Home Pure Info Grotte, bus abandonné: les déplacés d’Idleb improvisent des abris de fortune

Grotte, bus abandonné: les déplacés d’Idleb improvisent des abris de fortune

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Un bus rouillé aux vitres cassées sur un terrain planté d’oliviers: c’est le seul refuge qu’Oum Joumaa et ses six enfants ont pu trouver après avoir fui les bombardements du régime et de son allié russe dans le nord-ouest de la Syrie.

“Ma maison a été visée une première fois, puis une seconde”, raconte cette quadragénaire, qui habitait dans le nord-ouest de la province de Hama et dont le mari a été tué par un tir d’artillerie il y a sept mois.

Avec ses enfants, elle a fui plus au nord, pour arriver à Birat Armanaz, une localité de la province voisine d’Idleb. Ils ont passé les premières nuits dehors, protégés par les seules ramures des oliviers, avant de découvrir le bus abandonné, il y a trois mois.

Avec quelques affaires emportées à la hâte, elle s’est fait son chez-elle. Pas d’évier, pas de frigidaire, pas de lit. Mais des bassines, des bidons, une glacière. Des coussins et des couvertures. Des draps servent à délimiter l’espace, offrir un peu d’intimité.

– “Peur du froid” –

Les jeunes s’occupent avec les moyens du bord. Maram, 10 ans, s’installe derrière le volant et imite les gestes d’un chauffeur. Puis sa grande soeur Aisha, 12 ans, prend sa place, prenant sur ses genoux son frère Mohamed, trois ans. Plus tard, les enfants font une ronde devant leur logis de fortune.

Fin avril, le régime et son allié russe ont intensifié leur campagne de bombardements contre la province d’Idleb et plusieurs secteurs aux mains des jihadistes dans les provinces voisines de Hama, Alep et Lattaquié.

A l’image de la famille d’Oum Joumaa, plus de 400.000 personnes ont été déplacées par ces violences, d’après l’ONU. Des villes et des villages entiers ont été vidés de leurs habitants, selon la même source.

Depuis le 31 août un cessez-le-feu a été décrété par Moscou mais celui-ci reste fragile.

Abou Ahmad, 49 ans, s’est aussi retrouvé sans logement. Il a lui décidé d’habiter dans une grotte dans le village de Kafr Lusin, près de la frontière turque, où il a trouvé refuge avec sa famille il y a trois mois.

“J’avais creusé une grotte à Termala (dans la province d’Idleb, ndlr), où nous avions une maison. On s’y réfugiait quand il y avait des bombardements”, raconte-t-il à l’AFP.

A Kafr Lusin, ce père de trois enfants a d’abord vécu dans une tente mais par “peur du froid” il a opté pour la grotte. “Une tente ne vous protège pas, ni en été, ni en hiver”, estime-t-il.

Des couvertures et des tapis ont été disposés sur le sol pour rendre l’espace plus habitable. Mais Abou Ahmad veut agrandir la grotte pour y être plus à l’aise avec sa famille.

– “C’est ça notre vie” –

Aidée de son fils, il casse la roche à l’aide de gros clous et d’un maillet. Ensemble, ils remplissent des sceaux de morceaux de pierre qu’ils vident ensuite à l’extérieur.

Des gouttes de sueur perlent à son front. Il se sert à boire à un jerrican d’eau accroché sur une paroi, avant de reprendre le dur labeur.

Dans ses moments de pause, l’homme à la barbe grisonnante s’allonge, la tête posée sur ses sandales en guise d’oreiller, ou sirote un thé préparé par son fils.

“Nous avons passé notre vie à travailler (…) et à construire, et voilà qu’en un instant, des avions ont tout détruit avec leur missile. Tout”, déplore sa femme, Oum Ahmad, en parlant de sa maison de Termala détruite dans les bombardements.

Dans la grotte, trois fois rien: quelques ustensiles de cuisine et des bocaux de cornichons et d’épices.

“Regardez autour de vous: c’est ça notre maison aujourd’hui, c’est ça notre vie”, lance Oum Ahmad, pointant du doigt les parois sombres de la grotte.

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