformes structurelles” engagées depuis le début du quinquennat.

“Même si c’est irrationnel, c’est réel”, a estimé mardi le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner à propos du mouvement, en notant qu’avec le repli des cours mondiaux du brut, les prix à la pompe refluent.

“Très peu” d’organisateurs ont déclaré en préfecture les manifestations prévues, s’est-il aussi inquiété, ce qui complique d’autant les pronostics quant à la participation et, selon le gouvernement, fait peser des risques sur la sécurité des personnes.

Ainsi n’acceptera-t-il aucun “blocage total” le 17 novembre, et les forces de l’ordre interviendront le cas échéant, a assuré le ministre.

– “Récupération” –

Du côté de l’opposition, le mouvement oblige les partis à se positionner, parfois au prix de contorsions pour concilier défense de l’écologie et du pouvoir d’achat. D’autant qu’en face, le gouvernement crie à la “récupération politique” par le Rassemblement national de Marine Le Pen et Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan, mais aussi La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon.

Les syndicats n’ont lancé aucun appel à rallier le mouvement mais des militants en seront pour la défense du pouvoir d’achat.

– “Mépris” –

Si Marine Le Pen ne participera pas aux blocages, car selon elle “la place d’un chef de parti n’est pas dans la rue”, elle soutient le mouvement et dénonce, dans Le Parisien de mercredi, “le grand mépris”, “une forme d’hostilité, voire de violence” du gouvernement.

Nicolas Dupont-Aignan, qui va jusqu’à distribuer lui-même, gilet jaune sur le dos, des tracts dans les stations-service, avait dès fin octobre appelé à “bloquer toute la France le 17 novembre”.

Le président des Républicains, Laurent Wauquiez, participera lui à une manifestation dans son département de la Haute-Loire, mais a toutefois bien souligné qu’il n’appelait pas au blocage.

Le chef de file des députés centristes UDI-Agir, Jean-Christophe Lagarde, a demandé mardi au gouvernement de “rendre l’argent” issu des hausses de taxes sur les carburants aux Français, à l’instar d’autres parlementaires.

A gauche François Ruffin (LFI) a exhorté le gouvernement à “rendre l’ISF”, l’impôt sur la fortune supprimé par Emmanuel Macron et le patron de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a souhaité le “succès” de cet “évènement clef”.

Gêné, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure dit “entendre la colère” exprimée. Tout en évoquant les “formes parfois critiquables” du mouvement.

Les écologistes d’EELV, qui défendent la taxe carbone, n’appellent pas à manifester. Mais leur chef de file Yannick Jadot regrette qu’on fasse payer les plus modestes, s’indignant du peu d’effort des constructeurs automobiles, épargnés selon lui par le gouvernement.