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Guyane: affrontements à Cayenne en marge de la visite de Macron

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Guyane: affrontements à Cayenne en marge de la visite de Macron

Plusieurs heures d’affrontements à Cayenne entre forces de l’ordre et manifestants réclamant que l’Etat tienne ses promesses ont marqué jeudi soir le premier jour de la visite en Guyane d’Emmanuel Macron.

Le président, qui a averti dès son arrivée qu’il n’était pas venu en “Père Noël”, devait tenir une conférence de presse à 08H00 (13H00 à Paris) à Cayenne avant de se rendre à Kourou pour une visite du centre spatial.

Cinq personnes ont été interpellées lors des affrontements de la nuit, a indiqué le procureur Eric Vaillant à l’AFP. Un gendarme mobile et un policier ont été légèrement blessés.

Pendant plusieurs heures, les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes destinés au départ à disperser un rassemblement devant la préfecture de Guyane de manifestants du collectif Pou Lagwiyann dékolé (Pour que la Guyane décolle).

De leur côté, des jeunes souvent cagoulés ont lancé des cocktails Molotov et des projectiles, notamment aux abords du commissariat. Des poubelles ont été incendiées, a constaté une journaliste de l’AFP.

Le chef de l’Etat était arrivé en Guyane à la mi-journée dans un climat tendu, six mois après un mouvement social qui a paralysé ce territoire français en Amérique du Sud.

Première étape : Maripasoula (sud-ouest, à la frontière fluviale du Surinam), la plus vaste commune de France, soumise à une très forte pression migratoire. “Je ne suis pas le Père Noël parce que les Guyanais ne sont pas des enfants”, a-t-il aussitôt averti.

“L’Etat a fait trop de promesses qui n’ont pas été tenues. Donc je suis là pour dire les choses en vérité telles que je les vois, prendre des engagements que je saurai tenir durant mon quinquennat, et aussi assurer les éléments d’autorité indispensables sur ce territoire”, a déclaré M. Macron.

Face à une population porteuse de grandes attentes, et par une très forte chaleur, le président s’est efforcé de répondre à toute les questions, sur l’orpaillage, la demande d’un futur lycée, d’un hôpital, ou encore d’une route jusqu’à Cayenne.

– Engagements tenus, “pas plus, pas moins” –

On “n’a pas besoin de Père Noël, on a besoin d’un gouvernement qui se rende compte qu’en Guyane rien ne va”, a réagi David Riché, président de l’Association des maires de Guyane, interrogé par franceinfo.

Rendant compte sur son compte Facebook d’une réunion de travail “en demi-teinte” avec le chef de l’Etat, il a expliqué: “Sur certains points on a eu gain de cause, surtout sur le volet immigration, sécurité, minima sociaux”.

Mais “le plan qui a été annoncé par le précédent gouvernement, je crois qu’il ne sera pas totalement respecté par celui-là, notamment sur le deuxième volet, sur le plan additionnel de 2 milliards d’euros”, a précisé M. Riché.

Dans l’accord de Guyane du 21 avril, l’ancien gouvernement avait acté un plan d’urgence de 1,08 milliard d’euros, signé des accords sectoriels et “pris acte” d’une demande de 2,1 milliards d’euros de mesures supplémentaires.

“L’engagement de l’État d’1,1 milliard pour la Guyane sera tenu”, a souligné Emmanuel Macron, en ajoutant: “les engagements seront tenus, pas plus, mais pas moins!”

Dans l’après-midi, une marche à l’appel du collectif Pou Lagwiyann Dékolé avait rassemblé dans le calme plus d’un millier de personnes à Cayenne pour demander le respect de cet accord.

Réclamant un rendez-vous avec le chef de l’Etat, les manifestants se sont ensuite rassemblés devant la préfecture où ils ont écarté une première série de barrières pour se rapprocher du bâtiment.

Les manifestants ont réclamé de voir M. Macron dès la soirée, plutôt que vendredi matin comme le proposait l’Elysqée, et la tension est ensuite montée.

M. Macron “n’a aucun respect pour nous”, a déclaré Davy Rimane, membre du collectif.

Les Grands frères (émanation du mouvement des 500 frères très actif lors du mouvement) avaient demandé jeudi aux commerçants de Cayenne et aux administrations de fermer leurs portes pour une opération ville morte. Une nouvelle manifestation est prévue vendredi matin.

Le chef de l’Etat, accompagné dans son déplacement par le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et plusieurs ministres, est attendu dans la matinée au Centre spatial de Kourou, vitrine de l’économie guyanaise et symbole d’inégalités sociales alors que d’autres communes n’ont ni électricité ni eau courante.

A 7.000 km de Paris, le territoire de 83.000 km2 pour environ 254.000 habitants, cumule les difficultés: immigration clandestine massive, insécurité croissante, communes enclavées, services de santé défaillants, système scolaire inadapté, taux de chômage très élevé (23%).

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