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Gilets jaunes : la sécurité, enjeu majeur d’un samedi à haut risque à Paris

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Gilets jaunes : la sécurité, enjeu majeur d’un samedi à haut risque à Paris

L’acte IV de la mobilisation des Gilets jaunes prévu samedi 8 décembre est particulièrement redouté par les forces publiques à Paris après les violences du 1er décembre à l’Arc de Triomphe et alentours.

À l’approche du samedi 8 décembre, date choisie par les Gilets jaunes pour l’acte IV de leur mobilisation, la tension et l’inquiétude sont palpables du côté de l’exécutif.

Jeudi, l’Élysée a ainsi indiqué à l’AFP redouter “une très grande violence” lors de la journée de samedi avec “un noyau dur de plusieurs milliers de personnes [qui viendraient à Paris] pour casser et pour tuer”.

La capitale a été le théâtre de débordements spectaculaires samedi 1er décembre, près de l’Arc de Triomphe notamment. Les forces de l’ordre avaient alors procédé à 412 interpellations, un chiffre jamais atteint pour la seule ville de Paris, selon le ministre de l’Intérieur.

L’exécutif appelle à ne pas manifester à Paris

Mardi, Christophe Castaner, a carrément lancé un appel à éviter toute manifestation à Paris : “j’invite les gilets jaunes raisonnables, ceux qui ne soutiennent pas l’action violente, à se désolidariser des extrêmes et à ne pas se rassembler à Paris samedi prochain”, a déclaré le ministre de l’Intérieur. Le Premier ministre a lui aussi invité les Gilets jaunes à ne pas venir manifester samedi à Paris. Non pour “faire taire leurs revendications”, a-t-il assuré, mais pour éviter d’être “piégés par ceux qui s’organisent déjà pour semer le désordre et le chaos.”

Mercredi, lors du conseil des ministres, le chef de l’État, lui-même, a appelé “au sens des responsabilités de toutes nos parties prenantes” en vue de la mobilisation de samedi. “Le président a demandé aux forces politiques, aux forces syndicales, au patronat, de lancer un appel clair et explicite au calme et au respect du cadre républicain”, selon le compte rendu du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. Quelques heures plus tard devant les députés, Édouard Philippe avait renchéri, en lançant un appel identique à “tous les acteurs du débat public” en insistant : “ce qui est en jeu c’est la sécurité des Français et nos institutions”.

Des appels au calme d’ores et déjà balayés jeudi par le député LFI François Ruffin qui a estimé que “ceux qui jettent de l’huile sur le feu sont ceux qui disent que le cap est bon”.

Le président de LR, Laurent Wauquiez, a en revanche répondu positivement, en soulignant : “On a besoin de paroles politiques qui appellent à l’apaisement.” Le député LR Guillaume Larrivé lui a emboîté le pas en demandant à ses “compatriotes de l’Yonne” de ne pas “monter manifester à Paris samedi”. “Ce qui compte plus que tout, c’est de préserver la paix civile et sauver des vies”, a-t-il souligné.

Pour près de huit Français sur dix (78%), les annonces du gouvernement ne répondent pas aux attentes exprimées par les “gilets jaunes”, selon un sondage Elabe diffusé mercredi. Édouard Philippe a, d’ailleurs, reconnu mercredi que la “colère est demeurée insaisissable et incontrôlable”.

De fait, sur les réseaux sociaux, les mots d’ordre évoquent un renversement des institutions entre “dissolution de l’Assemblée nationale” et “Pot de départ de Macron !”.

De nombreuses inconnues concernant la mobilisation à Paris

Des dizaines d’appels à la mobilisation ont été lancés sur les réseaux sociaux pour une mobilisation samedi à Paris. À l’occasion d’un samedi crucial pour les commerçants à deux semaines de Noël, les Champs-Élysées et la Place de la Bastille revenaient régulièrement comme lieu de rassemblement possible.

L’ampleur de la mobilisation est difficile à prévoir. La colère des Gilets jaunes est, en effet, en passe de s’étendre à d’autres secteurs, la FNSEA ayant annoncé que les agriculteurs allaient eux aussi se mobiliser. La situation est également tendue dans les lycées. Mercredi soir, le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer a d’ailleurs mis en garde contre les incitations à manifester à destination des lycéens, affirmant qu’elles sont “une incitation à courir un danger grave”.

Syndicats de police et pouvoirs publics redoutent surtout samedi à Paris une convergence des activistes d’ultra-droite et d’ultra-gauche avec les Gilets jaunes les plus violents. Parmi les 99 prévenus jugés en comparution immédiate lundi et mardi, toutefois, la plupart n’avaient pas le profil du casseur professionnel et d’activistes d’ultra-droite ou d’ultra-gauche. Treize personnes ont été mises en examen à ce stade pour le saccage de l’Arc de Triomphe.

Changement de stratégie pour le dispositif de sécurité

Après les débordements de samedi dernier à Paris, plusieurs milliers de policiers et de gendarmes seront déployés sur le terrain samedi 8 décembre dans la capitale. Il est ainsi prévu de mobiliser à Paris et dans les départements limitrophes 100 % des brigades de police-secours, ainsi que la police des transports, de rappeler les brigades anti-criminalité et “de contact”, dit-on de source syndicale. Il en sera de même des compagnies de sécurisation et d’intervention (CSI) de la préfecture de police de Paris. Toujours selon une source syndicale, à l’échelle du pays, 55 des 60 compagnies de CRS déployées en métropole seront mobilisées.

Mais au-delà du renforcement des effectifs, c’est surtout le mode opératoire qui doit être revu, le dispositif du samedi 1er décembre ayant été jugé, y compris en interne, trop statique et trop consommateur en effectifs au vu du périmètre et de l’efficacité. Sans dévoiler les détails du nouveau dispositif, le ministre de l’Intérieur a souligné travailler notamment sur la “mobilité extrême” des casseurs et “l’appel croissant à la violence sur certains réseaux sociaux”.

Christophe Castaner a aussi déclaré mardi au Sénat que l’accent serait mis à la fois sur la mobilité et la fermeté des unités déployées, pour mettre en échec les casseurs eux-mêmes. “Aux factieux, aux casseurs, je veux dire que nous leur ferons face et nous serons intraitables”, a déclaré, sur la même ligne le Premier ministre, Édouard Philippe, le lendemain à l’Assemblée nationale.

Le recours à l’armée envisagé

Des responsables syndicaux de la police ont fait part de leur inquiétude alors que “des appels à la violence contre des policiers circulent sur les réseaux sociaux”, selon la Police nationale. Certains syndicats comme le syndicat des commissaires de la police nationale réclament le soutien de l’armée. Une piste qui n’est pas écartée. Ainsi, selon des sources proches des forces de l’ordre, des militaires, notamment du dispositif Sentinelle contre le terrorisme, pourraient être mis à contribution pour assurer la garde statique de sites administratifs et institutionnels. Cette mesure, à laquelle les armées sont traditionnellement réticentes parce que pas formées au maintien de l’ordre, permettrait de dégager des policiers supplémentaires. Mais rien n’est acté à ce stade.

En vue de samedi, la maire de la ville de Paris Anne Hidalgo doit être reçue avec les maires d’arrondissement jeudi après-midi par le préfet de police pour faire le point sur le dispositif de sécurité. Une marche pour le climat, également prévue samedi à Paris, suscite notamment l’inquiétude, les autorités redoutant qu’elle soit “infiltrée par des casseurs”. En début de semaine, le ministre de l’Intérieur avait invité les initiateurs de la marche à “ne pas la maintenir”.

Signe de l’enjeu politique de la mobilisation de samedi et de ses éventuels dommages collatéraux, tant du côté de l’exécutif que du côté des Gilets jaunes, Emmanuel Macron, qui ne s’est pas exprimé publiquement depuis son retour du G20 dimanche 2 décembre, n’a pas prévu de le faire avant samedi “inclus”, a indiqué jeudi son entourage.

Avec AFP et Reuters

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