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Héritage Hallyday: avec le testament, “on mesure la valeur qu’on a”

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Héritage Hallyday: avec le testament, “on mesure la valeur qu’on a”

Avec un testament, comme celui de Johnny Hallyday, contesté par son fils et sa fille aînée, un enfant “mesure la valeur” qu’il a aux yeux de son père, estime Alberto Eiguer, psychiatre et spécialiste des thérapies familiales, directeur de la revue “Le Divan familial”.

Q: Se retrouver en conflit devant un tribunal au sujet d’un testament, c’est un échec?

R: “On peut le dire. Parce qu’il me paraît qu’on peut se faire conseiller, trouver une solution, avant de s’en remettre aux juges. Bien sûr, le dialogue dans une famille est un exercice difficile. Mais le principal, dans toute famille, reste le lien humain et les valeurs qu’il porte. Il ne faut pas que l’argent l’abîme, ni qu’il soit le pourvoyeur ou le déclencheur de la haine. Cette haine peut faire très mal. Plus d’un en a perdu la vie. Heureusement, nous avons beaucoup avancé en tant que société, avec un droit qui essaie d’être plus équitable entre enfants légitimes et naturels, entre enfants biologiques et adoptés. La loi doit être facteur d’apaisement.”

Q: L’affaire de l’héritage de Johnny Hallyday est très médiatisée. Mais est-elle si exceptionnelle?

R: “Autour d’un héritage, même des familles qui sont paisibles peuvent se déchirer, et pour toujours. Quand l’héritage est l’objet d’un document, le testament, on mesure la valeur qu’on a pour le parent décédé: s’il nous aime, ou nous a aimé, et quel est le destin qu’il voit pour nous. Léguer à un ou des enfants plutôt qu’à d’autres peut signifier beaucoup de choses. Cela peut être que le parent pense qu’on ne sera pas capable de gagner sa vie, ou à l’inverse que l’on peut faire quelque chose de bien de l’héritage, le faire fructifier. Et cela peut engendrer des conflits énormes, basés sur la rivalité, voire la haine.”

Q: Et être déshérité, comment peut-on le prendre? Est-ce être nié dans son existence?

R: “C’est un désaveu. Ce serait trop fort de dire qu’on est nié dans son existence, mais c’est le révélateur de conflits, plus ou moins enfouis. J’ai en tête des exemples de divorce mal assumé: je te fais payer, mon enfant, ce que m’a fait subir ton père ou ta mère. Dans ce cas apparaît la toute-puissance que s’arroge le légataire, qui se pense capable de refaire l’histoire, de déterminer le bien et le mal, de régler par-delà la mort des conflits vieux parfois de 50 ans. Mais dans tous les cas de figure, les gens se déchirent parce qu’ils sont d’abord malheureux de la disparition. On préfère être en colère que de sentir toute la peur que suscitent la mort, l’absence et la solitude.”

(Propos recueillis par Hugues HONORE)

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