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Hirokazu Kore-Eda, bouleversant chroniqueur des liens familiaux

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Hirokazu Kore-Eda, bouleversant chroniqueur des liens familiaux

Auteur de poignantes chroniques familiales, le Japonais Hirokazu Kore-Eda, Palme d’or du 71e Festival de Cannes, a bâti une oeuvre intime, mettant en lumière des “gens ordinaires” comme chez Ken Loach, qu’il admire.

Sélectionné cinq fois en compétition, et plusieurs fois distingué, ce grand habitué de Cannes a fini par remporter la récompense suprême pour “Une affaire de famille”, son treizième long métrage.

L’histoire d’un clan familial aux liens opaques, qui chaparde dans les magasins (le film s’intitule “Shoplifters” en anglais). Cette tribu, un soir, recueille une fillette maltraitée et s’improvise en famille recomposée.

“La famille, est-ce les liens du sang ou le fait de passer du temps ensemble ?”, ne cesse de s’interroger le cinéaste. Sans avoir trouvé la réponse.

Fin chroniqueur des liens du sang et du coeur, Kore-Eda, 55 ans, est l’auteur d’une oeuvre cohérente mêlant veine sociale et description des rapports familiaux, malgré des incursions dans le film de procès (“The Third Murder”) et des débuts dans le documentaire.

Né à Tokyo en 1962, il est diplômé de la prestigieuse université Waseda. Après des débuts à la télévision, il passe à la réalisation en 1995, avec “Maborosi”, remarqué au Festival de Venise.

Dès 2001, il est en lice pour la Palme d’or avec “Distance”, qui évoque un massacre collectif commis par une secte et ses conséquences sur les proches des victimes.

Il lui faudra attendre encore trois ans pour que les cinéphiles retiennent son nom avec “Nobody Knows” (2004), qui le sort définitivement de l’ombre. Le film raconte l’histoire de quatre frères et soeurs abandonnés à leur sort dans un appartement déserté par leur mère.

Là encore il s’inspire d’un fait divers, comme souvent chez lui. Yuya Yagira, qui interprétait l’aîné de cette fratrie, deviendra, à 14 ans, le plus jeune comédien à obtenir le prix d’interprétation masculine.

– Famille de cinéma –

Le style de Kore-Eda — son ton mélancolique et sa grande tendresse envers les enfants — fait des merveilles dans ce film qui le fait découvrir. “Les enfants ont des réactions toujours inattendues, c’est intéressant à filmer”, explique celui qui aime s’attarder sur leurs gestes et leurs regards.

Viendront ensuite “Still Walking” (2008), sur le deuil, “I wish” (2011), sur deux frères, “Tel père, tel fils” (2013), Prix du Jury au Festival de Cannes, qui interroge, déjà, sur les liens du sang et a longtemps été considéré comme son chef d’oeuvre, “Notre petite soeur” (2015), sur l’irruption d’une demi-soeur dans une famille, et “Après la tempête” (2016).

La plupart ont été présentés sur la Croisette. “Les festivals internationaux ne sont pas un objectif en soi, mais le moyen de faire connaître des films à beaucoup de gens”, souligne le cinéaste.

Son style l’a fait comparer au géant du cinéma japonais, Ozu. Un compliment qu’il savoure poliment, même s’il se dit plutôt proche de Ken Loach, pour sa façon de “sublimer des personnages ordinaires”.

Film après film, Kore-Eda s’est aussi construit une famille de cinéma, avec la grande actrice japonaise Kirin Kiki, qui joue souvent des grand-mères malicieuses devant sa caméra, et Hiroshi Abe, comédien vu dans “Still Walking” et “Après la tempête”. “Nous sommes à peu près de la même génération, avec des parcours qui se suivent, nous avons fait un film dans la quarantaine, un film dans la cinquantaine, et peut-être un autre dans la soixantaine…”, a affirmé Kore-Eda.

“Après la tempête” où il évoque la figure de son père, un joueur invétéré: “Du temps où il était en vie, je le détestais, mais depuis qu’il est mort, je regrette de ne pas avoir plus parlé avec lui”, souffle le réalisateur. A l’écran pourtant, Kore-Eda semble moins mélancolique que par le passé, ce qui ne l’empêche pas de toujours toucher au coeur.

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